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Gérer les problèmes d’eau

par laurence

C’est généralement au cœur de la saison que les clients poussent la porte des points de vente pour expliquer qu’un problème d’eau affecte leur piscine. Ils attendent du professionnel une solution immédiate. Nous avons listé les pathologies les plus fréquentes ainsi que les solutions pour retrouver une eau claire.
Texte : Michel Dupenloup

pathologie eau piscine

Une eau de plus en plus verte (pourtant riche en chlore)

Le chlore est bloqué par un excès de stabilisant. C’est un grand classique de l’été et vous y êtes confronté chaque année. Un client vient vous voir et vous explique que malgré des chlorations chocs, l’eau de sa piscine passe inexorablement du vert clair au vert épinard. L’analyse de l’eau démontre pourtant que l’eau est riche en chlore. Alors que se passe-t-il ?

La réponse est à chercher dans les chlores utilisés. En effet, les chlores les plus utilisés sont des chlores organiques de synthèse stabilisés, avec l’acide cyanurique, et commercialisés en galets, en pastilles (trichloro) ou en granulés (dichloro). Ils sont très efficaces, pratiques, se conservent d’une année sur l’autre et l’acide cyanurique les protège d’une destruction trop rapide par les UV. Cet acide cyanurique, pourtant si utile, est le responsable du problème.

Une eau qui devient plus verte malgré les traitements : un grand classique de l’été.

Le rôle de ce stabilisant :
Les chlores non protégés, les hypochlorites, sont rapidement rendus inactifs par les UV. Ainsi, après seulement 3 heures d’exposition au soleil, il peut rester moins de 5 % de chlore disponible avec ce type de produit. Avec un chlore stabilisé, dans les mêmes conditions, le chlore disponible sera de 60 % à 70 % selon la concentration en acide cyanurique. L’acide cyanurique, à raison d’une concentration à 25-30 mg/l, assure une bonne protection du chlore. Malheureusement ce stabilisant fort utile a un défaut : il ne se dégrade pas dans l’eau et chaque nouvel apport augmente sa concentration dans l’eau du bassin. Lorsque cette concentration atteint 75 mg par litre, il y a un début de blocage de l’action du chlore. Plus cette concentration va augmenter, au fil des adjonctions, et plus le chlore sera inactif. On constate alors une concentration très élevée de désinfectant dans l’eau alors que son efficacité est devenue inopérante, et de ce fait l’eau continue à verdir. Le réflexe habituel de l’utilisateur est alors de continuer à mettre du chlore afin de tenter de retrouver une belle eau. C’est pourquoi Il n’est pas inhabituel de constater lors d’une analyse une concentration de l’ordre de 200 voire 300 mg/l de stabilisant alors qu’elle ne devrait pas dépasser 75 mg/l.

stabilisateur chlore piscine

Le chlore stabilisé, pratique et très utile, a un défaut : le stabilisant qu’il contient ne se dégrade pas dans l’eau.

Que faire ?

La première solution, la plus radicale, est de déconcentrer en évacuant une partie importante de l’eau (parfois jusqu’à 50 % ou même plus). Si cette action permet de retrouver rapidement une concentration en stabilisant optimale, cette option présente malgré tout un inconvénient majeur : celle de baisser brutalement la température de l’eau de baignade bien en dessous des 20 °C alors que tout le monde profite enfin d’une température d’eau agréable. Les utilisateurs de la piscine ne vont pas forcément apprécier !

Il existe heureusement des alternatives :

1. La concentration en stabilisant est inférieure à 150 mg/l. Dans ce cas, il est possible pour votre client de continuer à traiter sa piscine au chlore jusqu’à la fin de la saison en utilisant un chlore non stabilisé, hypochlorite de calcium, conditionné pour être utilisé en désinfection régulière (exemples : stick hth, CTX Hypocal Sticks, etc.). Attention toutefois à bien le prévenir afin qu’il laisse impérativement les galets de chlore stabilisé fondre complètement avant de passer aux sticks, car il faut éviter tout contact entre eux. La saison prochaine, avant la remise en route, il sera temps de vider une partie de l’eau afin de retrouver une teneur en stabilisant adéquate.

2. La concentration en stabilisant est supérieure à 150 mg/l. L’alternative consiste alors à utiliser une formulation de traitement qui ne contient pas de chlore (un chlore même non stabilisé sera bloqué) ou de brome. L’oxygène actif accompagné d’un produit rémanent compatible (algicide concentré) est une solution efficace.##img9410##

Les sticks d’hypochlorite de calcium permettent de continuer à traiter la piscine au chlore, jusqu’à la fin de la saison, si la concentration en stabilisant est inférieure à 150 mg/l.

Mode d’emploi

Pour rattraper une eau verte, la dose à employer sera plus élevée (voir encart ci-dessous). Le traitement sera suivi, une fois les algues détruites, par l’application à la surface de l’eau d’un floculant liquide (dilué) et réparti le plus régulièrement possible. L’eau devenue laiteuse retrouvera ainsi en 1 ou 2 jours toute sa transparence, l’ensemble des algues détruites ayant “précipité‿ au fond du bassin. Il convient alors d’évacuer ce dépôt “nuageux‿ en utilisant un aspirateur manuel à roulettes afin de ne pas troubler l’eau.

En entretien, on continuera chaque semaine ce traitement à l’oxygène actif, produit qui n’est pas affecté par la présence excessive d’un stabilisant chlore.

L’action impressionnante de l’oxygène actif.

Posologie pour 10 m³ d’eau :

Oxygène actif liquide (peroxyde d’hydrogène).
– En choc et eau verte : 1 litre
– En entretien : ¼ de litre chaque semaine

Oxygène actif solide (monopersulfate de potassium).
– Eau verte : 200 g
– Choc et entretien : 100 g

En cas d’eaux vertes, l’utilisation d’un algicide concentré curatif (polymère) est toujours nécessaire.

 

Des algues difficiles à éliminer dans certaines régions du bassin

C’est également un grand classique en saison : dans certaines parties du bassin, très souvent les angles, des foyers d’algues persistent et restent difficiles à éliminer. La cause ? Vraisemblablement un filtre encrassé qui ne peut plus remplir efficacement sa mission en permettant un brassage de l’eau optimum. La solution la plus simple : détartrer en profondeur le filtre avec un produit adapté (ACTI Nettoyant Filtre, hth Filterwash, Netafilter CTX 57, Chemoform Filter Net Liquide, etc.) afin de le rendre à nouveau pleinement opérant. Cette action permettra de retirer l’ensemble du calcaire qui, faisant obstacle au passage de l’eau, engendre des pressions élevées dans le filtre, et donc des pertes de débit et un brassage de l’eau moindre. Une fois le filtre détartré, votre client constatera avec plaisir qu’il bénéficiera d’une belle eau tout en réalisant moins de traitements choc et en consommant moins de produits anti-algues. Bref vous lui aurez rendu cette piscine 100 % plaisir et vous aurez fait montre de votre professionnalisme.

Des algues difficiles à éliminer même en frottant

Cette situation est symptomatique d’algues qui sont incrustées dans le calcaire présent sur les parois du bassin. La solution ? Baisser ponctuellement le pH en dessous de 6,5. L’eau devenue acide, donc agressive pour le calcaire, va le dissoudre. On utilisera alors un produit séquestrant du calcaire (Acti Anti-calcaire, hth Stop-Calc, CTX 50 détartrant surface), puis on frottera les algues afin de pouvoir les éliminer lorsqu’elles se seront déposées en fond de bassin avec un aspirateur, avant d’effectuer un traitement choc. On laissera agir 24 h et on remontera le pH à la valeur désirée, entre 7,0 et 7,2.

Le calcaire déposé sur le bassin rend les algues difficiles à éliminer. L’utilisation d’un séquestrant calcaire est alors la solution.

Après un traitement choc, l’eau devient vert fluo et redevient bleue

Cette “pathologie‿ révélée après un traitement choc est symptomatique de la présence de cuivre dans l’eau. Même si après un “épisode vert fluo‿, l’eau redevient bleue, du cuivre est toujours bel et bien présent dans l’eau. Oxydé par les traitements désinfectants, il ne tardera pas à colorer l’eau à nouveau. La solution : traiter avec un produit séquestrant métaux (Acti Expert Métal’Fix, hth Métalstop…).

Séquestrant métaux.

Séquestrant métaux.

Conclusion : soigner la filtration

Sans avoir la prétention d’être exhaustif, ce dossier met en avant les problèmes les plus courants que vos clients rencontrent durant la saison. L’occasion de rappeler qu’une grande partie de ces problèmes serait évitée avec une filtration performante, en durée et en qualité. C’est le gage de l’optimisation de l’efficacité des produits de traitement utilisés. Un filtre propre c’est moins de produits utilisés, moins de stabilisant dans l’eau, et une eau bien brassée soit 80 % des problèmes évités. C’est pour votre client une piscine “plaisir‿ durant toute la saison et les économies qu’il ne va pas manquer de réaliser, il sera prêt à les investir chez vous en équipements pour son bassin : traitements automatiques (électrolyse, UV, etc.), robots, éclairages led… Alors lorsqu’il vous rend visite, n’hésitez pas à le questionner sur son filtre, sur la date de son dernier nettoyage complet et sur l’ancienneté du média filtrant. La réponse à son problème se cache probablement dans son filtre ou dans l’utilisation qu’il en fait.

 

Merci à Xavier DAROK, responsable produits de traitement SCP Europe, qui nous a apporté le concours de son expérience pour la réalisation de ce dossier.

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