Créée en 1976, l’association Qualisport accorde des titres « de qualification » aux entreprises du secteur « sports et loisirs ». Les lauréates se voient ainsi reconnaître leur technicité et leur professionnalisme pour une durée de deux ans. Un atout pour les appels d’offres publics comme pour les commandes privées. Romain Garnier, Délégué Général de Qualisport, nous détaille la procédure.
Quelle est la différence entre un organisme de certification et de qualification ?
La certification constitue le stade ultime, avec des vérifications sur le terrain. La qualification prévoit uniquement un contrôle documentaire et atteste d’une compétence pour une prestation donnée. Chez Qualisport, nous réalisons tous les ans dix à douze audits sur le terrain, même ce n’est pas obligatoire dans le cadre d’une qualification.
À quoi sert une qualification ?
Elle permet de rassurer des donneurs d’ordres concernant les moyens financiers, la qualité des effectifs et du matériel, l’expérience et les garanties professionnelles (assurances, qualifications…) d’un fournisseur. Elle peut faire partie des documents demandés aux candidats d’un marché public. Pour certains, c’est une confirmation de fiabilité, pour d’autres une reconnaissance. Pour le client final, il s’agit d’une garantie de rencontrer moins de problèmes durant le chantier. Le contrôle du volet assurances est sur ce point très important.
Comment fonctionne Qualisport ?
Notre association est reconnue par le ministère des Sports. Elle compte 146 structures qualifiées pour 130 qualifications possibles, dans 9 activités distinctes : aires et sols sportifs, bâtiments sportifs, piscines familiales et collectives, patinoires, skateparks et aires de glisses, aires ludiques, matériels sportifs, programmation et ingénierie, entretien et maintenance.
À la suite de l’opération « 1 000 piscines » (campagne visant à multiplier les piscines publiques dans le pays, découlant des mauvaises performances des athlètes français lors des J.O de 1968 à Mexico et de deux accidents dramatiques survenus l’été suivant), les professionnels du secteur, dont un syndicat de pisciniers, se sont entendus en 1976 pour créer Qualisport. Dans notre conseil d’administration siègent des spécialistes de la filière sports et loisirs. Il s’agit de représentants de la maîtrise d’ouvrage, du mouvement sportif, des fédérations professionnelles, des dirigeants d’entreprises.
Nous travaillons avec des jurys et experts indépendants qui examinent des « qualifications » demandées par les candidats, qu’ils accordent ou refusent. Il s’agit de personnes faisant partie de l’écosystème de Qualisport, de fédérations sportives, d’entreprises et d’organismes de contrôle ayant pignon sur rue.
Qualisport répond aux exigences de la norme NFX 50-091, relative aux organismes de qualification de fournisseurs.
Sur quoi repose la qualification ?
Sur des exigences administratives, juridiques, financières, matérielles et techniques.
Le dossier de candidature comprend la présentation de l’entreprise, c’est à dire le nom des représentants légaux, des filiales et agences, son adresse et statut juridique, un Kbis, les règles de conduite et d’engagement du représentant légal. Le candidat doit également démontrer sa capacité à engager des travaux en communiquant son chiffre d’affaires global et sport et loisirs, son bilan, des attestations de régularité fiscale et d’assurance. Le volet capacité à réaliser les ouvrages est renseigné par un organigramme de la société, la description des locaux, des équipements et des moyens matériels dont elle dispose.
Pour prouver ses compétences sur chaque qualification demandée, l’entreprise doit produire des attestations originales et signées par les maîtres d’ouvrage ou les maîtres d’œuvre de chantiers déjà exécutés. Elle doit disposer d’un personnel d’encadrement, d’exécution, de coordination des travaux, de moyens d’études techniques internes ou externes adaptés à la qualification demandée et employer au moins un technicien ayant plus de deux ans d’expérience. Elle fournit en outre toutes les certifications, labels, attestations de travaux, certificats de capacité et témoignages de clients dont elle peut se prévaloir.
Combien de temps dure une qualification et quel est son coût ?
Chaque qualification doit être renouvelée tous les deux ans. Nous assurons un suivi annuel pour tout ce qui touche à la partie administrative, notamment les assurances. Le coût varie de 900 € HT à 5 000 € HT en fonction du chiffre d’affaires du candidat, et ce quel que soit le nombre de qualifications demandées.
Qui sont vos clients ?
Le profil moyen du qualifié Qualisport est une entreprise réalisant un chiffre d’affaires de 6,3 M€ et demandant au moins quatre qualifications. 33 % des entreprises qualifiées Qualisport sont des TPE, 7 % des ETI, 57 % de PME. Nous voyons arriver de plus en plus d’acteurs sur le marché de la piscine, particulièrement dans l’hôtellerie de plein air. Les villages de vacances et les campings s’équipent de centres nautiques de plus en plus sophistiqués et ont besoin de fournisseurs possédant une forte expertise.
Quelles sont les spécificités du secteur de la piscine ?
Nous sommes ici sur des ouvrages nécessitant de vrais savoir-faire. Gérer toutes les contraintes techniques, rester à la pointe de l’innovation est à la fois très difficile et impératif. D’où la nécessité de qualifications pour sécuriser les clients et se distinguer de la concurrence. Sur l’activité « piscines familiales et collectives », les candidats se positionnent en moyenne sur sept à huit qualifications, sur un total de dix qualifications possibles dans la piscine familiale et dix-huit en collectives.
Quelles sont vos relations avec le ministère des Sports ?
Nous avons signé notre première convention avec le ministère des Sports en 1978. Nous ne bénéficions pas de subvention, mais nous sommes présents à la Commission Nationale de Sécurité des Équipements Sportifs. Des représentants du ministère siègent à notre Conseil d’Administration.
Comment va évoluer Qualisport ?
À l’automne 2024, notre prochaine Assemblée Générale votera un plan triennal qui portera sur une triple inflexion, avec le renforcement de la prise en compte de l’accessibilité des piscines et équipements sportifs, la valorisation des efforts en matière de développement durable et la formation du personnel.
Propos recueillis par Gérard Tur