Interview de Karine Bordes, Gaches Chimie
Quelle a été votre réaction lors de l’annonce du confinement et comment avez-vous organisé votre activité ?
C’était une situation inédite à laquelle personne ne s’attendait. Heureusement, en 2009, nous avions rédigé un plan de continuité lié à la grippe H1N1. Nous avons repris ce plan et l’avons adapté. Cela nous a permis dès le début de mettre très rapidement en place tout ce qui avait été écrit et de l’appliquer.
Cela nous a aussi permis de rebondir en nous lançant, entre autres, dans la fabrication de gel hydroalcoolique pour nos collaborateurs. Comme nous sommes producteurs et fournisseur de produits chimiques de base pour l’industrie, nous avions déjà tous les composants nécessaires dans nos cuves. Une fois chaque collaborateur équipé de son gel, nous avons reçu des demandes des clients. La demande a été tellement forte que sa production nous a un peu dépassés. Nous avons donc dû trouver des partenaires pour le conditionner, ce qui nous a permis d’augmenter le volume de production à 90 000 litres par semaine. Nous réfléchissons maintenant à enregistrer ce gel dans notre catalogue de produits parce que nous pensons que l’hygiène va faire partie de notre quotidien dans le futur. Nous en avons profité pour renforcer notre communication sur la bonne désinfection des locaux qui est aussi importante que les mesures barrières. Nous avions déjà une gamme hygiène pour les collectivités avec des produits pour les surfaces et les mains et allons proposer des produits plus adaptés pour l’usage des pisciniers.
Pour la désinfection les véhicules, nous donnons des astuces à nos clients pour bien désinfecter le volant, le levier de vitesse, le frein à mains… Et suite à la demande d’un certain nombre d’entre eux, notre service HSE est en train d’étudier la possibilité de fabriquer des lingettes désinfectantes.
Tout cela ne nous empêche pas de poursuivre notre activité. Nos clients sont réactifs et ont trouvé des solutions pour reprendre le travail. Nous avons réussi à leur livrer leurs commandes grâce à notre chaîne logistique qui est restée opérationnelle. Des clients nous ont même appelés dès le lendemain pour savoir comment monter un plan de continuité d’activité pour leurs salariés et vis-à-vis de l’administration.
Aujourd’hui, nous fournissons même des barrières séparatives pour le drive grâce à notre filiale de production de plastiques. Cela permet à nos clients de continuer à vendre des produits chimiques. Et pour les clients n’ayant pas l’habitude des règles qui encadrent le transport de ces produits, nous les aidons à bien les respecter. Grâce à un logiciel, ils peuvent même éditer le bon de chargement à présenter en cas de contrôle.
Quelles contraintes avez-vous rencontrées ?
Toute l’équipe commerciale a été mise en télétravail pour limiter le nombre de personnes au bureau. Côté production, il a fallu revoir l’espacement entre les postes de travail, définir une amplitude horaire différente et rappeler constamment les règles à nos salariés. L’ensemble de nos collaborateurs a suivi. Nous n’avons pas subi de phénomène de peur ou de réticence et le fait que nous nous lancions dans un nouveau challenge avec la production de gel hydroalcoolique, que nous fassions un geste pour les autres, a motivé tout le monde.
Comme cela se passe-t-il aujourd’hui ?
Le travail est là, il y a de la demande. Les clients ont trouvé les moyens de s’organiser mais c’est quand même compliqué pour eux. Ils sont apparemment moins de 15 % à ne pas avoir repris.
Nous surveillons de près le reste de nos clients (piscines collectives, campings, hôtels…). Nous savons qu’ils sont bloqués et nous suivons ce qui se dit sur leurs possibilités de reprise. Nous essayons de les aider en leur fournissant tous les renseignements nécessaires et les conseillons sur les mesures d’hygiène à mettre en œuvre pour la désinfection efficace de leurs parties communes.
Comment préparez-vous l’après-confinement ?
Comme nous aurons livré 85 % de nos clients entre mars et avril, nos clients auront ce qu’il faut en produits de traitement d’eau et nous ne devrions donc pas avoir de pic. Comme toute la production est intégrée, nous avons tout le nécessaire pour la poursuivre. Nous sommes autonomes. En ce qui concerne nos clients, le chômage partiel que subissent beaucoup d’entre eux va compliquer la réalisation des projets de piscine. Et pour leurs clients qui ont déjà des piscines, il va bien falloir les désinfecter.