Quelle a été votre réaction lors de l’annonce du confinement ?
De la stupeur tout d’abord. Cette situation était totalement inattendue, véritablement extraordinaire au sens littéral du terme. Bien sûr, nous entendions parler de ce virus depuis plusieurs semaines, mais nous étions bien loin d’en imaginer les conséquences… Confinement oblige, le Siège Carré Bleu s’est mis en mode télétravail pour une partie de l’équipe. Quant aux concessionnaires, ils ont fermé leur magasin le 16 mars, conformément aux mesures gouvernementales. C’était brutal, inédit, déstabilisant… et bien sûr inopportun en pleine saison, mais il n’y avait pas d’autre choix. Les clients ont été immédiatement informés de l’interruption des chantiers et des remises en services… et des inévitables retards qu’allait engendrer cette situation. Tout est resté figé pendant deux semaines. Pour autant, la relation entre le Siège-Enseigne et le réseau, entre les concessionnaires et leurs clients ou entre les concessionnaires eux-mêmes n’a jamais cessé. Ce lien était important, rassurant, pour tous….
S’en est suivie une période assez floue, avec des messages contradictoires qui ont créé la confusion, les concessionnaires ne sachant plus s’ils devaient restés confinés ou retourner travailler…. Notre rôle a été de les accompagner au mieux, au regard des informations dont nous disposions. Heureusement, la FPP nous a aidé à y voir plus clair, en nous guidant sur ce qu’il y avait lieu de faire ou pas. Il faut d’ailleurs saluer l’initiative de la FPP de mettre ces informations sur son site, en accès libre à l’ensemble des professionnels. Nous avons aussi pris l’avis de notre conseil juridique afin d’apporter les bonnes recommandations au réseau, toujours dans le strict respect des dispositions gouvernementales et de la législation. Nous avons été extrêmement vigilants et prudents par rapport à cela. Dans une période de crise comme celle-là, informer, accompagner, échanger, faciliter autant que faire se peut… c’est essentiel ! C’est toute la force d’un réseau qui permet de ne jamais rester seul, isolé, avec ses inquiétudes et ses incertitudes dans une situation qui, en l’occurrence, était particulièrement complexe et anxiogène.
Comment avez-vous organisé cette reprise d’activité ?
Après ces 15 jours d’expectative, puis l’intervention de la Fédération Française du Bâtiment auprès des pouvoirs publics, l’activité a commencé à reprendre, timidement au début, les concessionnaires ne disposant pas forcément de tout leur personnel (garde d’enfant, sujets à risque, peur de reprendre parfois…), la priorité ayant toujours été de garantir la sécurité de chacun. Un semblant de reprise qui s’est d’abord traduit par la mise en place d’un service de livraison de produits à domicile et, par la suite, de drive dans les magasins. Nous avons d’abord privilégié la livraison à domicile afin d’éviter aux clients de se déplacer et renforcer la notion de service, très forte chez Carré Bleu. Ce service de livraison, généralement offert par le concessionnaire, a été particulièrement apprécié par les clients. Certains concessionnaires ont réalisé jusqu’à 250 livraisons au mois d’avril ! Nul doute que la livraison de produits à domicile est un service qui va perdurer. Nous avons aussi proposé, grâce à la logistique de CF Group, un service de livraison directe au domicile des clients, en soutien aux concessionnaires, pour répondre à l’affluence des demandes dopées par une météo quasi-estivale à cette période. Pour tout cela, nous avons mis à la disposition des concessionnaires des supports de communication, des protocoles pour la livraison et l’enlèvement des produits dans le respect des consignes sanitaires et des gestes barrières. Les réouvertures de piscines ont aussi pu redémarrer dans la plupart des régions surtout dans les résidences secondaires encore inoccupées. Certains concessionnaires ont eu recours à la visioconférence pour accompagner leurs clients et leur permettre d’effectuer les bons gestes. Les clients n’ont jamais été abandonnés, Carré Bleu a été à leur écoute avec une assistance téléphonique ou mail permanente. Peu à peu, les chantiers de construction ont repris même si cela a été un peu compliqué au début, les concessionnaires étant tributaires de la réouverture des centrales à béton, des marchands de matériaux, etc…. Nous avons la chance de faire partie d’un groupe avec des stocks importants de produits et équipements ce qui nous rend moins dépendants. Les concessionnaires avaient d’ailleurs eux aussi anticipé leurs approvisionnements en début de saison pour le cas où… Concernant les produits chimiques, nous avons pu satisfaire toutes les demandes, grâce à notre gamme propre BlueCare et à nos gammes complémentaires.
S’agissant des produits sur-mesure, les ateliers ont repris progressivement leur production avec davantage de contraintes et des délais un peu plus longs, mais les clients ont été compréhensifs.
La situation retrouve peu à peu une certaine normalité, mais la problématique des délais reste entière, du fait du retard qui a été pris et des mesures sanitaires qui ont aussi un impact sur la productivité. Bien sûr, la reprise est plus lente et plus compliquée pour les régions Ile de France et Grand Est, fortement touchées par la pandémie avant même le confinement.
Quels retours avez-vous eu de vos clients ?
Cette crise sanitaire, avec l’arrêt brutal de l’économie, la peur d’un krach boursier, auraient pu faire craindre des annulations de commandes ou a minima des reports. Cela n’a pas été le cas. Les reports que nous enregistrons sont essentiellement liés aux problèmes d’urbanisme avec la suspension des instructions de dossiers.
Là encore, la FPP a parfaitement joué son rôle en intervenant auprès de l’Etat et en mettant à disposition des pisciniers un courrier à l’attention des maires pour permettre de débloquer quelques situations. Donc pas d’annulation mais, au contraire, un véritable engouement pour la piscine ! Cette période de confinement a en effet été marquée par une très forte demande. Les particuliers, confinés, ont vite pris conscience que leurs vacances étaient compromises cette année, surtout pour ceux qui avaient programmé un voyage à l’étranger, ce qui les a incités à reporter ce budget sur un projet piscine. Une démarche qui s’inscrit aussi dans la volonté de privilégier, aujourd’hui plus que jamais, les valeurs liées à la famille, à l’aménagement de sa maison, au bien-être… Avec l’idée aussi que s’il devait y avoir un nouveau confinement, il serait plus facile à vivre avec une piscine dans son jardin, surtout si l’été nous réserve encore une canicule.
Cet attrait pour la piscine est un indicateur très rassurant. Pour autant, Carré Bleu étant sur un segment de piscines sur-mesure, ces projets ne pourront pas voir le jour cet été, compte tenu des délais d’urbanisme et des carnets de commandes déjà bien remplis en début de saison… Mais c’est de bon augure pour la saison 2021.
Quelle est votre stratégie pour les prochains mois ?
Carré Bleu reste toujours opérationnel en été et il n’y aura sans doute pas de vacances cette année pour les professionnels de la piscine. La saison va se prolonger plus tard que d’habitude du fait des décalages des réceptions de piscines, au moins probablement jusqu’en août, sachant que les bassins pour lesquels les autorisations de travaux n’ont pas pu être délivrées vont démarrer dans la foulée. L’été s’annonce donc très dynamique, sans coupure. Ces dernières années ont été marquées par des arrière-saisons denses, ce sera encore plus vrai cette année, cette période étant privilégiée pour les rénovations de bassins, plus nombreuses d’année en année. Donc, si rien ne vient contrarier ces prévisions, on peut s’attendre à une activité très dense tout au long de l’automne.
Dans le même temps, il faudra tirer les enseignements de cette crise. Anticiper davantage, s’organiser autrement, se réinventer aussi. Il y aura sûrement un avant et un après…
Quelle vision avez-vous pour la fin de l’année et l’année prochaine ?
Nous avons beaucoup de demandes avec des projets très sérieux et déjà des signatures de bassins pour 2021. C’est un indicateur rassurant mais il faut malgré tout rester prudent. La crise sanitaire fait craindre une récession économique sans précédent. Avec 12 millions de personnes en chômage partiel, le nombre de chômeurs va repartir en flèche et concernera probablement aussi nos clients et futurs clients. Nous avons la chance d’être sur un secteur d’activité moins touché que d’autres et peut-être serons-nous plus épargnés mais il y a encore beaucoup d’inconnues, donc il faut rester prudent et vigilant.