Traiter l’eau pour mieux protéger les équipements du bassin
Durant la saison, vous êtes régulièrement sollicités pour des problèmes de SAV très divers sur les piscines de vos clients : taches sur les revêtements, ligne d’eau difficile à entretenir et qui se dégrade, électrodes de la cellule de l’électrolyseur corrodées, PAC moins performante, filtre moins efficace ou avec une pression toujours élevée… Et si l’on vous disait que ces problèmes, survenant sur des équipements en contact permanent avec l’eau, peuvent être évités grâce à un traitement de l’eau mieux adapté ? Xavier Darok, docteur en chimie et responsable du pôle de compétences chimie chez CF Group, nous a fait part de son expérience au cours d’un entretien.
La remise en route : un acte à ne pas manquer
Chaque professionnel connaît parfaitement les enjeux d’une remise en route réussie, dont va dépendre l’efficacité du traitement durant toute la saison. Cette efficacité est liée à hauteur de 80 % aux performances du groupe filtration – pompe et filtre – et à 15 % à l’équilibre de l’eau. C’est ainsi que la remise en route va intégrer les gestes et contrôles suivants :
- groupe filtration :
– nettoyage et détartrage en profondeur du filtre, à la juste dose d’un produit approprié (Filter Net liquide chez Chemoform, 0,3 l pour 10 m3 d’eau),
– si un filtre à sable est utilisé, changer le sable environ tous les 5 ans ; pour un média filtrant à base de verre, 8 à 10 ans seront recommandés ;
- équilibre de l’eau :
– pH d’équilibre (pHe) dans la zone de confort du baigneur, c’est-à-dire entre 7,0 et 7,4 et en équilibre avec le TAC et le TH (diagramme de Taylor, indice de Langelier). Il contribuera ainsi au confort du baigneur, au ralentissement du vieillissement du revêtement et aux performances des produits de traitement ;
– TAC (titre alcalimétrique complet) ou alcalinité de l’eau comprise entre 15 °f et 25 °f (1 °f = 10 mg/l de CaCO3). Le TAC caractérise le pouvoir tampon de l’eau, c’est-à-dire la capacité à absorber les variations de pH sous l’influence d’un produit acide ou d’un produit basique sur le pH de l’eau (telles que les pluies acides ou les pollutions extérieures). Plus le TAC est élevé et plus il est difficile de faire varier le pH de l’eau, plus le TAC est faible et plus le pH aura un effet
« yoyo » en variant constamment ;
– TH (titre hydrotimétrique de l’eau ou dureté de l’eau) idéalement proche de 20 °f, il est déterminé par la concentration en éléments formés avec les ions calcium (Ca++) et magnésium (Mg++). Il représente le potentiel entartrant de l’eau, sa teneur en calcaire.
La balance de Taylor permettra de vérifier le bon équilibre de l’eau. Lorsque ces trois paramètres (TAC, pH, TH) seront sur la même ligne, l’eau sera équilibrée. Bien entendu, le nettoyage du bassin, de la ligne d’eau, de la couverture ainsi que des abords complète cette remise en route.
Pour aller encore plus loin
L’ensemble des opérations résumées ci-dessus sont, bien entendu, des opérations clés bien connues et indispensables pour une remise en route réussie. Il y a cependant un moyen facile d’aller plus loin pour assurer une protection supplémentaire des équipements de la piscine, avec 2 produits de traitement probablement encore trop peu utilisés à titre préventif :
- un séquestrant calcaire (Calzestab F+ de chez Chemoform) ;
- un séquestrant métaux concentré (MetalEx de chez Chemoform).
Des traitements préventifs efficaces
L’eau de la piscine est en contact permanent avec de nombreux équipements. Une concentration de calcaire trop importante ou une présence de métaux dans l’eau influent sur leurs performances et sur leurs longévités. Voyons comment.
Au fil des saisons, du fait de l’évaporation de l’eau du bassin et des apports d’eau neuve, la concentration en calcaire et en métaux augmente.
Les effets du calcaire sur les équipements
Sur la pompe à chaleur : chacun a à l’esprit l’image d’une banale bouilloire, dont la résistance est blanchie par le dépôt d’un film calcaire au fil des utilisations.
Dans une PAC, il se passe un phénomène identique. En circulant dans les canalisations, l’eau chaude dépose un film calcaire à l’intérieur de celles-ci, ce qui engendre plusieurs effets :
- une micro-barrière calcaire se forme dans les canalisations de l’eau, avec pour conséquences :
– une baisse de la performance de la PAC. Le calcaire « masque » le rayonnement de la chaleur,
– la pompe à chaleur va fonctionner de ce fait plus longtemps pour une même performance. Elle va consommer plus d’électricité et s’user plus vite,
– une eau agressive fragilise la PAC. Certains points, tels que les soudures des canalisations, peuvent à la longue présenter des déficiences ;
- un développement du biofilm à l’intérieur des canalisations de la PAC. Le calcaire forme, en effet, des aspérités sur lesquelles le biofilm s’accroche, favorisant ainsi le développement des bactéries qui rendent le traitement de l’eau plus difficile et augmente la consommation en produits de désinfection.
Sur l’électrolyseur au sel : les effets sont proches de ceux observés sur la PAC. Le calcaire va se déposer plus rapidement sur les électrodes, réduisant ainsi leur surface de contact avec l’eau salée, ce qui diminuera leur efficacité. L’inversion de polarité sera plus souvent sollicitée, accélérant ainsi l’usure de la cellule. Des opérations de nettoyage de la cellule par un technicien seront plus fréquemment nécessaires.
Sur les lampes UV : le film calcaire présent sur les lampes diminue leurs performances en faisant obstruction au passage des rayonnements.
Sur les projecteurs : le film calcaire présent sur les projecteurs diminue leurs performances.
Sur les médias filtrants : l’accumulation de dépôts calcaires dans le filtre dégrade sa performance et engendrera une accroche préférentielle pour les corps gras et le biofilm.
Sur les revêtements : devenues rugueuses, les parois retiennent crasses et algues. Celles-ci seront plus difficiles à faire partir, et nécessiteront davantage de produits de traitement et de temps passé à frotter…
Sur la ligne d’eau : en présence de dépôts calcaires, l’action du produit nettoyant ligne d’eau classique sera moins efficace.
SOLUTION
À chaque début de saison, effectuer un traitement préventif avec un produit séquestrant calcaire, à la juste dose (0,2 l/10 m3 pour des eaux moyennement chargées en calcaire). Facile à utiliser, un surdosage éventuel ne présente pas de risques pour les baigneurs et le matériel ; il présente également l’avantage de rester disponible dans l’eau tant qu’il n’est pas sollicité. C’est un produit qui est compatible avec tous les types de traitement.
Si la saison est particulièrement chaude et/ou si la piscine dispose d’un débordement, il est conseillé de renouveler le traitement en juillet ou en août, selon la quantité d’eau neuve apportée (avec le dosage suivant : 0,3 l/10 m3 d’eau neuve apportée au bassin).
Les effets des métaux présents dans l’eau sur les équipements
Le pouvoir oxydant des désinfectants, tels que le chlore, si apprécié pour détruire les bactéries, présente un inconvénient : l’oxydation ne cible pas exclusivement les bactéries mais peut également toucher certains équipements, particulièrement en présence d’ions métalliques dans l’eau. Ils vont ainsi être oxydés par le chlore, provoquant certains désordres. Ces ions métalliques peuvent également se déposer sur les équipements en contact avec l’eau.
Sur les revêtements, c’est l’apparition de taches noires dues à la présence de sulfures métalliques (fer, cuivre…), ou de taches de rouille qui témoignent de la présence de fer également oxydé par le désinfectant. Les revêtements ne sont pas les seuls concernés. Les particules métalliques présentes dans l’eau, et oxydées par le désinfectant, sont responsables des taches de rouille et/ou de la corrosion sur certains équipements. Sont particulièrement concernés :
- une échelle inox présente dans le bassin ;
- l’axe métallique de la pompe de filtration. La durée de vie de la pompe peut ainsi être affectée ;
- les plaques des cellules d’électrolyseurs, tout particulièrement au niveau des soudures. Le rendement de la cellule ainsi que sa durée de vie sont ici aussi affectés ;
- les pompes à chaleur. Les métaux présents dans l’eau, en affectant leurs canalisations (raccords soudés), diminuent les performances des PAC sur le long terme.
SOLUTION
Prévenir plutôt que guérir. Un traitement préventif avec un séquestrant métaux, à la juste dose (0,3 l/10 m3), en début de saison permettra de réduire, voire même d’éliminer l’ensemble de ces désordres.
L’avantage : de même que pour le séquestrant calcaire, un surdosage éventuel ne présente pas de risques pour les baigneurs et le matériel ; il présente également l’avantage de rester disponible dans l’eau tant qu’il n’est pas sollicité. C’est un produit qui est compatible avec tous les types de traitement.
Si la saison est particulièrement chaude et/ou si la piscine dispose d’un débordement, il est conseillé de renouveler le traitement en mi-saison, selon la quantité d’eau neuve apportée (avec le même dosage : 0,3 l/10 m3 d’eau neuve apportée au bassin).
En conclusion
Un traitement associant, à titre préventif, séquestrant calcaire et séquestrant métaux lors de la mise en route présente de réels avantages.
Pour le client
Vous lui assurez une piscine sans contraintes durant toute la saison en limitant les problèmes récurrents, et vous pérennisez les équipements souvent onéreux (PAC, électrolyseurs, revêtements…) que vous lui avez vendus ou installés.
Pour vous
Vous confirmez auprès de votre client votre image de spécialiste et vous le fidélisez. Séquestrants métaux et séquestrants calcaires sont, en effet, peu mis en avant en GSB ou en GSA, ce qui présente l’avantage de les voir peu discountés, vous assurant ainsi la juste rémunération de vos conseils et services. C’est pour vous également l’opportunité d’augmenter le trafic dans votre point de vente et de fournir ainsi les produits de traitement nécessaires pour l’ensemble de la saison.
N’hésitez pas à proposer en cours de saison une analyse d’eau… Ce sera pour vous la possibilité de fournir les indispensables réassorts de l’été.
Propos recueillis par Michel Dupenloup