Entre pandémie de la Covid-19, confinements et couvre-feux, l’année 2020 a été compliquée voire difficile pour nombre d’entreprises, certains secteurs ayant vu leur activité s’effondrer. Qu’en est-il de celui de la piscine et de ses marchés connexes ? Décryptage en chiffres.
Texte : Sébastien Carensac
L’année 2020 en 6 chiffres
2 900 000 de piscines : la taille du parc de piscines en France a atteint les 2,9 millions d’unités dont 1 450 000 piscines enterrées. En 2018, le parc français comptait 2,5 millions de piscines.
+175 000 piscines : le nombre de piscines vendues cette année (prévision à fin 2020), dont 58 000 enterrées, a connu une augmentation de +6,3 % par rapport à 2019. Le marché poursuit ainsi sa croissance pour la 5e année consécutive et confirme sa position de second marché mondial.
+13,5 % de chiffre d’affaires piscine sur les trois premiers trimestres de 2020 malgré le confinement (+9,5 % sur les 12 derniers mois), avec un été record à +51,5 % dont +88 % de CA sur le seul mois d’août. À noter que les activités construction, maintenance et rénovation représentent 78 % du chiffre d’affaires du secteur.
+14,5 % de chiffres d’affaires négoce sur les trois premiers trimestres de 2020, soit +12,5 % sur 12 mois. Les professionnels ont vu leur activité négoce exploser au mois d’août avec un CA magasin en hausse de +72 %.
+50 % de piscines signées au 3e trimestre. Le marché ne faiblit pas, bien au contraire. Malgré une chute de la demande en mars (-27 %/mars 2019) et avril 2020 (-11 %), liée à la pandémie et au confinement, la demande de piscines est repartie à la hausse dès le mois de mai, enregistrant des croissances à deux chiffres mois après mois jusqu’à atteindre son plus haut niveau en août.
+61,5 % de piscines livrées au dernier trimestre. Les professionnels ont mis les bouchées doubles pour rattraper le retard pris pendant le confinement et aggravé par des perturbations dans les approvisionnements. Ils ont réussi à maintenir un très haut niveau d’activité pendant l’été pour livrer +61 % de piscines par rapport à 2019 dont +88 % en août 2020 (par rapport à 2019). Ils ont été soutenus par les fabricants qui se sont eux aussi organisés pour les fournir dans des délais toujours plus courts.
(1) Évolution du chiffre d’affaires au cours de la période considérée par rapport à la même période de l’année précédente / (2) Cumul exercice du chiffre d’affaires moyen de l’année calendaire / (3) Tendance annuelle du chiffre d’affaires des douze derniers mois par rapport aux douze mêmes mois de l’année précédente / (4) Y compris rénovation complète de piscines / (5) Ventes après livraison d’équipement de produits, posés ou non
Un contexte particulièrement porteur pour la piscine
Pandémie et confinement, des accélérateurs du marché
Au besoin de bien-être à domicile est venue s’associer la recherche d’un mieux-vivre chez soi sous l’impulsion des confinements et de la nécessité de télétravailler. Jusqu’alors réservé à quelques salariés, le télétravail est en passe de devenir l’une des nouvelles formes d’organisation des entreprises.
La météo : une année record et un hiver 2021 sous de bons augures
L’hiver le plus chaud (+2,7 °C), le second printemps le plus chaud (+1,7 °C), l’été (+1,1°C) et l’automne (+1 °C) parmi les 10 plus chauds depuis le début du XXe siècle… font de 2020 une année de tous les records du point de vue météorologique. Elle se classe même devant 2003, l’année de la canicule. En effet, sur les 8 premiers mois de l’année, la température moyenne (+1,72 °C) a été supérieure à celles des années 2003 (+1,4 °C) et 2018 (+1,36 °C).
Quant aux prévisions pour l’hiver 2021, elles s’orientent déjà vers un scénario de normal à plus chaud que la normale. Le début de la saison 2021 devrait donc bénéficier de conditions météo tout à fait favorables.
Les chiffres 2020 des marchés connexes à la piscine
1. Le marché immobilier en 2020
Après une légère reprise en mai 2020 de +3 %, le marché a connu en juin sa première baisse depuis 2015 (-0,7 %). Le rattrapage des signatures d’avant le confinement a mécaniquement entraîné un rebond technique des ventes. Entre avril et juillet, elles ont progressé de 460 % ! Depuis, les acheteurs restent attentistes face à l’incertitude sanitaire et économique.
Contrairement à ce qui était annoncé par beaucoup d’enquêtes, la recherche d’un bien éloigné des centres-ville et d’un espace supplémentaire pour le télétravail n’a pas boosté le marché.
Le volume des ventes a reculé de 14 % à fin septembre par rapport à 2019. D’après la Banque de France, le marché devrait stagner jusqu’à début 2020 et ne pourrait reprendre que si la crise sanitaire était sous contrôle et que le PIB repartait à la hausse.
Les prix immobiliers restent en hausse, pour leur part, et n’ont pas été impactés par la crise. « Seules des conséquences économiques majeures et persistantes pourraient entraîner une baisse des prix. »
À noter que les prix de vente des maisons individuelles sont à la hausse depuis plusieurs années dans les villes de moins de 100 000 habitants sous l’effet d’un double mouvement de déplacement de la demande, initié il y a plusieurs années, et de la progression du télétravail, mais dans une faible proportion et à cause de différentes contraintes, telles que pouvoir bénéficier d’une bonne connexion à internet.
2. Le marché du paysage en 2020
Avec 29 000 entreprises, 70 000 salariés et un chiffre d’affaires de 5,9 milliards d’euros en 2019, le secteur du paysage est un marché de poids face à celui de la piscine. Il a cependant connu une baisse importante de -6 % de son CA sur le premier semestre 2020, dont -5 % sur le marché des particuliers, sa plus forte baisse depuis la création du baromètre.
Le secteur a connu sur le 1er semestre un déclin de son activité de création de jardins et espaces verts (-7,5 %) ainsi que de celle d’entretien de jardins et espaces verts (-4,5 %). Le taux de transformation des devis pour les particuliers a également accusé une baisse de 4 points à 45 %. Le nombre de devis est resté similaire mais le prix moyen des commandes signées s’établit à 4 200 € en moyenne contre environ 4 800 € sur les 6 derniers semestres.
Un mouvement de rattrapage partiel est prévu pour le second semestre avec cependant des prévisions toujours négatives à -2 % de chiffre d’affaires par rapport à 2019.
Le marché connaît en outre une tendance baissière qui s’est accentuée cette année à -4 %.
Les professionnels du paysage espèrent un maintien de leurs marges mais s’attendent à une baisse du niveau de leurs carnets de commandes à 122 jours de travail prévisionnel au second trimestre contre 132 jours en moyenne sur 3 ans.
En outre, le secteur a été impacté par la baisse du marché de la construction neuve au premier semestre avec une chute des ventes (-27 %) et du nombre de permis délivrés (-50 à 55 000 / 2019).
Côté mises en chantier, la baisse est de 55 à 60 000 logements en moins au premier semestre, soit une prévision de -80 000 logements sur l’année, tant individuels que collectifs.
Un redémarrage rapide s’avère également peu probable pour le secteur avec la montée des risques de défaut des emprunteurs et de la plus grande difficulté pour les particuliers à obtenir un emprunt.
Les entreprises du paysage sont préoccupées par le risque d’un prolongement ou d’une aggravation de la situation sanitaire et de ses conséquences économiques. Ils sont aussi inquiets des niveaux de leurs carnets de commandes et de leur trésorerie.
3. Le marché du bricolage
Avec un chiffre d’affaires 2019 de 28 milliards d’euros, dont 74 % réalisés par les grandes surfaces de bricolage (GSB), le marché bénéficie d’une embellie depuis plusieurs années. Le confort thermique (climatisation et ventilation) est le rayon qui a le plus progressé, suivi par ceux liés aux travaux de rénovation. Le rayon jardin a lui aussi vu son chiffre d’affaires croître grâce à une météo favorable.
En 2020, et malgré une chute des ventes en mars (-49,19 %) et en avril (-61,67 %), liée au confinement, le marché a connu un fort rebond dès le mois de mai avec des progressions de l’ordre de +11 à +29 % selon les mois. Au 31 octobre 2020, le chiffre d’affaires du marché était en hausse de +2,27 % en valeur.