L’Allemagne est toujours en grève ! Cette affirmation entendue plusieurs fois le 21 octobre dernier, lors de l’ouverture du salon Interbad, sonne curieusement car la grève ne nous paraît pas être une spécialité allemande !
Il est vrai que les nerfs des organisateurs ont été mis à rude épreuve car ils ont dû faire face à 2 grèves pour le moins perturbantes : celle des pilotes de la Lufthansa et celle des chemins de fer ! Il semble cependant que ces 2 événements n’ont pas perturbé de façon significative la fréquentation du salon.
Une mesure fiscale contestée
Même si l’Allemagne, 2e exportateur mondial, commence à percevoir le ralentissement des économies européennes, sa propre économie reste puissante et ses consommateurs gardent le moral. Les industriels des filières piscine/wellness, eux, regardent avec inquiétude une mesure fiscale censée entrer en application le 1er juillet 2015 : le passage de la TVA sur les établissements de sauna de 7 % à 19 %. Cette mesure n’a rien d’anecdotique car il y a en Allemagne pas moins de 2 150 établissements publics de sauna, 5 400 saunas dans les établissements hôteliers et 4 500 dans des établissements sportifs, si bien que cette mesure passe mal. En effet, une étude démontre que près de la moitié des 2 150 saunas publics verraient leur survie menacée car cette décision risque d’avoir pour conséquence une baisse de 10 % de la fréquentation, les usagers n’étant pas tous prêts à assumer une augmentation des tarifs, engendrant ainsi une perte de 70 millions d’euros pour l’industrie.
Cette augmentation de la TVA vient également fragiliser les piscines publiques qui avaient choisi, afin de faire face à des difficultés financières en élargissant leur offre, de proposer des séances de saunas. Coût de l’énergie, ordonnance sur les produits biocides, hausse de la TVA dans un contexte où les municipalités ont des difficultés budgétaires : les inquiétudes grandissent. En effet, il y a en Allemagne 7 000 piscines publiques (1 pour 11 500 habitants) et celles-ci sont déjà fortement déficitaires bien que très fréquentées (de 300 à 400 millions d’entrées par an), et chaque entrée coûte à des communes déjà en difficulté une subvention comprise entre 6 € et 10 € ! La situation est même jugée “effrayante‿ par la Société Allemande pour la Technique des Bains (DGfdB), qui estime que près de 400 piscines sont en péril outre-Rhin. Une forte action de lobbying est en cours afin de faire revenir les instances politiques sur cette décision.
Le marché allemand : quelques repères
Comme à chaque visite sur un salon allemand, Interbad ou Aquanale, nous demandons aux exposants français rencontrés de nous parler de leur expérience de ce marché qui bénéficie, vu de l’Hexagone, d’une aura toute particulière. Voici les quelques réactions et commentaires que nous avons recueillis.
Le marché de la piscine familiale représenterait environ le tiers du marché français et 15 % à 20 % de ce marché est composé de piscines que l’on pourrait qualifier de haut de gamme. D’une façon générale, le consommateur allemand privilégie le “made in Germany‿ et recherche la qualité et la technique tandis que le prix, même s’il est un facteur important, ne vient qu’en second lieu. Autre élément pris en compte par le consommateur, l’aspect environnemental : les produits verts ont la cote ici.
Concernant le prix moyen d’une piscine, il est sensiblement plus élevé qu’en France, ce qui n’empêche pas la concurrence d’être également très forte, sans oublier que le consommateur se renseigne et achète beaucoup sur le web depuis de nombreuses années. La taille des piscines est bien entendu conditionnée par celle des terrains, souvent de taille modeste, et les bassins 6 × 3 et 6 × 4 sont courants. Dernier point important à rappeler : il y a plus de 1 700 000 saunas chez les particuliers en Allemagne.