Piscine Clean : « Nous sommes une petite structure et nous tenons à le rester »

Rien ne prédestinait Fluvia Vermandere à créer son entreprise de piscine, Piscine Clean. Pourtant, une rencontre et sa curiosité naturelle ont permis à cette passionnée d’être aujourd’hui à la tête d’une équipe de 5 personnes, au service de projets atypiques pour une clientèle familiale.

DES CARRIÈRES GUIDÉES PAR LA PASSION

« J’ai fait 12 ans d’études de comptabilité gestion financière, dont 4 en alternance, pour devenir experte comptable. J’ai commencé ma carrière dans un cabinet mais j’ai détesté l’ambiance. J’en suis donc partie pour des sociétés où j’ai pu exercer toutes mes compétences (comptabilité, secrétariat, conseils, etc.). J’ai occupé un certain nombre de postes divers et variés dans l’immobilier, chez IBM et j’ai également été cuisinière à domicile et sommelière. Ces expériences étaient très intéressantes et enrichissantes. Je suis une femme passionnée. Dès que quelque chose me plaît, je m’investis à fond. »

UNE RENCONTRE DÉTERMINANTE

« Le 14 juillet 2005, lors d’un repas chez des amis, j’ai rencontré un pisciniste avec lequel j’ai sympathisé. Le feeling est tout de suite passé. Il a aimé mon caractère et m’a proposé de venir travailler avec lui. Je l’ai rejoint le lendemain et notre collaboration a duré 7 ans. Je ne connaissais pas du tout l’univers de la piscine. Je suis arrivée dans cette société et j’ai procédé comme en cabinet d’expertise comptable, j’ai pris les dossiers des années précédentes (factures, devis, etc.) pour me familiariser avec le vocabulaire, comprendre comment cela marchait. Je me suis ainsi formée seule sur le tas. Au fur et à mesure, je me suis également formée avec les fournisseurs, avec des collègues, des parrains, etc. Grâce à eux, j’ai commencé à ouvrir des robots pour voir comment ils fonctionnaient, c’était comme un jeu de Lego. Puis, avec l’encouragement et le soutien de mes proches et de mes clients, j’ai décidé de créer ma société, Piscine Clean, le 9 février 2012. Nous fêterons nos 10 ans l’année prochaine. »

UNE AVENTURE FAMILIALE

« J’ai commencé l’activité de Piscine Clean avec mon père, électricien, qui est venu m’aider. J’ai malheureusement créé l’entreprise le jour de sa retraite et je lui ai souhaité bienvenue dans sa deuxième vie (rires). Nous avons travaillé en binôme pendant 3 ans puis mon frère nous a rejoints pour mettre à profit ses compétences de plombier afin de développer tous les services, comme la technique. Avec eux, je couvrais deux postes importants dans la piscine. Ma mère travaille également avec moi et gère les propriétés des clients à leur demande. Il lui arrive de m’aider à poser la mosaïque et faire les joints. »

DES RELATIONS CLIENTS PRIVILÉGIÉES

« Nous sommes implantés dans un petit village médiéval où nous avons une clientèle composée à 70 % de propriétaires de maisons secondaires. Ce n’est pas la même clientèle qu’à Saint-Jean- Cap-Ferrat ou au Cap d’Antibes. Ce sont des familles qui recherchent le calme. Elles veulent faire appel à la petite société familiale située près du tabac-presse ou de la boulangerie où elles ont leurs habitudes. Nous avons un super contact avec nos clients qui nous rendent parfois visite uniquement pour nous dire bonjour. Avec mes clients, nous formons un clan. Ils nous appellent tous par notre prénom. Pour certains, ils ont même nos numéros de téléphone personnels. C’est une deuxième famille et c’est une force. C’est pour conserver cette proximité que nous nous limitons à une zone géographique de 20 km. Nous souhaitons offrir et maintenir un service de qualité pour nos clients, caractérisé par une grande réactivité qu’ils apprécient. Au moindre problème, je suis chez eux en 10 minutes. »

UNE ÉVOLUTION PAS À PAS

« Issue de la gestion financière, j’ai d’abord choisi de développer uniquement le secteur entretien, car c’était plus sûr financièrement, cela nécessitait un investissement minime. Nous avons, par la suite, évolué tout naturellement. Nous faisions l’entretien des piscines mais lorsqu’une pompe tombait en panne, nous la remplacions. Nous avons, petit à petit, développé d’autres services, comme la pose de couverture. Nous avons commencé avec 15 contrats la première année et doublé ce chiffre l’année suivante. Chaque année, nous avons connu une évolution de 20-25 %. Les clients parlaient de nous. Le bouche-à-oreille nous a fait progresser. Nous avons gagné en technique jusqu’à être capables de proposer de la rénovation et de la construction. L’entretien est toujours au coeur de notre métier et représente 50 % de notre activité complété par 40 % de rénovation et 10 %. de construction. Même si le chiffre d’affaires augmente, l’entretien restera notre priorité. Piscine Clean, c’est aujourd’hui 6 personnes. Avant le confinement, je m’occupais de toute la partie gestion et administration que j’ai dû confier à mon assistante Sabine, faute de temps. Suite à la perte d’un membre de notre équipe, Henry, mon maçon et mentor qui m’avait formé à la pose de la mosaïque, j’ai dû me rendre sur les chantiers pour contrôler le travail et me charger de la pose pour répondre à la forte demande. J’ai 3 personnes dédiées à l’entretien et une autre en rénovation avec moi. Nous sommes une petite structure et nous tenons à le rester. Nous possédons un petit magasin de quelques 40 m². »

UNE ANNÉE DE PROGRESSION ET D’ADAPTATION

« En 2020, Piscine Clean a connu une croissance de 25 %. Compte tenu des chantiers signés et de ceux qui vont l’être d’ici la fin d’année, j’estime que la progression sera de l’ordre de 30 %. L’année a été très intense pour tous les services. Nous avons du travail pour tenir facilement jusqu’au premier trimestre 2022. C’est un bilan très positif. Néanmoins, pour la première fois en 18 ans d’activité, nous avons connu des problèmes d’approvisionnement. La Covid-19 en est évidemment largement responsable. Nous avions anticipé au mois d’octobre/novembre en nous approvisionnant en matériel dont nous pensions avoir besoin pour les futurs chantiers, même s’ils n’étaient pas encore signés. Nous n’avons pas été trop impactés mais nous avons quand même dû jongler avec les fournisseurs et leurs stocks et utiliser des équipements que nous ne posons pas d’habitude. Le manque de matériel nous a un peu coincés dans nos installations (ex. PAC). Il manquait beaucoup de plastique, de composants. Les délais étaient de 2 mois pour les tableaux électriques. Nous avons dû démarcher des fournisseurs de matériel électrique avec lesquels nous ne travaillons pas pour débloquer la situation. Le problème de cette année c’est que nous n’avons pas eu assez de temps pour pallier ces manques d’approvisionnement et satisfaire nos clients. Nous sommes parvenus à nous en sortir, avec juste un peu plus de stress. La trésorerie est toujours un sujet délicat. Cette période a été exceptionnelle sur ce plan. Nous avons eu une bonne trésorerie, c’était apaisant. Dans notre métier, les chantiers sont sources de beaucoup d’inquiétudes et de surprises, c’est rassurant de ne pas avoir l’esprit trop préoccupé par ça. »

FORMER ET COMPLÉTER LES ÉQUIPES

« Les mois à venir s’annoncent chargés, tant en chantiers de construction et de rénovation qu’en formation et recrutement. Les prochaines étapes seront de former et de compléter les équipes afin de développer l’entreprise, notamment le service entretien. Depuis le mois de septembre, l’équipe a été rejointe, à temps partiel, par un commercial, Emmanuel, qui est chargé de réaliser nos prochains objectifs de développement.

Nous allons, en effet, élargir notre secteur géographique pour répondre à des demandes de clients. Nous avons aussi envie de proposer un service de modernisation et de personnalisation des bassins, afin de réaliser des projets de rénovation et de construction atypiques. Mais pour cela, il nous faut recruter, procédure que je viens de lancer. Les projets sont de développer le secteur et l’équipe, l’un n’allant pas sans l’autre. Côté formation, le temps nous manque. Avant, notre activité était assez saisonnière, avec des périodes creuses. Aujourd’hui, malheureusement et heureusement, c’est terminé. Nous travaillons toute l’année. La seule période où nous pouvons faire des formations, c‘est en fin d’année, en octobre, novembre et décembre. La formation est essentielle à mes yeux. Je tiens à ce que toute l’équipe se forme, tous les mois. Sabine, mon assistante, se rend elle aussi aux formations et journées professionnelles pour rencontrer les fournisseurs.

Elle est toujours avec eux au téléphone mais ne les voit jamais. Ces échanges lui servent dans son quotidien pour découvrir et connaître les nouveautés, les expliquer aux clients, etc. Tout le monde doit être au courant de ce qu’il se passe au quotidien. La transmission et la communication sont primordiales. J’ai d’ailleurs créé deux groupes sur WhatsApp, un pour la technique, un pour les chantiers.
Chacun, chaque jour, fait des photos de son chantier pour tenir les autres au courant de son avancement. Cette méthode facilite la programmation des interventions et le suivi du chantier en interne. Nous évitons les pertes de temps. Nous travaillons en sérénité, c’est apaisant. Et cela permet aussi à nos clients de suivre le bon déroulement de leur installation à distance. »

SE REGROUPER POUR AVANCER

« Il y a deux ans, nous sommes entrés dans la licence de marques Bluedep. C’est un groupement de petits piscinistes comme nous, qui nous permet d’avoir un peu plus de poids et de meilleurs tarifs. Mes principaux fournisseurs s’y trouvent. Depuis que nous l’avons intégré, notre marge a décollé, elle est enfin correcte. Ce groupement organise des formations personnalisées en fonction de nos besoins. Fin novembre, nous partirons deux jours pour échanger entre adhérents sur nos problématiques et trouver des solutions. Nous allons également assister à des ateliers de fournisseurs avec leurs techniciens et commerciaux pour découvrir leurs nouveautés et discuter. Lorsque nous nous rendons au salon de Lyon, même en y restant trois jours, nous n’avons pas le temps de tout voir et de rencontrer les bons interlocuteurs, les techniciens. C’est regrettable car ce mini salon est hyper enrichissant en cela qu’il fait bouger les choses. Ces formations personnalisées permettent d’emmagasiner des points techniques pour régler nos problèmes. Tout est concentré sur une journée, nous rencontrons nos fournisseurs, leur parlons et réglons tous nos problèmes. »

LA PISCINE, UN ART COMME LES AUTRES

« Je ne compte pas mes heures. C’est ma personnalité, je suis créative. Avec la piscine, j’ai trouvé un domaine dans lequel m’exprimer. Je veux offrir des réalisations qui sortent de l’ordinaire. C’est ça qui me fait vibrer. Faire de la piscine pour faire de la piscine, cela ne m’intéresse pas. Je m’implique à un tel point que les clients me parlent de leur bassin en disant « ta piscine ». Comme un tatoueur, je me dois de connaître le client, sa sensibilité, les choses qu’il aime, pour que sa piscine soit à son image. Pour cela, je tiens à passer beaucoup de temps avec lui, un après-midi pour voir son environnement afi n d’adapter mes propositions. J’ai envie de développer ce côté artiste pour m’amuser encore plus. Les clients apprécient ce contact. Certains de mes confrères d’autres départements viennent parfois nous aider sur un chantier, même si ce n’est pas rentable pour eux, simplement pour travailler sur le projet avec nous. Je préfère concevoir 2 ou 3 constructions maximum dans l’année, mais des belles, atypiques, à l’image de ma venue dans ce secteur. »

Propos recueillis par Carine Dal Gobbo