Entretien avec Joëlle Pulinx Challet, Déléguée générale de la FPP.
LAP : Comment la fédération a-t-elle réagi aux attaques sur la piscine ?
La FPP travaille sur le sujet depuis de nombreuses années. Cela nous a permis de répondre rapidement cet été et de défendre l’image et les usages de la piscine quand plusieurs voix ont commencé à pointer l’utilisation en eau des piscines. Nous sommes également montés au créneau pour éviter les amalgames avec les avions privés en démontrant qu’un tiers des piscines étaient achetées par des employés et des ouvriers. Nous avons aussi dû expliquer que les entreprises de la piscine étaient majoritairement des TPE et que nos chefs d’entreprise ne pouvaient pas être assimilés à des patrons de multinationales utilisant des jets privés.
Nous avons été très sollicités pendant tout l’été pour répondre à des questions sur ces sujets, avec des interviews quotidiennes pour des chaînes de télévision, des radios, la presse papier, le web, avec à la clé, beaucoup de retombées presse positives sur nos interventions. La presse semble avoir compris que la piscine n’était qu’un épiphénomène en termes d’utilisation de l’eau.
LAP : Quels arguments la FPP a-t-elle mis en avant ?
Dès 2007, nous avions commencé à envoyer des courriers au ministère de l’Écologie et aux préfets départementaux avec toute une argumentation pour défendre nos produits et permettre le remplissage des bassins. En 2008, un travail de réflexion sur le sujet de la consommation d’eau des piscines avait été confié à la Commission Développement Durable. Il en a résulté, en 2012, la publication d’un rapport sur la consommation en eau des piscines domestiques dans lequel nous avons démontré que le parc de piscines français ne représentait que 0,11 % de l’utilisation nationale d’eau dont 0,02 % pour le remplissage des nouveaux bassins. Des calculs crédibles puisque le CIEAU, le Centre d’Information sur l’eau, se base sur nos chiffres pour ses communications. Il faut noter que nous ne parlons plus de consommation mais d’utilisation de l’eau en raison du fait que l’eau repart toujours dans l’environnement par évaporation, par capillarité, etc.
Nous expliquons, chaque année, lors de nos conférences de presse que le volume d’utilisation moyen d’eau des piscines avait baissé de 45 % en 25 ans pour s’établir aujourd’hui à 15 m3/h, soit 10 % de l’utilisation d’eau d’une famille. Une diminution drastique liée à l’action coordonnée de deux facteurs : l’innovation, avec l’arrivée notamment de techniques de filtration plus efficientes associées à une bonne circulation de l’eau, ainsi qu’à la réduction du volume des bassins, qui est passé de 72 à 43 m3 d’eau.
Nous argumentons sur le fait qu’il existe de nombreuses solutions pour éviter d’avoir à remplir sa piscine, comme la couvrir pour limiter l’évaporation de l’eau ou utiliser des médias filtrants qui limitent le besoin en contre-lavage du filtre. Il est également possible d’automatiser le contre-lavage pour qu’il soit exécuté au bon moment. Tout cela permet d’économiser de l’eau.
Nous véhiculons également le message qu’une piscine ne doit pas être vidée chaque année. Auparavant, on abaissait le niveau de la ligne d’eau pour hiverner une piscine. Ce n’est plus nécessaire avec l’hivernage actif. Une partie seulement du volume du bassin doit être renouvelé (30 % du volume total en moyenne). Et nous avons expliqué aux pouvoir publics que la remise en route des piscines n’intervenait pas non plus au moment de la publication des arrêtés sécheresse mais au début du printemps.
Nous avons publié, à l’usage des professionnels et des consommateurs, un fascicule pour optimiser l’entretien et l’utilisation des piscines. L’objectif est que le piscinier puisse conseiller son client dans le choix des dimensions de son bassin et de ses équipements, et lui expliquer comment bien l’entretenir en termes de traitement et de nettoyage. Cela concourt à économiser de l’eau dans chaque piscine.
En janvier 2022, la FPP a publié un document « Piscine et environnement » à destination des pouvoirs publics et des journalistes, comparant les usages de l’eau de la piscine à d’autres usages.
Nous continuons, au quotidien, de travailler sur l’ensemble des sujets environnementaux comme la consommation d’électricité, le recyclage des matériaux en fin de vie, l’artificialisation des sols… Actuellement, nous travaillons avec l’AFNOR sur un projet pour aider à la compréhension et l’application de la norme environnementale piscine.
LAP : Comment avez-vous accompagné les professionnels ?
Pendant l’été, la FPP a aidé les professionnels gênés par les arrêtés sécheresse pour qu’ils puissent savoir quoi faire. Dans la majorité des cas, ces arrêtés n’interdisaient pas le remplissage initial des bassins car la FPP avait écrit en mai à tous les préfets à ce sujet. Dans les quelques cas où il n’était pas autorisé, nous avons mis à la disposition de nos adhérents un courrier type que le consommateur devait envoyer aux autorités locales pour solliciter une dérogation de remplissage initial de son bassin. Ces dérogations ont été accordées la plupart du temps. Notre profession devra, autant que possible, prévoir une organisation des chantiers sur l’année permettant d’anticiper ces arrêtés dans le futur.
LAP : Quels autres arguments en faveur de la piscine ?
En plus des chiffres cités précédemment, la piscine a plusieurs avantages :
• Elle participe à la bonne santé de l’ensemble de la population en favorisant l’aisance aquatique par l’apprentissage de la natation pour les plus jeunes, en permettant de pratiquer une activité aquatique et, pour les plus âgés, de mobiliser et d’entretenir leur musculation.
• Elle est utile aussi pour éteindre les incendies.
• Elle favorise le rapprochement familial et la convivialité.
• Elle réduit l’impact carbone lié aux déplacements loisirs, les propriétaires de piscine restant davantage chez eux.
• Elle rafraîchit pendant les périodes chaudes, surtout les plus âgés et les plus jeunes qui peuvent souffrir de la canicule, le tout en réduisant l’usage de la climatisation.
• Elle facilite la rééducation.
• Et… c’est un secteur qui recrute.