Interview réalisée le 12 juin 2023
Installé en Bretagne, Gaël David est concessionnaire Mondial Piscine. Sa société Créa Piscines emploie 35 salariés.
Elle n’est pas concernée par les restrictions. La crise actuelle n’est pourtant pas sans effet sur le carnet de commandes.
Le manque d’eau vous a-t-il contraint à réduire votre activité ?
Non, pas directement. Nous ne sommes pas concernés par les restrictions. Mais nos clients s’inquiètent. Les gens mélangent tout et croient que même en Bretagne on ne peut plus construire de piscine. Ils confondent restrictions temporaires et permanentes. Nous les rassurons mais le mal est fait. Le nombre de prospects diminue, nous signons moins de contrats. Nos clients ont peur. Ils se demandent si demain ils pourront encore entretenir leurs bassins. Clairement, acheter une piscine n’est plus dans l’air du temps, c’est mal vu. Nous le constatons également dans les mairies. L’accueil au moment de déposer une autorisation de travaux n’est plus le même. Les règles se durcissent. Les instructeurs doivent bien sûr respecter la loi, mais les nouveaux PLU seront plus restrictifs.
Que pensez-vous de cette évolution ?
Quand l’eau manque, je le comprends. Mais les restrictions doivent rester limitées dans le temps et géographiquement. Il ne faut pas généraliser et désigner une profession en bouc émissaire. La fabrication d’un jean consomme plus d’eau qu’une piscine sur un an.
Comment réagissez-vous face aux inquiétudes de vos clients ?
Je fais de la pédagogie. Je leur explique que nos piscines sont pratiquement autonomes, qu’ils peuvent s’équiper en récupérateurs d’eau. J’en ai vendu une dizaine ces derniers temps. Les bâches à bulles, les volets, limitent l’évaporation. Une bonne filtration permet de ne jamais vider son bassin. Mais l’eau ne constitue pas le seul motif de préoccupation et de questionnement. La consommation d’énergie, avec tout ce qu’il s’est passé cet hiver, est également souvent abordée. Aujourd’hui, il devient possible d’en stocker. Je suis en train de travailler avec un installateur de panneaux solaires pour proposer une solution qui permettrait de réduire de 80 % la consommation de la maison et de la piscine.
Ces messages passent-ils bien ?
Oui, car le besoin de faire construire sa piscine reste important. En 2023, nous allons livrer autant de bassins qu’en 2022, pourtant une excellente année. En 2024, en volume, nous reviendrons probablement à un niveau normal, comme avant le Covid. Mais, de 2020 à 2022, la croissance du marché s’est faite sur des premiers prix. En 2024, nous resterons sur des piscines relativement petites, mais bien mieux équipées, donc moins consommatrices d’eau et plus chères. Je vends aujourd’hui des équipements dont les clients ne voulaient pas hier. L’installation de cuves de rétention marche très bien. Nous allons d’ailleurs les ajouter à notre catalogue. Je pense que ce produit va se généraliser. Je ne le propose pas à la première visite, seulement quand le client commence à me poser des questions. Mettre une cuve le rassure et le valorise vis-à-vis de ses amis.
Propos recueillis par la rédaction
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