Opticien – Optométriste jusqu’en 2023, Antoine Beaugrand a engagé une reconversion professionnelle qui le conduira, en septembre 2025, à l’obtention d’un BP métiers de la piscine.
Du secteur médical à celui de la piscine
« Je suis originaire du Nord de la France et toute ma famille exerce une profession médicale. J’ai donc poursuivi dans cette voie et après un bac scientifique, j’ai décroché, en 2005, mon BTS opticien-lunetier, un diplôme que j’ai complété, trois ans plus tard, par une licence professionnelle d’optique et, en 2013, par un master 2 biologie et santé, spécialité science de la vision à la faculté Paris XI-Orsay. J’ai exercé pendant une quinzaine d’années et en 2023, suite à un burn-out professionnel, j’ai décidé de prendre un virage à 180°, soutenu dans mon initiative par mon épouse. Mon métier initial nécessite de passer beaucoup de temps enfermé et dans le noir. A un moment donné, j’ai ressenti le besoin de faire autre chose, de travailler davantage en extérieur et de mettre à profit mes talents de bricoleur. »
Une rencontre décisive
« Lorsqu’en 2021, j’ai fait construire ma villa dans le Sisteronais, j’ai fait appel à un pisciniste pour la création de mon bassin. J’ai immédiatement sympathisé avec Jean-Louis Moura, le professionnel en question. Et je peux dire aujourd’hui que c’est en grande partie grâce à lui que j’ai opté pour cette filière au moment de ma reconversion. Alors que je venais d’arrêter mon activité et que je n’allais pas très bien moralement, il a pris régulièrement de mes nouvelles et m’a proposé de travailler avec lui. Ayant suivi un cursus universitaire, je tenais absolument à m’engager dans une formation avec des bases solides et la filière de l’alternance m’a semblé la plus adéquate pour répondre à cette attente et m’offrir, dans le même temps, une véritable expérience sur le terrain. J’ai accepté l’offre de Jean-Louis Moura et depuis octobre 2023, je suis apprenti dans sa société, SOS Piscines.
Suite à l’arrêt de ma précédente activité, je bénéficie de deux ans d’apprentissage rémunérés ainsi que d’un complément de rémunération via France Travail ; étant père de famille, je ne pouvais pas me permettre de m’engager dans une reconversion sans soutien financier. J’ai également eu la chance de trouver un CFA assez proche de mon domicile ; celui de Port-de-Bouc, qui se trouve à 1h45 en voiture de chez moi. Pour le secteur des piscines en région PACA, il n’existe, à ma connaissance, que deux centres de formation, celui de Port-de-Bouc et celui de Grasse. De septembre à avril, nous alternons un mois en cours et un mois en entreprise et durant l’été, nous sommes présents à temps plein dans la société qui nous accueille le temps de notre contrat de formation. Une répartition du temps que je trouve efficace car elle permet à l’apprenti de s’investir totalement sur un chantier pendant quatre semaines, un temps long pour participer aux travaux. »
Pisciniste, un métier pluriel
« J’ai découvert une profession qui compte un nombre assez impressionnant de compétences diverses et complémentaires. Un peu à l’image du secteur médical avec ses spécialités. Personnellement, le traitement de l’eau reste mon domaine de prédilection. J’aime la chimie, une spécialité qui s’avère complexe pour la plupart des non-initiés. Quand on maîtrise à la perfection le traitement de l’eau, la satisfaction client est systématiquement au rendez-vous. Il ne faut cependant pas oublier que le traitement en question reste intimement lié au bassin et à ses équipements techniques, comme le dimensionnement du filtre, de la pompe, des systèmes d’électrolyse au sel ou de régulation du chlore, mais aussi l’hydraulique.
Le traitement de l’eau englobe de nombreux paramètres et c’est cette complexité que j’apprécie tout particulièrement. L’entreprise au sein de laquelle je poursuis mon apprentissage travaille régulièrement avec de nombreux sous-traitants spécialisés, ce qui me permet d’être au plus près de tous les professionnels qui œuvrent autour de la piscine. C’est aussi ce que je trouve très intéressant dans ce métier, le fait de pouvoir se spécialiser dans un domaine en particulier. Mais encore la possibilité d’envisager de travailler à l’étranger ; les acteurs principaux de l’univers de la piscine sont internationaux et donc déclinables partout dans le monde.
Mon expérience personnelle, chez SOS Piscines s’avère très positive. J’ai la chance de travailler au sein d’une équipe dynamique, mes deux collègues sont des techniciens qui ont une grande expérience et les conseils qu’ils m’apportent au quotidien me permettent de progresser rapidement. De plus, nous intervenons dans de nombreux domaines de la piscine, de la construction à la rénovation, en passant par le PVC armé et bien d’autres secteurs. Moi qui espérais apprendre un maximum de choses dans tous les domaines de la piscine, je suis comblé ! En quelques mois, j’ai déjà travaillé sur de la pose de filtration complète, de nouveaux revêtements, sur des recherches de pannes, sur des remises en route de bassin après l’hivernage, sur des recherches et réparation de fuites… le tout pour des piscines privées comme publiques et pour tous types de piscines, à débordement, miroir… Mon expérience est vraiment complète et répond parfaitement à mes attentes initiales. J’apprécie aussi le fait que mon patron me fasse confiance et me laisse une certaine forme d’autonomie sur les chantiers auxquels je participe. Cela met une pression supplémentaire, liée à la peur de faire une erreur mais c’est un passage obligé pour, demain, être un professionnel à la hauteur. »
Une relation fructueuse avec les autres apprentis
« En septembre 2025, après deux ans de formation, je serai titulaire d’un BP métiers de la piscine, la formation la plus « poussée » dans la profession. Son plus ? Elle permet d’avoir accès aux assurances décennales pour l’exercice de la profession. Lorsque je passe 4 semaines au CFA de Porc-de-Bouc, je me retrouve avec des jeunes qui ont l’âge d’être mes enfants mais la relation que nous entretenons est basée sur une sympathie et un respect réciproque. Nous échangeons pas mal sur nos expériences respectives et certains viennent vers moi lorsqu’ils ont besoin d’accompagnement. Quant aux enseignants, j’ai ouïe dire qu’ils trouvent ma présence stabilisante au sein du groupe. L’intergénérationnel fonctionne plutôt bien.
L’un des autres points positifs de mon apprentissage a trait au fait que le CFA de Port-de-Bouc entretient des relations étroites avec les professionnels du secteur. Je tiens à remercier particulièrement l’un des professeurs, Bellal Abbessine, alias Bil, qui est un ancien entrepreneur du secteur (BIL PISCINES). Il se consacre aujourd’hui exclusivement à la transmission de ses connaissances, du milieu, du marché et partage son expérience. Grâce à son important réseau, il nous a permis de rencontrer de nombreuses sociétés comme Lavito, Pool Technologies, Maytronics, Abpool, Fluidra, Poolweb… et bien d’autres. Pour nous, ces rencontres sont évidemment très enrichissantes. Il est prévu que nous allions au Salon Piscine Global de Lyon en novembre prochain. »
Un métier d’avenir aux enjeux forts
« Le nombre de piscines étant important dans l’Hexagone, le métier a de l’avenir. Plus encore si l’on est technicien qualifié et diplômé. Les éventuelles inquiétudes restent liées à la gestion de l‘eau, une préoccupation majeure pour les Français. Nous constatons également les effets du changement climatique sur nos météos locales, avec des chaleurs de plus en plus élevées pendant les périodes estivales. Les piscines apportent de la fraîcheur aux particuliers, il faut juste réussir à rester économe en consommation d’eau et d’énergie. La modernisation des bassins et les progrès technologiques sont des points positifs qui permettent de rester optimiste. »
Mon meilleur souvenir d’apprenti
« La reconnaissance des clients lorsque nous résolvons une panne, quelle qu’elle soit : sur un électrolyseur, sur un disjoncteur de pompe ou lors de la fuite d’une vanne 6 voies. »
Propos recueillis par Cécile Olivéro