Concevoir et réaliser deux bassins sur un terrain accidenté, tout en rochers et végétaux, avec une pente de 5 m de dénivelé, tel est le défi relevé par Stéphane Bos et son équipe de Bos Piscine Everblue Piscines.
UN TROPHÉE QUI ATTIRE
« Le propriétaire de cette piscine est un client pour lequel nous avions déjà travaillé. Il a eu l’idée de ce nouveau projet après avoir découvert l’une de nos créations, une piscine à débordement de 21 m de long réalisée en bordure de forêt amazonienne, lauréate d’un Trophée d’or en 2019 dans la catégorie « Piscine de nuit ». Avant, les clients n’avaient pas conscience que ce type de projet était réalisable car il n’était pas proposé. C’est cette piscine présentée aux Trophées qui a donné des envies à d’autres clients. Dans notre département de la Guyane aujourd’hui, grâce à nos compétences techniques, nous sommes la société la plus à même de se positionner sur ce type de projet. Son choix s’est donc tout de suite porté sur nous. Il nous a donné “carte blanche” en toute confiance. Il voulait savoir si un tel projet était réalisable pour sa villa principale. Son terrain était assez particulier : une forte pente avec un dénivelé de plus de 5 m de hauteur entre la terrasse supérieure (d’où il souhaitait accéder au bassin) et le bas de sa maison construite sur pilotis. De plus, cet endroit comportait des obstacles : des arbres et une grosse roche en plein milieu de l’emplacement. Vu la configuration de son terrain, il voulait connaître la faisabilité de son projet piscine. »
TOUT EST UNE QUESTION DE BUDGET
« Nos capacités en termes de construction sont, aujourd’hui, quasiment illimitées question faisabilité. La seule chose qui nous retient la plupart du temps, c’est le budget. Pour son projet, le client souhaitait s’inspirer d’une piscine vue en photo et située à Bali, avec une plage immergée, donnant dans le vide, qui se déversait dans d’autres bassins. Après discussions, je lui ai expliqué qu’à Bali, les projets piscines se montaient de façon particulière. Réaliser une piscine comme celle-là, en Guyane, était faisable mais cela rendait son entretien un peu lourd. En effet, à Bali, ils bénéficient d’une main d’œuvre peu chère pour entretenir les bassins, ce qui n’est pas du tout le cas chez nous. Nous avons donc revu le projet pour le rendre un peu plus cohérent par rapport à son terrain, avec des formes plus traditionnelles, tout en conservant la possibilité de disposer de plusieurs bassins avec effet déversoir, d’une piscine sur l’autre, via des buses de refoulement, et un bac tampon au final. Le premier bassin, en partie haute, de 7 m x 3 m avec une profondeur d’1m 15 est destiné à la détente et au bien-être et dispose d’une plage immergée et de bancs latéraux. Le but est de créer un espace de vie, un petit bain assis, avec une profondeur minime pour prendre l’apéro ou profiter de l’eau tout en étant à proximité de la terrasse pour être avec ses invités. Le bassin inférieur, de 11 m x 3 m avec un fond plat d’1 m 60 de profondeur est dédié aux jeux des enfants et à la nage. »
UN OUTIL DE CONCEPTION DÉTERMINANT
« Pour réaliser nos projections 3D, nous nous servons d’un logiciel de conception : Structure Studio. Il est destiné au marché de la piscine et peut également être utilisé pour le paysagisme. Selon moi, c’est l’un des logiciels les plus perfectionnés du secteur. Il nous permet de fournir des visuels précis au client, se rapprochant de ce que sera le bassin une fois réalisé. Ce logiciel nous a indéniablement aidés pour conclure cette vente et nous sera très utile pour d’autres. Je pense que si ce genre d’outil n’existait pas, pour donner envie aux clients d’investir de gros montants dans leur projet de piscine, les clients seraient freinés dans leurs envies. Il est un réel garant du résultat final. C’est un outil indispensable dont il serait dommage de se priver tant il apporte un plus.
La phase conception du projet s’est déroulée sur plusieurs mois : nous avons réuni tous les éléments, retravaillé les dimensions et formes des bassins et intégré la maison du client. Nous avons recréé la vue 3D à partir d’un plan de masse. Ce type de projet aurait pu être compliqué à valider si nous n’avions pas fourni au client un visuel de projection fidèle. »
UN DEVIS AVEC RÉSERVES
« Une fois le projet 3D travaillé et présenté, nous avons réalisé le chiffrage des bassins en ajoutant certaines réserves liées aux études sol et béton que nous avions menées avec notre bureau d’études. Nous avions des incertitudes quant à la nature du sol et ce sur quoi nous risquions de tomber lors de la construction de ces bassins, sur ce terrain accidenté. Nous avons établi un devis général avec préchiffrage, en intégrant le minimum de sous-œuvres nécessaires. Contrairement à ce que souhaitait le client, nous ne pouvions pas verrouiller le prix final. Pendant nos discussions, j’ai dû insister et me montrer intransigeant en l’informant que nous ne fonctionnions pas comme cela, et que si cela ne lui convenait pas, nous ne prendrions pas le chantier. Il l’a compris, nous a suivis et ça s’est bien passé. Au fur et à mesure de l’avancement du chantier, il y a eu des petits plus et des petits moins qui ont finalement été absorbés d’un côté comme de l’autre. Nous sommes parvenus à trouver des solutions techniques sans pour autant augmenter le coût du projet et modifier le devis de base. Par exemple, il nous a fallu modifier les profondeurs en raison de l’évolution de la forme des bassins. Nous avons aussi revu à la baisse la profondeur souhaitée par le client pour réduire le coût du revêtement et de certains sous-œuvres. Nous avons ainsi réussi à équilibrer la modification de la structure comme de la profondeur. Dans l’ensemble, nous avions bien pensé le projet et il n’y a pas eu de modification majeure. »
RESPECTER LA FAUNE ET LA FLORE
« C’est l’environnement qui a déterminé l’emplacement des bassins. Le but après était de positionner les ouvrages l’un sur l’autre et de faire en sorte que le bassin supérieur soit à la hauteur de la terrasse et le bassin inférieur correctement positionné par rapport à lui, tout en tenant compte de la présence d’un rocher et d’un arbre.
La largeur du bassin du haut a dû être restreinte du fait de la présence de cette énorme roche. Sachant qu’il était impossible de la déplacer et hors de question d’y toucher, il a été décidé, dès le départ, de travailler autour. Le bassin a donc été placé parallèlement à la villa, entre elle et la roche. Le bassin du bas, pour sa part, a trouvé sa place devant la pierre, perpendiculairement à la maison. Quant à l’arbre qui dominait le terrain et était fortement enraciné sous les roches, il nous a fallu, pendant les travaux, décider si nous l’abattions ou si nous prenions le risque de le garder en le laissant passer au-dessus de la piscine. Comme il s’intégrait très bien au projet et accueillait des animaux locaux, le client souhaitait le conserver à tout prix. En effet, des espèces propres à notre département, notamment des moutons paresseux et des singes, issus de la forêt située à l’arrière de la propriété, y avaient élu domicile. Pour respecter cet habitat, nous avons dû reprendre des mesures sur place et repositionner le bassin. Nous avons alors retravaillé le projet pour y incorporer l’arbre et modifier la forme du bassin en conséquence.
À l’origine, nous pensions pouvoir implanter le bassin inférieur à distance de l’arbre mais au moment de réaliser les longrines et les sous-œuvres, nous nous sommes rendu compte qu’il nous gênait par rapport à la paroi. Pour éviter qu’en grandissant il force contre la structure, nous avons préféré réaliser un décroché en U dans la longueur du bassin afin de lui laisser de la place. Ce choix complique cependant l’entretien. Conserver ce type de végétation au-dessus d’un bassin nécessite un entretien plus important. Le client a préféré signer un contrat d’entretien à l’année avec nous. Depuis, nous passons 1 fois par semaine pour un balayage et un nettoyage des différents équipements. »
UN TERRAIN « HOSTILE »
« C’est vraiment la configuration du site qui nous en a fait baver. Il est usant de travailler sur des terrains de cette typologie car chaque déplacement est contraignant. Et niveau accessibilité, ce ne sont pas des chantiers faciles. L’opération de terrassement n’a finalement pas été importante, les deux bassins étant pratiquement hors-sol, et elle a principalement concerné les longrines et leurs semelles. Nous avons utilisé une mini pelle pour l’essentiel, mais la pente ne facilitant pas l’accès, nous avons dû travailler le terrain manuellement pour le reste. Même difficulté pour les matériaux, qu’il a fallu en grande partie acheminer à la main. Il n’y a que pour le coulage du béton que nous avons réussi à utiliser une pompe à béton. Nous avons aussi été confrontés à la météo. En Guyane, nous avons une saison des pluies. C’est une contrainte à laquelle nous avons dû faire face sur un chantier de construction s’étalant sur une année. Ici, nous sommes habitués à travailler avec la pluie mais c’est vrai que sur des terrains comme celui-ci, cela complique encore plus les choses (coulées de boue). »
DES MÉTHODES ARTISANALES
« Pendant la préparation du sous-œuvre, nous sommes tombés sur des pierres annexes qu’il a fallu détruire. Nous avons employé une méthode ancestrale, utilisée dans l’Antiquité par les Égyptiens pour casser les pierres. Nous avons brûlé des palettes au-dessus des grosses roches pour faire monter leur température et les avons ensuite immédiatement refroidies pour les faire éclater. C’est une méthode radicale que nous utilisons fréquemment car nous sommes souvent confrontés à ce genre de configuration de terrain. Nous la préférons à la dynamite ou au marteau-piqueur.
Pour marquer visuellement les niveaux, notre équipe de maçons a eu recours à des méthodes de maçonnerie traditionnelle. Ils ont, par exemple, tiré des cordeaux sur l’ensemble du site. Ces techniques prennent certes un peu plus de temps mais nous savons que le résultat final est toujours au top. Ce qui m’importe c’est que les choses soient faites dans les règles de l’art, même si cela implique un temps de travail allongé. »
LE PROJET D’UNE ANNÉE
« Nous avons signé le devis en juillet 2018 et la réception du bassin a eu lieu en septembre 2019. Les travaux ont duré 6 à 8 mois. Nous avons travaillé du bas vers le haut. La première tranche concernait le sous-œuvre avec la création de tous les ceinturages et des assises des piscines. Les ¾ du bassin inférieur sont au-dessus d’un sous-œuvre. Le local technique se trouve, lui, sous le grand bain à 5 m au-dessous du niveau 0 de la piscine. Pour éviter qu’il supporte une charge trop importante, nous l’avons coiffé d’un plancher collaborant qui fait la liaison entre le local technique et le bassin. Toute la dalle du fond est posée sur un plancher autoporté, lui-même assis sur des sous-œuvres (longrines avec semelles isolées). Nous avons ensuite monté notre structure et coulé le béton pour le fond et les parois en une seule fois. Nous avons fait le choix de travailler en structure non étanche monobloc béton, la structure Structura Feat, commercialisée au sein du réseau Everblue, et qui permet d’éviter les risques liés aux mouvements de terrain dans cette zone un peu sismique. Nous avons ensuite assis le bassin supérieur à la fois sur un sous-œuvre et sur le bassin inférieur.
Nous n’avons pas voulu prendre la responsabilité d’avoir une étanchéité dépendante du support. Nous avons préféré proposer au client un revêtement armé 3D souple. Nous avons équipé l’installation d’un traitement par électrolyse au sel, d’une régulation pH et d’une régulation de niveau pour le bac tampon. Nous avons intégré une pièce à sceller de réservation pour une nage à contre-courant, le client souhaitant éventuellement en installer une pour faire évoluer son bassin à l’avenir. Le bassin est doté d’un système de filtration avec une pompe de 3CV, un filtre de 910. Toutes les tuyauteries et hydrauliques sont d’un diamètre variant de 50 à 90 mm, en fonction des collecteurs et des alimentations à prévoir. Nous avons aussi différents réseaux qui alimentent les deux piscines avec des équilibrages divers et des réglages par vannes isolées. L’ensemble du système hydraulique est conjoint aux deux piscines. Il y a un seul système de filtration pour l’ensemble. Il y a également une pompe additionnelle de gavage qui permet d’augmenter la puissance de débordement lorsque cela s’avère nécessaire ou à certaines heures de la journée. Le bac tampon, en porte-à-faux, récupère, quant à lui, l’eau finale des deux bassins. Au départ, nous avions prévu un bac tampon suspendu mais cela nous obligeait à intégrer des poteaux qui descendaient jusqu’au terrain naturel. Pour des raisons esthétiques, le client a finalement préféré que nous fermions totalement le dessous du bac.
Pour pouvoir travailler, il nous a fallu dériver, de façon artisanale, des gouttières non raccordées qui descendaient sur les côtés de la maison pour qu’elles rejettent leurs eaux en dehors de la zone de chantier.
Les travaux de finalisation, à savoir la pose des margelles, des parements et des revêtements, a duré deux mois et demi en raison des délais d’approvisionnement de certains matériaux »
UNE BELLE CARTE DE VISITE
« Réaliser un projet comme celui-ci, était un challenge pour nous. Nous ne maîtrisions pas l’ensemble des paramètres, comme le temps de mise en œuvre (assez variable) et les contraintes techniques qui pouvaient se présenter. Il nous a fallu relever ce défi et mener à bien le projet. Finalement, tout ce que nous avions prévu dans nos différents chiffrages s’est révélé juste. Nous sommes très heureux d’avoir réussi à réaliser ces bassins. Le retour du client a été très positif, ce qui est la meilleure des récompenses. Certains de ses amis, travaillant dans le bâtiment et dans le gros œuvre, lui ont fait la réflexion que c’était un chantier qui avait été bien géré et réalisé. Cela fait plaisir d’avoir le regard de professionnels extérieurs au domaine de la piscine et une reconnaissance de notre travail. Nous allons poursuivre notre collaboration avec ce client sur d’autres projets. Aujourd’hui, c’est un réel apporteur d’affaires. Il a beaucoup de contacts en Guyane et nous a permis de signer un très important chantier en 2021. Un chantier que nous n’aurions pas pu décrocher si nous n’avions pas réalisé ce genre de réalisation. »
Fiche technique
Dimension des bassins : bassin inférieur 11 m x 3 m / bassin supérieur 7 m x 3 m
Profondeur des bassins : bassin inférieur 1,60 m / bassin supérieur 1,15 m
Type d’escalier : escalier droit de côté et marches d’accès banquette de 3,50 m x 2 m
Forme du bassin : rectangle
Construction /structure : structure lourde Structura feat totalement hors-sol à débordement
Revêtement : 200/100e 3D Touch Elegance
Eclairage et couleurs : éclairage Led blanche et mini projecteur couleur pour le petit bassin
Equipements local technique : filtre Triton 900 avec média filtrant zéolithe + pompe de 3 CV à vitesse variable vitesse / 2 pompes de gavage de 2 CV avec filtre Cyclone / Electrolyse au sel Eversalt90 / Régulation pH pro / Régulation de niveau d’eau
Système de sécurité : barrière
Margelles, plage, parements : margelles en pierre naturelle type Travertin cendré (Kei-Stone), plage en teck, parements muraux en pierre naturelle type Dékostone Titanium (Kei-Stone)
ZI Carrefour Larrivot 97300 Matoury – Guyane française