Accueil Décryptage L’alcalinité : un paramètre essentiel parfois oublié

L’alcalinité : un paramètre essentiel parfois oublié

par laurence

Qu’est-ce que l’alcalinité ?

L’alcalinité ou TAC (titre alcalimétrique complet) représente la teneur totale d’une eau de piscine en sels minéraux alcalins : des bicarbonates essentiellement, mais aussi des carbonates et des hydroxydes. Le TAC s’exprime en degrés français, en mg/l ou en ppm (1°F = 10 mg/l = 10 ppm).
Son rôle est très important : plus sa valeur est élevée et plus le pH sera stable. Il permet à l’eau d’avoir un pouvoir tampon, c’est-à-dire qu’il donne à l’eau la capacité d’absorber de petits ajouts d’acides (polluants extérieurs, pluies acides, baigneurs…) tout en stabilisant le pH.
Le TAC fait partie des trois paramètres de l’équilibre de l’eau (pH, TAC et TH), un équilibre primordial pour le confort de la baignade, l’efficacité des désinfectants et la durabilité des équipements. Il se mesure à l’aide de bandelettes, de colorimètres ou d’un photomètre.

Pourquoi est-il important de mesurer le taux d’alcalinité ?

1. Problème d’eau entartrante ou agressive : si les sels de bicarbonate gagnent un ion H+ (hydrogène), on aura plus de carbonates (tartre) dans l’eau. S’ils perdent un ion H+, on aura plus d’acide carbonique dans l’eau. Dans le premier cas, il est facile de solutionner le problème avec un détartrage. Dans le second cas, avec une eau agressive, les revêtements minéraux, les joints en ciment des carrelages mais aussi les liner pvc ou pvc armés peuvent être endommagés. Seule solution, s’assurer de toujours avoir un bon pH pour éviter cette agressivité de l’eau.
2. Problème d’effet « yo-yo » : si le TAC est bas, le pH sera incontrôlable et va monter fort ou baisser d’un coup en fonction des pollutions, de la température… La moindre pluie acide (80 % des pluies ont un pH de 5,5) fera chuter le pH de l’eau et en période de sécheresse, il s’envolera. Pour éviter cet effet « yoyo », l’eau a besoin d’être tamponnée, c’est-à-dire d’avoir un minimum de bicarbonate.
Avec les formulations de PVC actuelles, cet équilibre de l’eau est encore plus important afin d’éviter les phénomènes de « peau d’orange » qui se manifestent par l’apparition de plis de plusieurs centimètres sur les liners. Les fabricants de liner essaient, d’ailleurs, de sensibiliser les pisciniers aux désordres d’un TAC trop bas.
3. Problème de déséquilibre calco-carbonique : un pH très bas fait baisser le TAC en augmentant la « consommation » d’ions bicarbonates. Il faut garder à l’esprit qu’une réaction chimique va toujours dans les deux sens, elle a tendance à s’équilibrer naturellement. En situation normale, carbonates, bicarbonates et CO2 sont à l’équilibre, c’est ce qu’on appelle l’équilibre calco-carbonique. Si l’eau est agitée (débordement avec effet cascade, fontaine, jets…), le CO2 s’évapore. Le bicarbonate va alors se transformer en CO2 pour compenser le déséquilibre et, naturellement, le TAC va baisser rapidement. L’ajout d’une pompe à chaleur ou d’un abri peuvent également amplifier ce phénomène sans que le piscinier ou le particulier ne comprennent le rapport de cause à effet.
En soi ce n’est pas un problème, c’est juste la conséquence d’un mode de fonctionnement de la piscine voulu par le client. En revanche, le piscinier doit expliquer à son client qu’il aura plus d’évaporation et devra surveiller le TAC de l’eau et en ajouter plus régulièrement.
4. Problème de lecture des sondes des régulateurs automatiques de pH : avec un TAC bas, les électrodes des régulateurs automatiques ne fournissent plus une mesure correcte du pH. Cela induit un dérèglement des appareils. En cause, souvent, l’ajout de pH minus (acide) qui a tendance à consommer les bicarbonates. Le problème avec un régulateur automatique est que s’il « perd la mesure », chaque nouvelle injection d’acide va amplifier le déséquilibre et augmenter les risques de corrosion des parties métalliques des équipements, de plis sur les liners, de dissolution du revêtement minéral, etc.
Si la piscine est équipée d’un régulateur de pH, il faut impérativement vérifier le TAC avant de le remettre en route.
Remarque concernant la floculation : la réaction de floculation nécessite la présence d’ions bicarbonates, il est donc recommandé de ne pas procéder à une floculation si le TAC est inférieur à 10°F.

Conseils pour garantir un bon TAC à ses clients

À la mise en eau du bassin, le piscinier doit vérifier que l’eau est équilibrée en commençant par l’analyse du TAC. Il doit également le faire, chaque année à l’ouverture de la piscine, en se rendant chez ses clients ou en leur demandant de passer en magasin. Même chose avant l’hivernage du bassin car 5 à 6 mois sans utilisation avec une eau agressive peuvent causer des dommages importants.
Ces analyses peuvent être d’autant plus justifiées qu’elles démontrent la volonté des professionnels de travailler à la gestion durable du matériel installé avec à la clé une longévité accrue de l’installation. Ces analyses sont considérées chronophages par certains mais sont un gage de professionnalisme et sont fortement appréciées par les clients. Certains pisciniers offrent une analyse de l’eau à partir d’un certain montant d’achat.

Comment ajouter du TAC ?

Le TAC ne peut pas être régulé automatiquement. Sous forme de poudre ou de granulés, le TAC+ doit être introduit manuellement de façon « choc » afin d’éviter que les bicarbonates se transforment en carbonates. Il suffit ensuite de le laisser se diluer toute la nuit, sans filtration.
Rappels :
• Attention, les paramètres de l’eau évoluent à chaque ajout d’un produit.
• Le degré français n’est utilisé quasiment qu’en France. L’autre unité utilisée est le PPM (1°F = 10 PPM = 10 mg/l). Attention à bien vérifier l’unité de mesure des languettes ou autres tests qui annoncent généralement les résultats en PPM.
• La FPP a créé un « Guide d’utilisation de votre piscine », disponible pour les adhérents, qui peut être remis au client, et lui explique comment entretenir sa piscine.

 

Quel TAC pour quelle piscine ?

La plage optimale de fonctionnement du TAC se situe entre 8 et 15°F pour les bassins avec PVC (liner, membrane) et les piscines coque.

Pour les bassins carrelés ou béton, il est préférable d’avoir un TAC compris entre 15 à 18°F. Si le revêtement du bassin est minéral, bien suivre les préconisations du fabricant.

Texte : Sébastien Carensac / Remerciements à Laurent AZAM (Gaches Chimie) et Marc PANIS (Fluidra France)

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