Création d’un bassin de balnéothérapie

Coordonner et organiser ses interventions, pendant toute une année, sur un chantier de création d’un bassin de balnéothérapie en intérieur avec une chronologie dépendante d’autres intervenants, tel fut le défi relevé par Sidney Moreau et son équipe des Piscines Moreau.

Texte : Carine Dal Gobbo – Photos : Fabien Delairon 

Aménagement d’un nouvel espace 

« Ce projet est né de la demande de la clinique Mégival, située à Saint-Aubin-sur-Scie. Cette dernière souhaitait s’équiper d’un nouvel équipement dédié aux soins. Pour réaliser ce projet, la clinique a fait appel au cabinet d’architectes Artefact, à Rouen, pour concevoir et réaliser l’aménagement d’un sous-sol comprenant plusieurs unités, dont un bassin de balnéothérapie. » 

Un projet et des lots

« Comme dans toute construction, le cabinet Artefact a dû définir différents lots pour mener à bien ce projet, dont un lot commun comprenant la plomberie, le chauffage et la piscine. Réunir ces corps de métiers dans un même lot est compliqué. Il est toujours plus intéressant d’avoir des offres séparées, chaque lot étant ainsi uniquement responsable de sa propre intervention. Cette répartition a donc obligé le lot CVC (Chauffage, Ventilation et Climatisation) à trouver un pisciniste et à l’intégrer à son offre. Tempéria, une importante société de plomberie, chauffage et ventilation spécialisée dans la construction et l’installation de chauffage et dans le traitement d’eau et d’air, a été retenue par Artefact et le client final pour ce lot comprenant plomberie chauffage, traitement de l’eau, traitement de l’air et piscine. Tempéria nous a alors sollicités pour le projet. Par le passé, nous avions déjà été amenés à travailler avec eux. Nous avions, entre autres, réalisé un bassin de rééducation dans une RPA (Résidence pour Personnes Âgées) à Suresnes. Dans ce genre de projet, il y a une forte corrélation entre les différents corps de métiers intervenant. Nous avons été amenés à collaborer avec d’autres lots comme le lot électricité, plomberie, etc. Nous leur envoyions nos recommandations, nos besoins (diamètre de tuyau, dimension de câble). Sur le plan chronologique, c’est du lot maçonnerie dont nous étions le plus dépendants. »

Une indispensable collaboration 

«Nous en avons en effet beaucoup travaillé avec le maçon et cela, dès les premiers temps du chantier. Nous lui avons fourni, en amont, un plan de réservation complet indiquant les emplacements précis à respecter lors de la construction de la structure pour intégrer certains éléments du bassin. La piscine surélevée a été réalisée en agglos traditionnels à bancher. Pendant le montage, le maçon a procédé à l’ouverture des agglos, faisant des trous aux endroits que nous lui avions indiqués sur le plan de réservation préalablement fourni. Une fois les pièces en place (skimmer, bonde de fond, prise balai), le maçon a coulé le béton et ainsi rempli les agglos pour finir de sceller les éléments à la structure du bassin. Puis, la structure posée et les réseaux raccordés, le maçon a remblayé les tuyaux à l’extérieur du bassin. À l’intérieur, il a appliqué un enduit destiné à recevoir le revêtement que nous devions poser, à savoir une membrane armée dans ce cas précis. L’enduit réalisé, nous sommes venus vérifier dans les moindres détails toute la structure, les nez de marches, le tour des buses, toutes les pièces à sceller. Cette étape de l’enduit est très importante. La mise en eau du bassin et de la membrane armée ne permet aucune irrégularité du béton. La maçonnerie devait être parfaite, nous n’avions pas droit à l’erreur. Cette étape étant déterminante pour la réussite du chantier, nous sommes obligés d’être très exigeants avec le lot maçonnerie et, donc, de faire et refaire l’enduit autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que le béton soit parfait. Pour ce projet, le maçon était bon et n’a recommencé que 2-3 fois. A ce stade du chantier, c’est un bon score. Nous sommes parfois obligés de demander à des maçons de recommencer bien plus de fois que ça. »

Une année de chantier…

« Ce projet s’est déroulé durant toute l’année 2020. Nous avons procédé à la mise en eau du bassin le 30 décembre. »
Ce délai s’explique par la physionomie du projet.  « Nous n’étions, en effet, pas en charge de la réalisation du bassin dans sa totalité. Nos interventions étaient conditionnées par l’évolution et l’avancement du projet de construction et d’agrandissement. Nous sommes d’abord intervenus spécifiquement, avant la construction du bassin, pour installer la bonde de fond dont le maçon avait besoin. Quelques mois après (environ 4), il nous a fallu revenir pour mettre en place et fixer les pièces à sceller afin que le béton soit coulé. A la suite de cette étape, nous sommes venus passer, dans une tranchée, tous nos réseaux et raccorder toutes les buses. Une fois les tuyaux passés et raccordés au local technique, à 4 à 5 mètres de là, nous avons réalisé une mise sous pression en bouchant les tuyaux. Nous avons fait intervenir, en deuxième sécurité, une société agréée COFRAC pour garantir l’étanchéité des tuyaux. Elle a effectué une nouvelle recherche de fuite et nous a délivré un document COFRAC attestant de leur bonne étanchéité. Après nous être déplacés plusieurs fois pour vérifier l’enduit, nous avons accepté le support et validé la planéité de toutes les finitions. Nous avons alors posé la membrane armée en nous assurant que le bassin ne soit pas complètement étanche à ce moment-là et que de l’humidité se crée entre le bassin et le revêtement. Nous avions besoin que le bassin puisse évacuer l’eau de la condensation. C’est important, surtout pour ce type de bassin où l’eau est relativement chaude. Quelque temps plus tard, nous avons mobilisé une équipe pendant près de 3 semaines pour installer toute la filtration. En amont, notre bureau d’études avait défini les différents dimensionnements (pompe, filtre, canalisation). 

La qualité de la filtration est un élément très important d’une piscine, c’est d’autant plus vrai pour un bassin thérapeutique. Ce sont des bassins très fréquentés avec des utilisateurs qui font beaucoup de mouvements, qui restent assez longtemps dans une eau chauffée. C’est l’endroit parfait pour la prolifération de bactéries. Nous avions donc besoin que la filtration soit parfaite, il nous fallait respecter un débit réglementaire et adapter la vitesse. L’eau devait passer très lentement dans le filtre sur une surface de filtration importante. Nous avons installé deux filtres, surdimensionnés par rapport à la taille de la piscine pour parvenir à une filtration optimale. Au niveau des autres équipements, nous avons notamment installé un régulateur de pH et chlore, le TEREO Touch de Syclope. Toutes ces étapes nous ont obligés à intervenir sur une période longue, raison pour laquelle le chantier a duré une année. »

…la principale difficulté

 « Des problèmes sur des chantiers, tout le monde en a. En règle générale, nous en rencontrons peu. Nous avons de l’expérience, nous savons gérer. Sur ce projet, tout s’est très bien déroulé du début à la fin, c’était un bon chantier. Alors qu’il y a toujours des petits couacs, ça n’a pas du tout été le cas pour ce projet.

La seule difficulté fut finalement la perte de temps liée à la coordination de tous les corps de métiers. En général, étant donné que nous ne nous occupons que de la piscine, nous sommes très souvent, et malheureusement, considérés un peu comme le dernier maillon de la chaîne. Nous perdons aussi beaucoup de temps en réunions de chantier. Nous sommes là pour intervenir 5 minutes et nous y passons finalement 2-3 heures. Sur ce projet, tout le monde a été très compréhensif, ça s’est bien passé. Nous avons eu de très bonnes relations avec tous les acteurs. A noter que le cabinet d’architectes Artefact n’est pas un débutant en piscine. Nous avons déjà réalisé plusieurs projets avec eux. Ils sont conscients que la piscine n’est pas un lot à délaisser. Notre interlocuteur chez Artefact, Monsieur Bourdon, connaît les contraintes liées à notre métier. Artefact nous a mis davantage en avant qu’un architecte ne le ferait en général. »

Le temps de la formation

« En fin de projet, nous avons formé, pendant une demi-journée, toutes les personnes en contact avec le bassin : les kinés qui utilisent le bassin mais aussi la femme de ménage en charge de l’entretien des abords de la piscine. En effet, notre rôle ne s’arrête pas au traitement de l’eau, il englobe tout le périmètre autour de la piscine. Nous devons indiquer comment nettoyer le bassin, préciser quels produits utiliser, quel protocole suivre (comment désinfecter un pédiluve ?). Nous avons également signé un contrat d’entretien avec le client. Nous n’intervenons qu’une fois par mois, car la clinique possède un service technique qui passe contrôler l’activité du bassin au quotidien. Pour les plus petites structures n’en possédant pas et où le personnel doit être polyvalent (kiné, secrétaire, comptable et technicien), nous proposons un service de gestion dédié. Nous mettons en place un contrôle à distance grâce à l’Hydro Com de Syclope. Il permet à mon équipe de voir tous les matins ce qui se passe, nous pouvons savoir si les bidons de chlore ont été remplis, s’il y a eu une coupure de courant à 3h du matin, nous pouvons tout savoir sans avoir à nous rendre sur place. Ce service permet d’être très réactif. C’est un gain de temps, d’argent et d’activité. Ce sont des bassins qui doivent fonctionner toute l’année, en non-stop, où il y a beaucoup de gens qui les utilisent. Pour un kiné, le bassin est un outil de travail, s’il ne fonctionne pas, c’est comme si mes camions ne pouvaient pas rouler. »

Une belle reconnaissance 

« Nous continuons de collaborer avec le client final. Alors que la partie technique (chauffage) était jusqu’à présent gérée par Dalkia, la clinique Mégival a finalement préféré nous choisir alors que nous n’étions pas déjà présents sur le site contrairement à cette autre entreprise. »