Alors que l’InVS a publié les résultats intermédiaires de son enquête Noyades 2015, plusieurs médias ont répercuté des statistiques catastrophiques concernant les piscines privées. La réalité est bien plus nuancée. Plutôt que de véhiculer des discours alarmistes, il incombe à la presse d’analyser objectivement ces données. Nous vous proposons donc de décrypter ces premiers éléments chiffrés.
Texte : Benoît Viallon
L’Institut de veille sanitaire (InVS) réalise cette année une surveillance épidémiologique des noyades. Cette enquête triennale vise à appréhender le plus précisément possible toutes les noyades survenues en France entre le 1er juin et le 30 septembre 2015. La noyade se définit comme une “suffocation due à une immersion dans l’eau‿. Au sens strict, la noyade est suivie d’un décès. Mais, dans ces enquêtes, l’InVS emploie le terme de noyade au sens large, qu’elle soit suivie ou non d’un décès. Les noyades répertoriées sont celles qui ont nécessité l’intervention de secours organisés et débouché sur une hospitalisation. ##img7105##
Une accidentologie en forte hausse
Les résultats intermédiaires recensant les événements survenus entre le 1er juin et le 30 août 2015 montrent une augmentation évidente de l’importance des noyades accidentelles survenues dans une piscine privée (familiale ou à usage collectif). Au 30 août 2015, on dénombre ainsi 200 noyades dans les bassins privés, contre 159 pour les mois de juin à septembre 2012. Alors que depuis 2006, la part de noyades ayant eu lieu dans une piscine privée se réduisait, l’année 2015 fait à nouveau des bassins particuliers des lieux de baignade accidentogènes.
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De nouvelles populations à risque
Les résultats intermédiaires ne détaillent pas entièrement la répartition des noyades ni des décès en fonction de l’âge et du lieu dans lequel sont survenus les événements. Il est malgré tout possible de tirer un premier enseignement : malgré la hausse globale du nombre de décès en piscine familiale (52 contre 39 en 2012), le nombre d’enfants de moins de 6 ans concernés est quasi stable (12 contre 11 trois ans plus tôt). Les campagnes de sensibilisation sur la surveillance active des plus jeunes mais aussi le développement des équipements de sécurité rendus obligatoires par la loi de 2003 portent clairement leurs fruits. La proportion de décès concernant un enfant de moins de 6 ans est en baisse constante depuis 2004.
Comment expliquer alors les mauvaises statistiques pour les piscines privées ? Il semble que les seniors sont de plus en plus vulnérables. Entre le 1er juin et le 30 août 2015, 30 personnes âgées de plus de 65 ans sont décédées. En 2012, on n’en déplorait que 16. La sécurité des plus anciens mérite donc d’être considérée comme une problématique à part entière.
Il convient d’attendre les résultats finaux consolidés pour tirer des conclusions définitives de la saison 2015. Les fortes chaleurs apparues dès la mi-juin et un mois de juillet exceptionnel placent l’été 2015 au second rang des étés les plus chauds d’après Météo France. La fréquentation des bassins a donc été intense, ce qui peut expliquer en partie la recrudescence des accidents.
Dans sa version définitive, l’enquête Noyades 2015 permettra d’appréhender les circonstances dans lesquelles sont survenues les noyades.
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