Domaine de Séry (80)

Lorsqu’il est indispensable mais difficile d’installer une piscine enterrée et que l’on dispose d’un plan d’eau, pourquoi ne pas opter pour une piscine flottante ? Un pari relevé par le gestionnaire du domaine, confié à l’entreprise Desjoyaux Piscines.
Entretien avec Djamel TABTI, responsable des piscines collectives chez Desjoyaux Piscines

Le projet

Le Domaine de Séry, avec son parc de 5,5 hectares à Bouttencourt dans la Somme (80), abrite une abbaye du XVII^e siècle et un étang privé dédié à la pêche à proximité de la Bresle. Propriété de la communauté d’agglomération d’Amiens Métropole et géré par le Comité des œuvres sociales, il propose des hébergements de tourisme et de loisir en gîte, camping et chambre d’hôte.
C’est dans le cadre d’un projet de redynamisation du site qu’a été décidée la création d’une piscine.

La consultation

Le bâtiment étant inscrit aux monuments historiques, il était compliqué de construire une piscine enterrée sur le domaine. Fortuitement, c’est lors d’une visite du Salon du Touquet que la réponse s’est présentée au client sous la forme d’une piscine flottante Mobipool. Un concept qui l’a tout de suite séduit. Grâce à ce type de bassin, il lui était possible d’utiliser l’étang pour y installer « une véritable piscine fermée, filtrée et traitée, qui n’utilise pas l’eau du lac mais l’eau du réseau ». Une solution pour laquelle « nous sommes de plus en plus sollicités, explique Djamel Tabti, parce qu’il y a beaucoup d’étangs et de lacs qui deviennent impropres à la baignade ». La 1^re piscine flottante de la marque en France a été installée à Roquebrune-sur-Argens sur un étang devant un restaurant. Il en existe aussi une en Italie, posée entre des poteaux, capable de monter et descendre en fonction de la marée (variation de la hauteur d’eau de 3,8 m).

Une autre raison du choix de Desjoyaux a été que la technologie Mobipool lui permettait d’obtenir « un bassin évolutif » qui peut s’agrandir en ajoutant des pontons par exemple.

En dernier lieu, le fait de disposer d’un concessionnaire à proximité, capable d’intervenir rapidement en cas de problème, ne pouvait que contribuer à rassurer le client.

Le chantier

Entre la rencontre avec le client et la mise en eau du bassin, il n’aura fallu que quelques mois, d’octobre 2018 à début juillet 2019, dont moins de deux jours pour le montage de la piscine. En effet, sur ce type de projet, la nature du sol n’est pas une contrainte. Il n’est pas non plus nécessaire de passer par un bureau d’études, sauf pour la partie hydraulique. Il est essentiel de calculer les pertes de charge liées à la longueur des canalisations et de bien dimensionner la puissance du groupe de filtration et la longueur des câbles. « Nous n’utilisons que des groupes dimensionnés pour la piscine collective », précise Djamel Tabti.

Étape 1. Le curage de l’étang
Pour pouvoir installer ce type de bassin, le plan d’eau doit disposer d’au moins 1,7 mètre de profondeur. Cela pour éviter que le fond du bassin (1,20 m intérieur) ne touche le fond de l’étang.
« Une marge vraiment nécessaire. » Le plan d’eau n’ayant pas tout à fait la profondeur attendue, il a fallu le curer en enlevant de la terre. Une tâche exécutée par Eiffage avec une pelle pourvue d’un bras de 14 m de long.

Étape 2. Le local technique
Pour accueillir les installations techniques sur la berge, le client a opté pour un chalet en bois. Il s’est chargé de sa construction et de la pose des arrivées et évacuations d’eau, et a amené l’électricité jusqu’à ce local.

Étape 3. Livraison de la structure
La structure a été livrée par container depuis l’usine située en Thaïlande (la Mobipool a été inventée par Pierre-Louis Desjoyaux, frère du PDG actuel du groupe, et résidant à Phuket) directement chez le concessionnaire Desjoyaux et transportée ensuite chez le client avec l’ensemble de la filtration et des équipements nécessaires.

Étape 4. Installation de la structure
Pour l’installation de la piscine, il n’aura fallu qu’un jour et demi, du mercredi matin au jeudi midi. Cette piscine étant la seconde en France, une équipe Desjoyaux expérimentée est venue spécialement de Thaïlande pour former et assister l’équipe française.
La technologie Mobipool est basée sur un système de pontons en aluminium, de 2,5 par 1,25 mètre, recouverts d’un EPDM absorbant qui évite d’avoir de l’eau stagnante sur les plages. Ce sont ces pontons qui garantissent la flottabilité de la piscine et permettent de réaliser des bassins jusqu’à 200 m².
Le montage est réalisé depuis le bord du plan d’eau. Les pontons sont assemblés un par un et reliés entre eux par des sabots. La structure étant flottante, il suffit de faire tourner la piscine pour la monter. Dès qu’ils s’éloignent de la berge et doivent intervenir là où ils n’ont pas pied, les monteurs enfilent des gilets de sauvetage.

Étape 5. L’étanchéité du bassin
Avant d’accrocher la membrane en PVC armé sur le pourtour du bassin, des barres verticales et horizontales en inox sont accrochées tous les 2 mètres aux pontons.
Vient ensuite l’étape de l’accrochage du PVC armé choisi pour sa résistance et son élasticité.
L’une des particularités des piscines flottantes est que quand le niveau d’eau baisse dans le bassin, il reste égal dans leur skimmer et leur fond remonte, alors que dans les piscines enterrées c’est l’inverse.
Si on ajoute de l’eau, le fond vient épouser la forme de la piscine. Des flotteurs sont donc attachés au milieu du bassin afin de « permettre à l’exploitant de vérifier visuellement le niveau d’eau de la piscine ».

Étape 6. Accès et sécurité
L’escalier d’angle en inox est accroché aux pontons en aluminium grâce à 3 points de fixation. Des poteaux, toujours en inox, et des câbles sont fixés sur les pontons afin de former une barrière qui sécurise le bassin. Des réglettes de finition sont aussi posées sur les côtés des pontons.

Étape 7. Filtration et local technique
Vient alors le moment de poser le bloc de filtration intégrant l’aspiration, le refoulement et l’éclairage. Le chalet, de son côté, est équipé d’un coffret électrique, du système de traitement et d’une pompe à chaleur. « Il n’était pas nécessaire d’installer une PAC sur ce type de piscine, ajoute Djamel Tabti. La piscine flottante Mobipool est une piscine d’été. Elle n’est pas faite pour une utilisation en hiver. Mais le client voulait s’assurer de pouvoir l’utiliser en juillet et en août. »
Bassin et local sont ainsi reliés par deux tuyaux de diamètre 50, le premier pour amener l’eau vers la terre afin d’injecter le traitement et chauffer l’eau, le second pour la réacheminer vers la piscine. Un câble électrique en 12 V alimente les deux moteurs du bloc de filtration, le transformateur restant dans le local technique. Les tuyaux et le câble sont ensuite enfouis sous la berge.

Étape 8. Finitions et mise en route
Pour renforcer la flottaison de la piscine, des flotteurs de 1 m de long par 50 cm de large sont fixés sous les pontons. L’eau de l’étang est ensuite évacuée et remplacée par de l’eau du réseau.
Pour finir et afin de s’assurer qu’elle reste bien en place, des câbles d’amarrages sont tendus entre la piscine et la berge. Ne reste plus alors qu’à la mettre en route et former l’équipe du domaine.

Principales difficultés rencontrées

Sur ce chantier, la principale difficulté a été la profondeur de l’étang. « Il a fallu sonder le fond pour être sûr d’avoir la bonne hauteur d’eau. Nous ne pouvions pas être certains que l’entreprise avait bien atteint la bonne profondeur », raconte Djamel Tabti.

L’autre difficulté a été l’accès au domaine qui ne pouvait se faire que par un tout petit pont. « Cela nous a obligés à tout déposer à l’entrée du domaine et à faire des allers-retours avec le Fenwick. »

Le bilan

L’installation de cette piscine flottante a suscité de bons retours de la part des clients du Domaine de Séry sur cette première saison et a généré beaucoup d’articles de presse, la métropole d’Amiens ayant fait en sorte que l’événement bénéficie d’une bonne couverture médiatique. À suivre donc.

Texte : Sébastien Carensac