À 36 ans, et après une reconversion réussie, Cédric a signé, début juillet, son premier CDI dans l’entreprise Le Comptoir de la Piscine, celle-là même où il a effectué son apprentissage. Un changement de trajectoire payant et à la clé un métier en accord avec ses aspirations pour celui qui, un jour peut-être, s’installera à son compte.
Il aurait pu devenir rugbyman si…
« Mon parcours professionnel est atypique dans la mesure où j’ai exercé plusieurs métiers avant de réellement trouver ma voie. Adolescent, je pratiquais le rugby. J’ai même intégré une section sport-études rugby au collège Jean Rostand de Mont-de-Marsan. Malheureusement, après plusieurs blessures, j’ai compris qu’une carrière dans ce sport ne serait pas envisageable. Comme j’adorais les maths, je me suis orienté vers une filière comptabilité et j’ai obtenu mon BTS. Je n’ai pourtant jamais exercé comme aide-comptable dans un cabinet comptable, une entreprise ou une collectivité. J’ai déménagé en Corrèze et pendant quatre ans, j’ai travaillé dans une société de pompes funèbres, comme marbrier et porteur. De retour dans les Landes, j’ai pris un virage professionnel à 360° et je suis devenu aide-soignant pendant deux ans. Comme j’allais devenir papa, j’ai opté pour la sécurité d’un CDI, de nouveau dans une entreprise de pompes funèbres, à Villeneuve-de-Marsan. C’était difficile émotionnellement parce que j’assistais aux enterrements de personnes que je connaissais et je n’ai pas tenu plus de trois ans. »
Comment un projet personnel a décidé de son avenir professionnel
« J’ai envisagé de construire une piscine chez moi et je me suis donc documenté. J’ai étudié toutes les options possibles, je me suis renseigné sur les travaux à réaliser, les différentes phases, le coût… Et plus j’avançais dans mes recherches, plus le métier de piscinier me rappelait le monde du marbre et mon expérience de marbrier. On peut donc dire que je dois ma reconversion à mon envie d’avoir ma propre piscine. Ensuite, tout est allé très vite. Mi-juillet 2021, c’était un mercredi, j’ai contacté madame Lydie Vollante, au Greta pour lui faire part de mon intention d’entrer en apprentissage chez un piscinier ; elle m’a précisé que j’avais jusqu’à fin août pour décrocher mon contrat d’apprentissage, elle-même ne pouvant pas m’être d’une grande aide car à Mont-de-Marsan, les pisciniers n’étaient pas nombreux. Je pense avoir eu beaucoup de chance parce que je n’ai postulé que dans une seule entreprise, Le Comptoir de la Piscine. Et ma candidature a été immédiatement retenue. Je me suis ainsi retrouvé apprenti à 34 ans. »
Retrouver le rythme scolaire
« Pendant toute la durée de l’apprentissage, j’ai alterné quatre semaines en entreprise et deux semaines au lycée des Métiers du Bâtiment Jean Garnier, à Morcenx. J’avais l’âge des pères de certains jeunes apprentis mais me retrouver en cours avec eux ne m’a pas posé de problème particulier. Je ne les côtoyais que pendant la journée, le soir, je ne m’attardais pas avec eux parce que j’avais déjà une famille et une vie différente de la leur, moins insouciante. Je n’avais plus le droit à l’erreur et j’avais enfin trouvé le métier que je voulais exercer sur la durée. Se réadapter à un rythme scolaire n’a pas été évident, j’avais quitté les bancs de l’école depuis longtemps mais avec le recul, je garde plutôt un bon souvenir de ces semaines de cours. »
Dans le grand bain
« À l’heure du bilan, je constate qu’il est très positif. Le Comptoir de la Piscine est une entreprise importante à Mont-de-Marsan. Elle compte une dizaine de collaborateurs, une centrale d’achat à Metz avec environ trente personnes et plusieurs autres boutiques dans d’autres communes. Je me suis tout de suite adapté au milieu dans lequel j’avais décidé d’évoluer, j’avais la maturité nécessaire, la volonté de réussir et j’ai mis toutes les chances de mon côté pour y parvenir. Bien sûr, je suis plus à l’aise dans certains domaines comme l’hydraulique, l’étanchéité et l’électricité. Le traitement de l’eau me donne davantage de mal mais je m’accroche et je sais que je vais y arriver. En règle générale, je gère mieux les aspects pratiques que théoriques et le traitement de l’eau comporte pas mal de théorie.
Début juillet, j’ai signé mon CDI chez Le Comptoir de la Piscine. La conclusion de deux ans d’apprentissage et la certitude que je ne me suis pas trompé dans le choix de mon métier. J’aime travailler en plein air – passer une journée entière assis derrière un bureau, ce n’est pas pour moi -, j’aime le contact avec les gens, mes collègues comme les clients et j’aime l’idée de partir de rien, un terrain brut et d’y créer une piscine. Je garde bien sûr l’idée qu’il faut faire le maximum pour minimiser l’impact environnemental.
J’ai branché les filtrations de ma piscine personnelle sur des panneaux photovoltaïques, c’est un petit geste mais aujourd’hui, tous les gestes comptent. »
Meilleur souvenir
« Le jour où j’ai réussi à poser mon premier liner tout seul, j’étais fier de moi ! C’est une opération qui demande du temps, de la concentration et beaucoup de méticulosité.
J’ai participé au concours « Un des meilleurs apprentis de France – Métiers de la Piscine 2023 ». Les épreuves se sont déroulées le 24 avril dernier dans l’établissement où j’ai suivi les cours, à Morcenx. J’ai obtenu la médaille « Or » niveau départemental et « Argent » niveau régional. La remise des prix s’est faite en deux temps, à Bordeaux d’abord, à Mont-de-Marsan ensuite. Cela a mis en quelque sorte un point final à ma vie d’apprenti. »
Propos recueillis par Cécile Olivéro