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Quentin Pontonnier : « Le BP Piscine est un vrai sésame »

par laurence

Australie, Saint-Barthélemy, La Réunion, Quentin Pontonnier est un ambassadeur du savoir-faire français de la piscine dans le monde. Apprenti de la promotion 2013/2014 du BP Métiers de la piscine de Pierrelatte, il est guidé par la passion d’un métier transmis qu’il promeut à son tour au fil de ses diverses expériences de technicien.

La naissance d’une passion

« Je possède un BEP, un BAC PRO et un BTS, 3 diplômes effectués en apprentissage dans le domaine de l’aménagement paysager. Avec une maman fleuriste, je passais mon temps à l’extérieur. À la suite de mon BTS, j’ai voulu me spécialiser dans le dessin de projets paysagers au sein d’un BE, mais malheureusement, aucune entreprise ne souhaitait me recruter.
En 2013, l’un de mes meilleurs amis m’a parlé du BP Métiers de la piscine dispensé au centre de formation de Pierrelatte. En juillet, je me suis renseigné auprès de l’IFIR, l’organisme en charge de la formation. Par chance, il restait encore une place. Pour l’intégrer, il me fallait trouver une entreprise.
Ce BP est magique ! Des entreprises, les mêmes que j’avais contactées lors de ma précédente recherche, m’ouvraient, cette fois-ci, grand la porte de l’apprentissage. À l’époque, tout comme aujourd’hui, un apprenti piscine était très recherché. C’est là que j’ai réalisé l’importance de cette formation. Le BP Piscine est un vrai sésame.
J’ai eu la chance d’étudier au lycée Gustave Jaume de Pierrelatte. Une école qui m’a beaucoup apporté et appris un métier polyvalent. Je garde de très bonnes relations avec des copains de ma promotion ainsi qu’avec l’équipe pédagogique, Manu, Christelle, Gérard Hourdiarne, Alain Bernard, Mme Ageorges, etc. Ces professionnels sont devenus mes amis après avoir été mes professeurs, je les remercie de m’avoir transmis la passion de la piscine. C’est une famille, je suis fier d’en faire partie, aujourd’hui en tant que professionnel.
J’ai effectué mes deux années d’apprentissage au sein de l’entreprise de paysage Tarvel, située près de Lyon. C’était une super expérience. Tarvel est une très belle entreprise qui possédait, à l’époque, un pôle dédié à la piscine avec une dizaine de techniciens. »

La French (piscine) Touch

« Fort de mes deux ans d’apprentissage, et sans même assister à ma remise de diplôme, je suis parti vivre en Australie pendant 1 an et demi. Cette destination me faisait rêver depuis toujours. Je suis parti avec 3 objectifs : apprendre l’anglais, exercer mon métier sur « les piscines d’ailleurs » et parcourir le pays.
J’ai eu énormément de chance car dès la première semaine j’ai trouvé un travail, alors que je ne parlais pas anglais. J’ai répondu à une annonce sur internet, envoyé mon CV que j’avais préalablement traduit et le patron m’a appelé.
Conscient que je ne parlais pas la langue, il m’a fixé un rendez-vous au cours duquel il s’est servi de Google Traduction pour que nous échangions l’un avec l’autre à l’aide de l’ordinateur que nous nous passions. Notre entrevue a duré ¼ d’heure et s’est clôturée sur une poignée de main et une proposition de job qui débutait le lundi suivant.
Au bout de 2 jours d’essai, mon patron a considéré que j’avais fait mes preuves et m’a confié les clés d’un camion, une tablette, un GPS pour que je me rende chez les clients de manière autonome. J’avais la charge de l’entretien d’un parc de piscines au 3e jour seulement de mon embauche.
L’Australie, c’est le pays qui a inventé l’électrolyseur. C’est là que se sont implantées de très grandes marques de piscine (Davay, Monarch, etc.). J’y ai découvert la forme libre « à l’américaine » avec un silico marbreux, que les Australiens apprécient beaucoup. J’y ai acquis énormément d’expérience.
Là-bas, les gens accordent leur confiance plus facilement aux personnes qu’ils ne connaissent pas. Ce n’est pas le cas en France. On ne confierait sans doute pas la gestion d’un parc de piscines aussi rapidement à quelqu’un qui ne parle pas la langue.
Avec le recul, j’ai regretté de ne pas avoir assez écouté les cours d’anglais à l’école parce que ça a été très difficile les premiers mois, de ne pas arriver à me faire comprendre. Mais fort heureusement, le fait que je sois français a été un atout, car notre French Touch est très appréciée.
Je suis toujours en contact avec mon patron avec lequel j’ai noué des liens. Me sachant seul, il m’avait invité à passer Noël en famille. C’est un pays bienveillant qui m’a ouvert ses portes, on m’y a aidé, accompagné. Ça reste encore aujourd’hui ma plus belle expérience. »

Un besoin d’autonomie

« Alors que j’étais en road trip en Australie, j’ai reçu une proposition de travail de l’entreprise PoolCop qui recherchait un profil bilingue pour installer et entretenir ses produits. Je suis alors rentré en métropole et je me suis installé un an et demi dans le Luberon. C’était une très belle expérience.
Par la suite, j’ai rejoint ma famille dans la région lyonnaise et j’ai travaillé quelques mois chez un piscinier où j’ai beaucoup appris sur la construction. C’est à cette époque que j’ai réalisé que ce qui me plaisait le plus, c’était d’être auprès du client, l’accompagner dans la gestion de son bassin. J’ai travaillé en tant que technicien piscine dans un hôtel 5 étoiles qui comprenait une vingtaine de piscines allant jusqu’à 110 m3 avec spa. Ils avaient besoin de quelqu’un qui connaissait vraiment bien le métier car ils utilisaient des systèmes de pointe fonctionnant à l’UV et à l’ozone. Là-bas, j’ai vu les plus belles piscines de ma carrière. J’ai un profil autonome et indépendant, j’aime travailler seul.
Et c’est de cette manière que je travaille actuellement, en tant que technicien piscine à La Réunion, pour une entreprise qui possède deux magasins. Je couvre l’ouest de l’île avec un second technicien. Au total, nous entretenons 250 piscines. Ce parc comprend nos clients, ainsi que les personnes qui viennent en magasin pour des renseignements.
Je me rends chez des clients qui rencontrent des problèmes (dysfonctionnement d’appareil, eau verte, fuite, etc.) Je me déplace en camion où se trouve tout mon nécessaire pour réparer n’importe quelle piscine ; je peux ainsi assurer 90 % des dépannages. J’interviens chez 4 à 6 clients par jour, tout dépend de la nature du problème, dont je connais, par expérience, la durée (horloge de piscine : 15 min, changement de filtre : 3 h si plomberie).
Je gère mon planning, je suis autonome et j’adore ça. C’est génial parce que j’apprends tous les jours. C’est ce qui me donne l’envie de me lever le matin. À chaque installation d’un nouvel appareil, j’aime ouvrir la notice et découvrir son fonctionnement. Je suis toujours dans l’apprentissage.
Je n’hésite pas à recontacter mes anciens professeurs pour me faire (re)former sur des aspects du métier, comme par exemple l’électricité. J’échange notamment avec un groupe fermé sur Facebook dédié* à la piscine lorsque j’ai une problématique à résoudre.
Il ne faut pas être fermé ou buté. La piscine évolue tous les jours. C’est le cas avec la domotique et des systèmes perfectionnés. Je veux toujours consulter d’autres avis, d’autres points de vue pour m’améliorer. »

*L’info pour les pros par l’activité Piscine

D’apprenti à professeur ?

« Deux de mes meilleurs souvenirs se sont déroulés à deux époques de ma vie. Le premier remonte à mon apprentissage. En entreprise, j’avais participé à un chantier d’une piscine miroir à débordement. On en était aux débuts de la piscine miroir, il s’agissait d’une prouesse technologique et technique. J’étais fier. D’autant que cette piscine fit, quelque temps plus tard, la couverture d’un magazine.
Le second, c’est lorsqu’on m’a proposé d’être membre du jury de l’examen du BP piscine de l’UFA de Grasse. Le centre avait fait appel à moi en tant que professionnel. Je me suis retrouvé de l’autre côté alors que j’étais à la place des apprentis 3 ans auparavant. C’était incroyable. Je serais ravi de le refaire d’autant que je suis un sacré piégeur. (Rires) »

 Un technicien à la page

« Aujourd’hui, les gens se tournent vers la concurrence alors qu’avant, ils faisaient confiance à leur piscinier. Ils ont tendance à aller naturellement au moins cher dans les enseignes piscines, qui se sont multipliées. Ils ne pensent pas forcément à nous appeler tout de suite.
Un technicien piscine se doit de bien conseiller le client sur la nécessité d’utiliser des produits de bonne qualité et des équipements fiables dans le temps. Il faut arriver à lui faire comprendre que notre parole et nos avis sont importants car nous connaissons le marché. Je conseille les clients comme si leur piscine était la mienne.
Pour cela, le technicien piscine doit être à la page des tendances, des innovations comme la domotique, qui est comparable à un autre bien de consommation : la voiture électrique. Personne n’en avait et aujourd’hui, tout le monde en veut une. La domotique, c’est pareil, ça faisait peur mais dorénavant la clientèle est de plus en plus prête. Nous sommes tous contents de pouvoir éclairer notre piscine depuis notre téléphone. Le technicien doit être à l’écoute de ces évolutions, de ce qui se fait dans la piscine aujourd’hui. C’est mon côté technicien qui me rend curieux, qui me pousse à creuser. Je m’amuse à chercher pour trouver les solutions pour réparer. Je me tiens informé grâce à votre magazine.
Personnellement, je suis très concerné par les enjeux économiques et écologiques de la piscine. Je rêve d’une piscine pas trop énergivore, alimentée par l’eau de récupération, avec un local technique fonctionnant à l’énergie solaire, respectueuse avec un traitement qui ne nécessite pas des bidons et des bidons de plastique, et dont l’eau rejetée soit la plus propre possible lors d’un backwash.
Cette prise de conscience existe déjà, mais les professionnels (pisciniers et fabricants) doivent se pencher encore plus sur ces questions et proposer davantage de produits qui durent dans le temps, pour éviter la surconsommation. »

Tenter sa chance

« Être piscinier, c’est une niche, un super métier manuel et utile, pour lequel il y a de la demande. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas plus de personnes qui se lancent. Il y en aura toujours besoin, comme les croque-morts. (rires) Aujourd’hui, c’est de la construction et de la rénovation. Dans 10 ans, ce sera autre chose. Une piscine, c’est vivant comme un jardin.
Les écoles devraient promouvoir cette voie auprès des jeunes.
J’encourage ceux que je connais à choisir la voie de l’apprentissage. À 16 ans, tu gagnes en autonomie en te payant ton permis, ta voiture, tes sorties, etc. Le seul risque que tu prends, c’est de trouver un métier qui te passionne.
Notre métier est un passeport pour aller travailler partout dans le monde. Je conseille à tous les jeunes de partir voyager. Il y a tellement de choses à voir et à faire. J’ai travaillé en tant que technicien maintenance dans un hôtel à Saint Barthélemy grâce aux compétences acquises lors de mon apprentissage (électricité, plomberie, etc.). Je ne touchais pas aux piscines à ce moment-là. Mais avec le temps, je me suis fait une place et une réputation, et grâce à des contacts, j’ai trouvé un poste de technicien piscine dans un hôtel 5 étoiles qui comprenait une vingtaine de piscines allant jusqu’à 110 m3 avec jacuzzi. Ils avaient besoin de quelqu’un qui connaissait vraiment bien le métier car ils utilisaient des systèmes de pointe fonctionnant à l’UV et à l’ozone. Là-bas, j’ai vu les plus belles piscines de ma carrière. Je travaillais à mi-temps à l’hôtel et en parallèle, je créais mon entreprise en tant que technicien piscine et proposais mes interventions. Le soir, j’étais voiturier. Je n’ai jamais autant travaillé. Il est vrai que je suis un peu hyperactif. (rires).
Je suis guidé par la passion. Ma motivation première est d’aimer ce que je fais dans une entreprise que j’apprécie. Je pense qu’il faut se sentir bien pour bien travailler.
J’ai acquis en confiance en voyageant grâce à mon diplôme. Il faut s’investir dans cette formation, participer à des concours comme celui du meilleur apprenti, pour exceller et se distinguer. Avec un BP Piscine, ce n’est pas possible de ne pas trouver un travail. Il faut frapper aux portes. Bien sûr, partir à l’étranger, ce n’est pas simple. Il faut pouvoir quitter sa famille, ses repères. L’important, c’est d’oser. »

Un métier à partager

« Aujourd’hui, je veux continuer à exercer mon métier comme je l’entends. J’ai la chance de partir, tous les matins, au boulot en me disant que je vais apprendre de nouvelles choses.
J’ai encore envie de voyager. Je prévois de partir un jour m’installer en Polynésie. Trouver l’île et m’installer pour y travailler. Je rêve d’entretenir les piscines des hôtels sur pilotis ! À bon entendeur !
On peut suivre sur les réseaux sociaux* sur lesquels je publie les piscines que j’entretiens ou que je construis. La piscine, c’est beau, mais je tiens à montrer aussi l’envers des décors paradisiaques. Quand je dis que je suis piscinier, les gens pensent que c’est la belle vie. Mais c’est aussi des canalisations dans des tranchées, un travail manutentionnaire, beaucoup de poussière. Ce n’est pas toujours glamour. Il y a des journées pénibles, moins intéressantes. J’aime partager mon quotidien. J’essaie de tout faire pour me donner les moyens de réaliser mes rêves et mes envies. »

*Instagram de Quentin : Kantin_pool_boy

Texte : Carine Dal Gobbo

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