Home Rencontres COVID-19 – Nextpool : notre intérêt commun est de fournir une réponse aux clients

COVID-19 – Nextpool : notre intérêt commun est de fournir une réponse aux clients

par cdalgobbo
Interview de Patrick Negro et Julie Bertheas, Nextpool

Quelle a été votre réaction lors de l’annonce du confinement ?

La surprise voire la sidération. Personne n’avait anticipé la violence de cette crise et les mesures qui en découleraient. Le mot d’ordre a été de tenter de garder la tête froide, d’essayer d’analyser la situation, de se plier très vite aux recommandations sanitaires et de faire en sorte que les équipes agissent avec discernement malgré les messages contradictoires qui nous arrivaient.
Dès le 1er jour, nous avons mis en place une cellule de crise au sein du comité de direction qui s’est réuni plusieurs fois par jour pour réagir le plus efficacement possible. À l’annonce du confinement, nous avons mis en télétravail ceux qui le pouvaient, les autres ont été incités à rester chez eux. Nous avons consulté en interne le CHSCT et les représentants du personnel pour partager nos informations et prendre ensemble les décisions nécessaires. Nous avons très vite décidé d’arrêter nos activités pour quelques jours, le temps d’organiser sur chacun de nos sites un groupe de travail opérationnel chargé de mettre en place localement un protocole et toutes les conditions d’hygiène (protections, gestes barrières, organisation, gel, etc.) nécessaires à une reprise partielle d’activité.
Nous avons mis en place une veille pour comprendre ce que nous avions la possibilité de faire ou non. La Fédération nous a bien aidés par la qualité des informations diffusées. Et quand nous avons été sûrs d’avoir les bonnes réponses, nous avons annoncé le 1er avril la reprise de notre activité. Les clients ont compris nos décisions.

Comment avez-vous organisé cette reprise d’activité ?

Nous avons veillé à la bonne compréhension et au respect par tout le monde des mesures mises en place pour la sécurité : port du masque, respect des distances de sécurité, plaques de plexiglas, gel désinfectant sur chaque poste, pauses régulières dans la journée et nettoyage des postes au moment du changement d’équipe, aménagement des horaires… Cela nous a contraints à réduire l’activité.
Les collaborateurs en télétravail ont été tout de suite très professionnels, y compris ceux qui n’en avaient pas l’habitude. Nous leur avons ensuite proposé une assistance sous forme de tutoriels. Cela concerne les services marketing et informatique, une partie du SAV et de l’administration des ventes, l’équipe commerciale. Le comité de direction a continué d’assurer une présence physique sur les sites. La 2e semaine de reprise, les responsables de site ont pris le temps d’appeler les personnes en difficulté.
L’équipe de direction a agi avec sang-froid grâce aux séminaires de gestion de crise suivis depuis 2 ans qui ont permis d’acquérir certains réflexes. La situation a été gérée de façon dynamique, efficace et bienveillante. Les décisions ont été bien comprises par les équipes même si la peur a modifié certains comportements. Tout a été fait sur la base du partenariat et du volontariat, et bien souvent, ce
sont les personnels qui se sont manifestés pour prendre part à l’activité et se rendre utiles.
Nos équipes se sont montrées professionnelles, solidaires et engagées. Certains ont même pris l’initiative de fabriquer des visières de protection et des masques grand public dans nos ateliers.

Quelles contraintes avez-vous rencontrées ?

Il a fallu gérer tous les fronts en même temps. En amont, des échanges nécessaires avec nos fournisseurs pour voir ce qu’ils pouvaient nous livrer. En aval, gérer les contraintes logistiques avec des livraisons perturbées et trouver des solutions d’enlèvement sur nos sites avec des dispositifs d’accueil façon « drive ».
Il nous a fallu gérer l’humain, organiser l’intérim, le chômage partiel – cela a demandé beaucoup de réactivité et de flexibilité, avec des directives du ministère du Travail fluctuantes et parfois contradictoires –, organiser les postes et les plannings de travail pour limiter le nombre de personnes présentes et prioriser les commandes tout en informant les clients en direct.
Et bien sûr gérer le moral des troupes et rassurer ceux qui étaient préoccupés par leur santé et celle de leurs proches ou inquiets des changements dans nos méthodes de travail…
Les mois d’avril et mai sont les mois sur lesquels la consommation de cash est la plus forte dans notre activité saisonnière. Il a donc fallu sécuriser notre organisation en ayant un recours rapide au PGE afin d’être en mesure de respecter l’ensemble des règlements fournisseurs et de soutenir la filière.
Les contraintes ont été sévères sur notre site madrilène, qui a été durement touché. L’Espagne a imposé un confinement plus strict qu’en France avec un arrêt obligatoire de toutes les activités non essentielles. Le redémarrage économique sera plus lent qu’en France.

Comme cela se passe-t-il aujourd’hui ?

Nous sommes dans une phase de maintien de l’activité. Chaque journée est différente. Nous avons potentiellement les moyens de dépasser le seuil actuel mais nous essayons de conserver un niveau d’activité qui tienne compte des possibilités de nos équipes tout en limitant les risques sanitaires. L’ensemble de la chaîne est loin d’être rétabli, les ruptures de matières premières sont constantes et il va falloir du temps avant que la situation revienne à la normale.
Sur chaque site, des personnes sont chargées d’identifier toutes les solutions possibles pour fluidifier le traitement des commandes entre leur réception, leur fabrication et leur départ chez le client. Mais la mise en place des mesures sanitaires a un coût important en termes de productivité. Notre responsabilité sociale et sanitaire sera fortement et durablement mise à contribution.

Comment préparez-vous l’après-confinement ?

Nous préparons un plan de reprise qui nous permette de mesurer notre capacité à répondre à la demande tout en veillant à la sécurité des équipes. Mais les incertitudes sont encore nombreuses, et à quel volume d’activité s’attendre ? Cela implique que nous nous organisions le plus possible en amont pour que les ateliers soient prêts à traiter les commandes déjà identifiées tout en gardant une marge de manœuvre suffisante pour répondre à la forte demande attendue lorsque les pisciniers vont reprendre leurs chantiers. Et ce en gérant des temps de repos pour nos équipes.
Les projets de développement se poursuivent. Nous avons par exemple accéléré le développement de notre outil de commande en ligne avec une version plus ergonomique pour gagner en temps, fluidité, sécurité et efficacité.
Nous faisons appel à l’engagement des équipes : augmentation des horaires de travail pour les mois à venir, équipes en 2 × 8, travail les jours fériés et samedi matin lorsque c’est possible. Nous étudions aussi les possibilités de recrutement et de formation pour renforcer notre capacité de production en sur-mesure mais c’est difficile.

Quels retours avez-vous de vos clients ?

Heureusement la majorité des pisciniers a conscience des contraintes et préoccupations que nous partageons. Cela facilite les échanges. La pression monte mais chacun fait de son mieux. Notre intérêt commun est de fournir une réponse à leurs clients, de construire leur piscine, de leur apporter du confort. Ils le comprennent même s’ils ont des exigences. Ce qu’ils veulent surtout, c’est être informés de manière fiable et recevoir les produits afin de pouvoir facturer et encaisser du chiffre d’affaires. Certains pisciniers vont connaître des difficultés avec les assureurs crédit.
Et l’incertitude actuelle sur les délais de traitement des permis de construire fait exploser la demande de piscines hors sol dans certains pays.
Le confinement semblerait avoir un impact positif sur la demande si toutefois une crise de pouvoir d’achat ne vient pas pénaliser lourdement les ménages. Mais quel impact sur les ventes d’équipements additionnels de printemps et sur les signatures de nouveaux bassins pour l’automne ?

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