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SCP Europe « La démocratisation effrénée de la piscine pourrait être un danger »

par laurence

Entretien avec Jean-Louis ALBOUY, General manager de SCP Europe

SCP Europe après 2 années de covid ?

Jean-Louis Albouy : « J’ai pris mes fonctions en janvier 2021. Mon intégration a été facilitée par mes connexions avec l’équipe de Paris pour l’organisation et les échanges nécessaires à la préparation de la saison 2022, avec les fournisseurs que je connais tous bien et depuis longtemps, avec les responsables régionaux des pays avec lesquels j’échangeais déjà auparavant et avec le siège aux États-Unis. Le groupe POOLCORP a changé, avec la nomination, il y a trois ans, de Peter Arvan au poste de CEO. Il m’a demandé dès ma nomination de travailler sur un plan stratégique pour SCP Europe pour les 5 prochaines années. Le covid a facilité mon travail et m’a permis de me concentrer sur les études de marchés et sur l’organisation à venir. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 184 millions d’euros en 2020 (+23 % / 2019). En 2021, notre croissance est de +40 % sur l’Europe à paramètres équivalents. Le nord de l’Europe a une plus forte croissance notamment en valeur ajoutée, plus faible dans le sud, principalement liée à l’impact touristique.
Nous sommes parvenus à assumer cette croissance grâce à notre relation de longue date avec nos partenaires et ce malgré tous les évènements subis, incendies, transports bloqués… Notre enquête de satisfaction client a d’ailleurs démontré que la qualité de nos services s’était améliorée sur la période. Je tire mon chapeau à nos fournisseurs et à nos équipes et je remercie nos clients qui nous ont écoutés, ont compris la situation et se sont adaptés. Tous ont été solidaires.
L’ensemble de la chaîne a subi les conséquences de cette crise.  Même s’il n’y a pas eu de casse particulière, l’impact psychologique est certain. Les gens sont fatigués. On leur en a demandé beaucoup. Il faut être innovant sur le social pour maintenir le lien et l’ambiance au travail. 2021 était plus positif que 2020 en termes de sentiment d’insécurité. En 2022, on ne peut qu’aller vers du mieux. »

Quel impact a eu le covid sur les pisciniers ?

« SCP c’est environ 14 000 clients en Europe. Il y a eu peu de casse mais il risque d’y en avoir dans les prochaines années. Quand les bilans vont tomber, avec l’impact des augmentations tarifaires et des non-corrections de devis sur les marges, les résultats des entreprises seront peut-être surprenants ! Les problèmes de délais de plus de 12 semaines sur la livraison de liner, par exemple, peuvent avoir engendré des retards de paiement des consommateurs. Il est indispensable pour la profession de travailler sur des devis à 15 jours et non plus à 6 mois, particulièrement en ce moment. »

Quelle est la stratégie de SCP pour les prochaines années ?

« Pendant cette année 2021, j’ai pu dresser un constat réel du marché, de notre positionnement et de nos parts de marché, par activité, dans chaque pays européen, et observer les tendances. Le constat est que la construction bat son plein depuis plusieurs années avec un marché dynamique sur lequel il y a encore beaucoup de potentiel. La piscine s’est énormément démocratisée, avec des solutions industrialisées packagées qui représentent le gros du marché et un prix d’accessibilité toujours performant à moins de 25 000 euros. Près de 150 000 piscines ont été construites en Europe en 2021. La croissance devrait se poursuivre avec 100 à 110 000 bassins à construire en moyenne sur les prochaines années. La différence majeure est que les terrains se réduisent ainsi que la taille des piscines. Je m’amuse à dire que notre premier concurrent aujourd’hui est le potager qui prend des m2 dans le jardin ! Le marché de la maintenance s’alimente seul, avec 5,5 millions de piscines enterrées en Europe, et de nouvelles solutions d’éclairage, de chauffage, de nettoyage et de traitement de l’eau…
Celui de la rénovation est colossal avec quasiment 400 000 bassins rénovés chaque année en Europe. Dans notre package, nous allons développer l’offre de piscine hors-sol et de spa, un marché qui va continuer à se développer. Notre croissance a été de 42 % sur le spa mais il est compliqué d’obtenir des chiffres précis en raison des volumes stockés dans le circuit de distribution. Ce qui est certain c’est que la demande est forte, soutenue par celle en spas gonflables qui se sont écoulés à plus de 500 000 exemplaires en Europe. Notre stratégie consiste également à développer notre présence dans les zones de chalandise fortes avec une organisation de proximité pour nos clients. Nous avons 17 agences en Europe dont 8 en France. Nous ouvrons une agence à Nancy début 2022, avec 14 personnes (SAV, technique, commercial, direction) qui va servir de base régionale pour livrer les comptoirs locaux du nord-est et du nord de la France, auparavant couverts par les agences de Lyon et Tours. Nous disposerons ainsi de plus d’espace et de capacité pour fournir ces marchés dynamiques et pas encore démocratisés, où sont pourtant réalisées de très belles piscines.
À l’horizon 2023, notre objectif est de disposer de sites dans la quasi-totalité de nos pays européens, soit en les créant, soit en réalisant des acquisitions, pour atteindre 25 % de part de marché dans chacun d’eux.

À moyen terme, nous avons un plan de remise à plat total de la chaîne logistique mondiale. Nous allons réaliser d’énormes investissements dans les nouvelles technologies et faire évoluer notre organisation opérationnelle pour développer les synergies entre les 395 agences de SCP monde et bénéficier de l’expérience des États-Unis.
Nos outils informatiques vont également évoluer avec un nouvel ERP qui sera bientôt opérationnel incluant logiciel de gestion et tout ce qui va autour, y compris Pool360 dont une nouvelle version sera lancée prochainement. Un outil qui connaît une forte croissance dans son utilisation, poussée par le covid et l’arrivée d’une nouvelle génération de pisciniers.

Nous poursuivons nos investissements dans la qualité de notre SAV, même si les deux dernières années ont été compliquées en termes de ressources humaines. Dans chaque agence nous assurons de l’après-vente et de la réparation. Nous avons ouvert à Lyon une nouvelle plateforme centralisée pour les pièces détachées de tous les fabricants du marché.
Nous avons renforcé le recrutement à tous les échelons de l’entreprise et sommes en train d’homogénéiser notre organisation dans toute l’Europe tant en termes de statut que de management. Deux personnes ont été recrutées pour travailler sur le talent management.
Nous allons également insister sur la qualité de la formation de nos équipes et de nos clients qui doivent disposer des savoirs de base de notre métier et de la piscine. Nos formations sont certifiées Qualiopi depuis leur lancement. Il est impératif que les pisciniers suivent des formations certifiées et qualifiantes. Il faut que la formation soit pilotée par la fédération, qui pourrait décider qui peut former ou pas. Avec la démocratisation de la piscine, notre marché intéresse de nombreux segments de distribution comme les marchands de matériaux ou les magasins de bricolage, très forts en France et en Espagne, qui vont offrir des packages piscine à des consommateurs soi-disant aguerris. Cette démocratisation effrénée pourrait être un danger et dévier les clients de notre marché professionnel vers d’autres marchés. La formation a donc tout son sens à condition d’être régulée, formalisée et structurée. »

Comment pensez-vous que le marché de la distribution va évoluer ?

« À chacun son métier. Nous sommes des « long termistes » et nos grands clients aussi. Le travail en direct avec les clients a toujours existé dans la distribution. Mais fabriquer et distribuer sont deux métiers différents. Il est compliqué de faire les deux surtout dans un marché qui se formalise, s’organise et se rationnalise. Le renforcement des réglementations va davantage obliger les acteurs à se regrouper. Les entreprises mondialement connues ont des unités de production éloignées du client et sont obligées de faire appel à un distributeur afin de se concentrer sur leur métier, la fabrication. L’autre avantage de passer par un distributeur est qu’il permet de positionner le prix de ses produits par rapport à ses concurrents sur chaque marché. Et dans les périodes tendues, pendant que le fabricant se concentre sur sa fabrication, c’est au distributeur de gérer les stocks. »

 

SCP Europe en quelques chiffres

CA 2021 : +248 millions d’euros
17 agences (8 en France)
530 salariés
70 fabricants partenaires
120 000 articles
+ 25 millions de stocks permanent
+ 7 000 références sur la piscine et le spa

www.scpeurope.fr/fr

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