La rédaction de L’activité Piscine vous propose un reportage exclusif sur la FPP et vous amène au cœur de la 1re fédération d’Europe et la seconde dans le monde. Entre témoignages d’adhérents, rencontres avec ses permanents et bilan de ses 15 dernières années, la fédération lève le voile et vous dit tout. Objectifs, missions, actions, résultats… Suivez le guide.
Texte : Sébastien Carensac & Carine Dal Gobbo
Stéphane Figueroa, président de la FPP
« Le rôle d’une fédération est essentiel et prend tout son sens en cas de crise »
Une fédération doit pouvoir faire tout ce que les entreprises ne peuvent pas faire ou n’ont pas la capacité de faire : lancer des études de marché, travailler sur le recyclage et l’économie circulaire, faire du lobbying après des pouvoirs publics… À 1300, nous sommes représentatifs du secteur et plus nous serons nombreux, plus la fédération sera reconnue et pourra se faire entendre. Quand nous avons réalisé l’étude sur “Les mots de la piscine”, que nous avons expliqué comment mettre en avant son entreprise avec le digital… nous apportons une aide aux pisciniers. Nous organisons les Assises de la piscine chaque année pour nous rencontrer, discuter et bénéficier d’informations très techniques. Le label Propiscines permet également de se différencier et de montrer qu’on est un professionnel. Et l’adhésion facilite l’accès à la garantie décennale pour rassurer le client final. Et ce ne sont là que quelques exemples.
La Covid-19 a permis de démontrer que le rôle d’une fédération était essentiel et qu’il prenait tout son sens en cas de crise soudaine et inattendue, car vers qui se tourner sinon ? Ouverture des magasins, déplacements sur les chantiers, port du masque… grâce à son juriste, toutes les communications officielles ont été analysées et la fédération a pu apporter des réponses précises à tous. A la disposition de tous les adhérents et du métier, il débloque beaucoup de situations sans être obligé de faire appel à un avocat spécialisé.
Ses bénéfices au quotidien ? Site internet, bourse à l’emploi, formations, accès aux documents normatifs, commerciaux, légaux, informations pour savoir comment remplir une demande de permis de construire, quelles normes appliquer… sont autant d’outils et de services disponibles pour les adhérents. La FPP est là pour promouvoir le marché, l’aider à se structurer mais elle n’est pas là pour vendre ou pour aider à faire du commerce. Elle est là, aussi, pour mener des actions de lobbying, importantes pour le présent, mais encore plus pour l’avenir surtout en matière d’écologie. Elle est, enfin, en contact avec les fédérations européennes et internationales.
« Quand on est acteur d’un secteur, on doit s’engager »
Cela fait plusieurs années que je fais partie du bureau de la fédération. Quand on est acteur d’un secteur, piscinier ou industriel, on doit s’informer, s’engager et être actif pour le faire progresser. Dès qu’une entreprise se crée et a une activité régulière, quelle que soit sa taille, elle doit adhérer et s’investir pour se faire entendre. Il y a plus de 3 000 pisciniers en France. Nous devrions être 2 500 adhérents ! Surtout que le montant de la cotisation est peu élevée pour un piscinier au regard de ce que la fédération va lui apporter.
« L’avis de tout le monde est important »
Venir aux assises, suivre des formations, participer aux commissions… l’avis de tout le monde est important. La diversité des membres du conseil d’administration permet de discuter des problématiques de tous. En réunion, chacun met sa casquette de côté et écoute les autres pour découvrir ses problématiques, mieux se comprendre et trouver, ensemble, des solutions pour progresser.
La fédération a beaucoup changé ces dernières années. Réunions cadrées, temps à respecter…, elle s’est structurée, s’est dynamisée et aligne désormais son fonctionnement sur les évolutions du marché.
Joëlle Pulinx, déléguée générale
« Le rôle et les 4 missions de la FPP »
Le rôle d’une fédération est de mettre en œuvre des actions qui vont permettre de défendre, représenter et structurer un secteur économique et faire tout ce qu’une entreprise ne pourrait faire seule. Elle intervient auprès de toutes les parties prenantes (pouvoirs publics, médias, consommateurs, ONG…) pour interagir sur l’environnement économique et social et influencer le devenir d’une profession. Pour avoir une représentativité importante auprès des pouvoirs publics elle doit rassembler le plus grand nombre possible d’entreprises. Une fédération fonctionne comme une entreprise. La stratégie est définie par le conseil d’administration et l’équipe de permanents met en œuvre les plans d’action. Chaque plan d’action est redécliné mensuellement en fonction de l’actualité, des urgences… Il faut également des adhérents en nombre pour participer aux assemblées, commissions et réunions et financer les actions dans les meilleures conditions possibles par leurs cotisations.
1. Promouvoir
La mission de la FPP est de rassurer les consommateurs avec un discours neutre pour qu’ils fassent confiance au produit piscine et qu’ils puissent ensuite choisir une entreprise adhérente pour la réussite de leur projet.
Pour y parvenir, elle fait :
• la promotion des adhérents, de leur caractère professionnel et de la nécessité de faire appel à eux avec l’annuaire de la FPP et le label Propiscines. Déontologiquement, la fédération ne favorise à aucun moment une entreprise, une marque ou un produit.
• la promotion du produit piscine jusqu’au client final, ce que ne font pas toutes les fédérations, avec une prise de parole neutre et fédérative via le site internet, les relations presse, les flyers et les documents pour déminer les freins à l’achat et faciliter le passage à l’acte : comment économiser de l’énergie ou de l’eau ou comment choisir un abri, informations sur la sécurité, la fiscalité des piscines, les déclarations d’urbanisme, l’entretien et la rénovation des piscines… bref sur tout ce qui pourrait faire qu’un client hésite à acheter.
Elle travaille également à rassurer tant les pouvoirs publics que les consommateurs sur les questions environnementales avec la loi sur l’économie circulaire ou la REP (responsabilité élargie des producteurs) qui vont venir impacter le secteur. Pour ce faire, elle fait appel en support à un cabinet de lobbying qui travaille sur toutes les questions environnementales au niveau européen pour renforcer l’image du produit piscine, un produit qui respecte l’environnement (cf. Guide du recyclage, Guide des économies d’eau…). Faire appel à ce type de cabinet permet d’avoir le bon discours auprès des bonnes personnes. Beaucoup de choses ne peuvent être communiquées au quotidien. Par exemple, pour la loi sécurité, la fédération avait travaillé proactivement, pendant 9 mois, sur les 4 systèmes et dégagé la responsabilité du piscinier, mais elle n’a pas pu communiquer dessus avant la présentation officielle du texte.
Les Trophées de la piscine, enfin, sont très relayées par la presse grand public et apportent beaucoup de retombées presse au secteur au niveau national mais aussi européen avec le Trophée EUSA.
2. Professionnaliser
Après avoir travaillé à la structuration du secteur avec l’élaboration de directives techniques (implantation d’une piscine, pose d’un revêtement…), la fédération est passée aux accords afnor pour ses guides de pose, de tolérance… La FPP investit un budget conséquent chaque année dans la définition de normes grâce à ses commissions (Lire p94). Si elle est capable aujourd’hui de produire des normes, c’est parce qu’elle a su réagir des 2005, au niveau européen, en évitant que les normes des piscines publiques s’appliquent aux piscines domestiques. C’est grâce à une action de lobbying, via plusieurs industriels européens qui sont intervenus en même temps dans plusieurs pays, que cette norme a pu être stoppée et qu’a été créé le TC402, le comité de normalisation pour les piscines domestiques dirigé par la France.
La France anime le groupe de travail européen sur la normalisation environnementale, l’une des normes les plus importantes des années à venir. Ses membres sont présents dans toutes les commissions, autant pour les piscines publiques que privées. Les accords afnor sont disponibles gratuitement les adhérents sur le site de la FPP.
La FPP a développé le label propiscines certifié basé sur une certification et le label propiscines qualifié basé sur la qualification avec Socotec, des outils de promotion du professionnalisme des entreprises qui ne sont pas encore suffisamment utilisés. Le label propiscines engagé, lui, est un 1er niveau d’engagement. Pour l’obtenir, un adhérent doit suivre une formation d’une journée pour acquérir une base de connaissance sur les normes, la relation client, l’urbanisme… Elle va relancer une campagne de communication en 2021 vers le consommateur via les réseaux sociaux afin de les renvoyer vers ses adhérents.
La formation et le recrutement sont aussi des sujets importants. Elle propose des formations à ses adhérents et non-adhérents (Lire p95). Elle a créé sur son site un annuaire des organismes de formation et publie, depuis peu, les offres d’emploi de ses adhérents pour les aider à recruter.
Avec la création d’une commission recrutement/formation, elle entend promouvoir les métiers de la piscine et va développer un argumentaire pour inciter des jeunes et des personnes en reconversion professionnelle à intégrer le métier de la piscine.
Joëlle Pulinx : « Avec la covid-19, beaucoup de choses ont modifié nos actions cette année : annulation des Assises, veille et assistance quotidienne aux adhérents. Nous avons même fait une exception à la règle, en diffusant nos informations à l’ensemble des pros pendant la période du confinement. Certains pisciniers nous ont d’ailleurs rejoint parce qu’ils ont compris qu’il fallait jouer collectif et qu’en cas de crise, la fédération prenait tout son sens. Nous avons deux types d’adhérents. Des adhérents consommateurs qui demandent un retour immédiat et des adhérents militants, qui voient leur intérêt à long terme, qui savent que même s’ils n’ont pas besoin de nous une année, ils en profiteront à un moment ou un autre. Et tous savent que quand ils jouent le jeu, ils sont largement récompensés par le conseil, l’accompagnement et les outils que nous mettons à leur disposition. Ce dont nous avons besoin ? Plus de BtoC pour participer aux commissions. »
3. Défendre
La FPP met en place des actions d’influence pour protéger le secteur et éviter, le plus possible, les réglementations pénalisantes. Elle travaille activement, actuellement, à identifier des solutions de recyclage. Dans la REP bâtiment, les déchets de la piscine vont représenter 1 à 1,5 % des déchets, avec un risque de bonus-malus. Il est donc nécessaire d’avoir une stratégie d’alliance pour trouver des solutions partagées.
Avec le Lab (Lire p86) elle réalise une veille prospective pour essayer de regarder l’avenir en détectant les signaux faibles et de faire en sorte que le secteur se prépare aux possibles chocs et continue de se développer.
Au sein de l’EUSA (European Union of Swimming Pool and spa association), un cabinet de lobbying européen surveille toutes les réglementations et articles qui peuvent impacter notre secteur notamment la question des rejets de produits biocide (piscines familiales, piscines collectives…).
La FPP propose différentes versions de son Guide de l’urbanisme :
• pour le consommateur final, un outil pratique qui aide le piscinier à remplir les déclarations de travaux pour ses clients.
• pour les collectivités locales car la difficulté en matière d’urbanisme, c’est que tout dépend de la commune ou de l’intercommunalité. Si le piscinier a des difficultés à faire avaliser sa déclaration de travaux, il peut transmettre ce guide à la collectivité pour l’aider à comprendre, rassurer et débloquer la situation. Cela fait partie de la stratégie d’influence de la fédération.
4. Servir les adhérents
La FPP donne des conseils juridiques personnalisés sur les déclarations de travaux oules relations avec les clients… et fournit des modèles de documents juridiques (CGDV, devis, bon de commande, PV de réception, accords afnor, demandes de dérogation pour arrêtés sécheresse…) qui permettent aux adhérents de créer leurs propres documents.
Même chose en matière d‘application des normes, lorsqu’un professionnel ne se souvient plus des références d’une norme ou des règles de tolérance d’une norme devenue européenne. C’est important pour un piscinier en cas de litige avec un client et il est plus facile pour lui de se défendre s’il est dans la norme.
Les adhérents, BtoB et BtoC (les pisciniers) ont également accès à l’ensemble des documents publiés par la FPP : baromètres, études de marché, Lab, guides sur les économies d’eau ou d’énergie…
Ils peuvent également apparaître dans l’annuaire de la FPP, s’ils ont plus de trois ans d’existence et que leur décennale est à jour, avec photos de leurs réalisations.
Il permet de valoriser les adhérents. L’annuaire des BtoB, quant à lui, n’est disponible que pour les pros. Ces derniers peuvent, aussi, profiter de réduction sur les stands pour le salon de lyon et pour les assises de la FPP (les prochaines auront lieu en novembre 2021).
Les adhérents BtoC y sont invités gratuitement pour assister à des conférences d’information importantes et participer aux assemblées qui y sont généralement adossées.
Nicolas Osanno, administreur de la FPP et président du Lab
Le Lab FPP : « Prévenir les risques, anticiper les difficultés et défendre la profession »
Le lab FPP trouve sa genèse en 2017 et 2018 avec le lancement d’études sectorielles et qualitatives sur la rénovation et le parcours clients et la mise en place d’une veille mensuelle. Nous avions réalisé une grande enquête auprès des adhérents pour connaitre leurs attentes et savoir quel était, selon eux, l’objectif principal d’une fédération. À 95 % ils nous ont répondu qu’elle devait faire de la prospective en premier lieu.
Nous évoluons dans un monde complexe. Des imprévus peuvent survenir à tout moment, comme cette année et provoquer une crise. Or on appelle crise ce qui n’a pas été anticipé. Le rôle du Lab FPP est d’essayer de détecter les signaux faibles qui nous permettront de nous préparer à ce qui pourrait arriver et d’éviter ces crises. Cela signifie anticiper et prévoir les conséquences des évolutions à venir, préparer un certain nombre de travaux et mettre en place des plans d’action pour les prévenir et défendre la profession.
Le Lab FPP est une commission qui va se focaliser sur des objectifs à court/moyen terme et moyen/long terme. Nous avons 3 axes de travail :
1. Étudier l’évolution des comportements d’achat des différents types de consommateurs dans ce nouveau monde, les classifier et les anticiper.
2. Étudier la transformation des business model : capacité de la transition numérique à impacter, transformer une entreprise et l’aider à résister à une crise comme celle que nous venons de traverser et proposer des actions pour s’y préparer.
3. Le développement durable est une vague de fond. Les problématiques de la consommation d’eau, de l’artificialisation des sols, de l’économie circulaire, les évolutions en matière d’habitat vont impacter notre activité dans 5, 10, 15 ans. Pour nous y préparer, nous avons entrepris un travail de réflexion et de brainstorming sur ces sujets avec une consultante spécialisée, Marie-Odile Charaudeau.
La mission du Lab est de travailler en amont pour le comité stratégique de la FPP qui définira ensuite les actions stratégiques ou tactiques qui permettront à la fédération et à ses adhérents de s’adapter au monde de demain. C’est un travail collectif qui ne peut se faire qu’au niveau de la filière et se focalise principalement sur tout ce qu’une entreprise ne peut pas faire seule.
Le Lab FPP est composé d’une douzaine de participants actifs (représentants BtoB, BtoC et de différentes fonctions au sein des entreprises) qui se réunissent 4 à 5 fois par an. Nous sommes preneurs de volontaires pour travailler sur ces sujets prospectifs. Leurs idées viendront enrichir les travaux du Lab. Une veille prospective est réalisée chaque mois et mise en ligne à disposition des adhérents.
Pourquoi vous être engagé ?
Les travaux des commissions sont très importants. Il était normal pour moi, en tant qu’entreprise adhérente et acteur de ce marché de m’engager à titre personnel et de mettre les ressources de mon entreprise à disposition de ces commissions. C’est un investissement mineur par rapport à ce que cela nous apporte à tous. C’est encore plus facile aujourd’hui avec la visioconférence qui simplifie et limite les déplacements à Paris, consommateurs de temps.