Et si la durée de la période estivale, en nombre de jours de soleil et de chaleur, s’allongeait chaque année ? Cette tendance, qui se confirme saison après saison, va-t-elle impacter positivement le secteur de la piscine et le métier de piscinier ?
Une évolution des cycles saisonniers ?
« Il n’y a plus de saison ! », nous avons tous entendu ou prononcé cette phrase un jour ou l’autre à propos de la météo.
D’après une récente étude sur la manière dont le changement climatique affecte les saisons dans l’hémisphère Nord*, cette assertion n’a jamais sonné aussi vrai. En effet, l’étude révèle que la durée moyenne de l’été est passée de 78 à 95 jours entre 1952 et 2011 (soit 17 jours supplémentaires), tandis que celle de l’hiver a diminué de 76 à 73 jours. En se basant sur ce modèle climatique et sur l’un des scénarios du GIEC, le RCP 8.5, si l’humanité échoue à réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies, la durée des étés pourrait s’allonger jusqu’à 166 jours, soit 6 mois, d’ici la fin du siècle.
Imaginez le résultat : avec un démarrage officiel le 1er juin, l’été pourrait donc prendre fin le… 14 novembre ! Perturbant, n’est-ce pas ?
Dans les faits, les températures n’attendent déjà plus le mois de juin pour atteindre leur niveau estival. Météo France a dévoilé que le mois de mai 2022 avait été le plus chaud jamais enregistré en France depuis le début de ses mesures avec +3 °C au-dessus des normales de saison.
La France exposée en permanence au stress hydrique ?
Selon le registre des menaces écologiques, environ 2,6 milliards de personnes dans le monde vivent actuellement dans des pays exposés à des niveaux élevés et extrêmes de stress hydrique.
Également appelé « pénurie d’eau » ou « rareté de l’eau », le stress hydrique décrit le stade critique atteint lorsque les ressources en eau disponibles sont inférieures à la demande en eau. L’ONU l’estime atteint « lorsqu’un territoire prélève 25 % ou plus de ses ressources renouvelables en eau douce ».
En France, le risque hydrique se situe actuellement au niveau « moyen » pour l’ensemble du territoire, mais varie selon les régions. Les précipitations se font de plus en plus rares et les nappes phréatiques ne parviennent pas à se remplir. (Cf. article « 2022, 3e printemps le plus sec depuis 1959 » – LAP133)
Pourquoi ça compte ?
La raréfaction des ressources en eau, les vagues de chaleur à répétition et les périodes de sécheresse prolongée ont déjà et auront des impacts toujours plus importants sur les métiers de la piscine. Très longtemps organisées autour de la saisonnalité de leur activité, les entreprises de la piscine sont aujourd’hui confrontées à des évolutions majeures qui les obligeront à adapter leur offre et leur proposition de service pour répondre à ces nouveaux défis et satisfaire les besoins « élargis » de leurs clients tant en termes de qualité que de préservation de l’eau de leur bassin.
Ces évolutions climatiques, avec des printemps et des automnes plus courts, des périodes hivernales moins rigoureuses, vont nécessiter une réorganisation des plannings annuels, des équipes dédiées à chaque activité (construction, négoce, entretien, rénovation) et des compétences plus pointues.
La question de l’utilisation de l’eau s’affirme déjà comme un défi majeur avec des conditions de remplissage de plus en plus contraintes par les pouvoirs publics et un besoin, non encore imposé, d’équipements limitant le gaspillage de la ressource. Cela passera également par l’absolue nécessité de gérer des eaux plus chaudes, de la manière la plus rigoureuse possible, pour en maintenir la qualité, avec davantage d’interventions et, surtout, des analyses « systématisées » pour un traitement optimal et une consommation d’eau minimale (rejets et ajouts).
* Changing Lengths of the Four Seasons by Global Warming
Sources : Statista