L’intelligence artificielle n’est plus une abstraction pour le secteur de la piscine : elle s’installe déjà dans les bassins et révolutionne le quotidien des pisciniers. Entre robots adaptatifs, systèmes de surveillance prédictive comme SPACE, assistants virtuels 24h/24 et dispositifs de sécurité tels que Poséidon, l’IA optimise la maintenance, sécurise les baignades et libère du temps aux professionnels. Ce dossier revient sur ces solutions concrètes et opérationnelles, en donnant la parole aux acteurs qui les développent et les utilisent au quotidien.
Découvrez les entretiens avec :
- Joel BEAUZOR (Aiper)
- Florent THEVENIN (Dryden Aqua)
- Thierry BOEGLIN (Poseidon)
- Fabrice COSTANZA (Cosy Piscine)
Découvrez aussi le regard de David BROWAREK ici.
Thierry Boeglin,
Global Manager de Poseidon
« Poséidon permet de gagner de précieuses secondes, des secondes
qui peuvent sauver des vies »

Pouvez-vous présenter Poséidon et son objectif principal pour la sécurité des piscines ?
La noyade est un problème de santé publique qui n’épargne pas les piscines, même lorsqu’elles sont surveillées.
Fruit d’une collaboration avec des chercheurs issus des meilleures universités et laboratoires français (CNRS, Université Paris-Descartes, Institut national de recherche en informatique et en automatique, etc.), Poséidon repose sur l’association d’équipements hardware propriétaires (caméras aériennes et/ou subaquatiques, unité centrale informatique, outils d’alerte) et de solutions logicielles expertes. En informant le personnel de surveillance dès le début d’une possible noyade, Poséidon permet de gagner de précieuses secondes, des secondes qui peuvent sauver des vies.


Quels types de piscines et clients utilisent actuellement votre solution ?
Nous adressons essentiellement les piscines publiques qui sont soumises à une obligation de surveillance constante. Nos clients sont principalement des donneurs d’ordre institutionnels et des entreprises de délégation de service public. Les bassins équipés vont du bassin d’apprentissage de 150 m² au bassin olympique de plus de 1000 m². Nous équipons aussi bien les bassins intérieurs que les bassins extérieurs. À titre d’exemple, nous avons un contrat avec le gouvernement de Singapour où nous avons actuellement plus de 20 bassins olympiques extérieurs en service.
Comment l’IA détecte-t-elle une personne en détresse avant immersion complète ?
Il faut avant tout disposer d’une base de données représentative pour savoir comment reconnaître une personne en détresse avant même son immersion définitive. Pour cela, nous nous appuyons sur les plus de 300 bassins équipés de nos solutions et plus particulièrement sur la cinquantaine d’accidents déjà détectés. L’apprentissage profond consiste à définir un ensemble de critères suffisamment robustes, tels que la trajectoire, la posture, la vitesse de déplacement, le degré d’immersion, etc. pour pouvoir distinguer une attitude réellement suspecte d’une attitude normale telle que par exemple une personne qui lèverait le bras vers le ciel pour faire signe à un autre nageur.
Comment le système s’intègre-t-il avec d’autres technologies connectées des piscines ?
Pour pouvoir détecter une personne en détresse, nous suivons en temps réel tous les nageurs qui évoluent dans le bassin. De fait, nous savons mesurer la fréquentation du bassin et localiser le public dans les différents couloirs de nage. Ces données exclusives peuvent contribuer à optimiser la gestion des couloirs de nage et des ressources (personnel, apport en eau neuve, désinfection de l’eau, traitement de l’air…). Nous menons actuellement des réflexions avec des spécialistes de la gestion technique et centralisée des bâtiments (GTB/GTC) pour déterminer comment ces données peuvent être valorisées et intégrées aux autres technologies connectées.
Quels gains concrets apporte Poséidon aux maîtres-nageurs et gestionnaires de bassins ?
L’installation de Poséidon permet de répondre à l’obligation de moyens en matière de sécurité face au risque de noyade. En cas d’accident, l’évolution sociétale conduit à des recherches en responsabilité de plus en plus fréquentes. Comment justifier l’absence d’une solution technologique qui a fait ses preuves ? Le juge appréciera (en cas d’accident, la question de savoir si toutes les solutions disponibles ont été envisagées sera naturellement posée). Les nouvelles perspectives d’intégration des données de comptage et de localisation devraient également permettre d’envisager à terme un retour sur investissement.
À moyen terme, envisagez-vous une adaptation pour les piscines domestiques ?
C’est en effet une perspective à moyen terme, vers 2030. Cela nécessitera le développement d’équipements plus adaptés aux bassins domestiques, aussi bien en termes de coût que de facilité d’installation. Il reste cependant à rappeler qu’une solution d’IA ne permet pas de sécuriser le bassin sans la présence d’une personne compétente à même de secourir une victime de noyade dès la notification d’une détection.
Quelles évolutions IA prévoyez-vous pour améliorer encore la détection et la prévention des accidents ?
Il y a deux facteurs déterminants. Le premier consiste à poursuivre l’entraînement de nos modèles d’IA. L’accumulation de données dans différents contextes environnementaux (l’utilisation des piscines, les pratiques, les équipements variant en fonction des pays et de la typologie de bassin) devra nous permettre d’améliorer la performance de nos solutions. Le second est lié aux évolutions technologiques à venir notamment dans le domaine des capteurs (très haute définition) et des unités centrales (puissance de calcul). Il sera peut-être possible d’anticiper l’accident en fonction de variables propres à chaque nageur.
