Pionnier de l’abri de piscine, Abridéal a fait de l’abri bas et plat son cœur de métier. Avec un leitmotiv : la simplification de la manipulation par le consommateur. Depuis bientôt 30 ans, le fabricant français propose ainsi des abris faciles à vivre et à intégrer. Après une première réorientation stratégique en 2007 qui a vu la société prendre le virage du télescopique, le rachat de Vénus International marque une nouvelle étape pour son directeur général, Frédéric Marmande. Il positionne désormais Abridéal comme un interlocuteur capable de répondre à n’importe quelle configuration et aspiration.
L’Activité Piscine : Abridéal se revendique comme l’inventeur de l’abri de piscine. La genèse de ce concept est intimement liée à l’arrivée en France d’un matériau novateur…
Frédéric Marmande : Dans les années 1970, François Massieu est installateur de piscine bois. Pour répondre aux demandes récurrentes de sa clientèle, il propose des couvertures. Mais ce principe ne lui donne pas entière satisfaction. Il imagine une autre solution, rigide, avec une forme tubulaire galbée d’une faible hauteur, composée de modules amovibles que l’utilisateur peut relever ou enlever pour accéder à son bassin. L’émergence du polycarbonate sur le marché français constitue le déclic. Ce matériau combine tous les avantages que l’on pouvait escompter de ce qui allait devenir un abri de piscine : léger, facilement découpable, il peut se travailler manuellement pour devenir cintré. La structure qu’avait en tête François Massieu pouvait enfin être couverte… et la naissance d’Abridéal actée. Le prototype est présenté en 1979 à l’occasion du Salon de la piscine de Paris. L’année suivante, le premier abri bas Abridéal est installé.
Si la légèreté est la principale caractéristique ayant fait du polycarbonate la solution retenue, il s’avère rapidement à l’usage que ce matériau dispose d’une autre propriété intéressante pour une application à la piscine : l’isolation. Dans sa forme alvéolaire, il est ainsi doté de performances thermiques permettant d’éviter les déperditions nocturnes tout en amplifiant le réchauffement naturel de l’eau en journée.
Résultat : l’abri Abridéal assure protection et isolation du bassin.
Un autre événement extérieur constitue un tournant crucial pour Abridéal : l’adoption de la loi relative à la sécurité des piscines, en 2003.
Abridéal est un pionnier de l’abri de piscine, y compris dans la communication. Malgré les forces du produit et les efforts consentis, cette solution s’adressait à un marché de niche. Il y avait beaucoup moins de piscines à l’époque qu’à présent et leurs dimensions étaient telles qu’elles étaient difficilement compatibles avec un abri bas. Ce type de structures devait en effet être contenu dans des tailles raisonnables pour rester facilement manipulable.
Entrée en vigueur en 2004, la loi sécurité a constitué un formidable catalyseur pour le marché de l’abri : la sécurisation s’est imposée à tous les propriétaires de piscines et aux porteurs de projets. Désormais indissociable de la piscine, cette thématique sécurité a permis de très largement faire connaître l’abri au grand public. Pourtant cette solution n’était au départ pas intégrée au projet de loi initial. Il a fallu un travail sans relâche de la part d’Abridéal et d’autres acteurs historiques pour que l’abri de piscine figure in extremis parmi les quatre dispositifs de sécurité homologués. C’est à l’occasion de ce travail avec le législateur qu’a été créée la commission abri au sein de la Fédération des professionnels de la piscine.
Cette loi de 2003 a également eu le mérite de normaliser la qualité des abris en définissant des exigences indispensables, notamment en termes de résistance mécanique. À partir de là, le marché de l’abri a connu un essor considérable, sur des bases véritablement qualitatives.
2003, c’est en quelque sorte l’année zéro de l’abri. La loi sécurité a profondément bouleversé notre marché. Pour y répondre, il a fallu augmenter nos volumes et diversifier notre offre.
Quelle a été la stratégie d’Abridéal face à cet engouement naissant pour les abris ?
François Massieu prend très vite conscience que cette loi va générer un appel d’air considérable pour le marché de l’abri. Il s’agit de répondre à une montée des volumes aussi brutale que soudaine. L’offre se démultiplie, de nombreux nouveaux acteurs font leur apparition sur le marché de l’abri. Afin de satisfaire cette demande exponentielle, Abridéal se structure pour se rapprocher des clients avec la volonté de couvrir le territoire national et les marchés internationaux limitrophes. Pour assurer ce maillage territorial, Abridéal se dote de deux bases logistiques à Lyon en 2005 puis au Mans en 2006. Il en résulte une capacité d’intervention et un suivi SAV sensiblement améliorés.
Cet enjeu immédiat se double d’un second, qui est de rajeunir notre positionnement. Avant la loi de 2003, la finalité perçue de l’abri relevable/empilable relevait principalement de sa capacité à retenir les pollutions extérieures et à étendre la saison de baignade. Autrement dit : en été, l’abri était remisé loin du bassin dès que ce dernier était susceptible d’être utilisé, et parfois pendant une longue période. Avec la loi de 2003, la sécurité devient la raison d’être principale de l’abri aux yeux du grand public. Cet équipement devient un élément central de l’espace piscine, appelé à être manipulé quotidiennement voire plusieurs fois par jour. Notre offre, uniquement focalisée sur les structures basses avec des modules amovibles, risque alors de ne plus être en adéquation avec les attentes du marché.
Pour Abridéal, il s’agit donc de se diversifier, véritablement. C’est la raison pour laquelle j’intègre la société en janvier 2004 pour renforcer sa capacité industrielle et sa force d’innovation, en ayant pour objectif le développement de nouveaux produits qui restent en phase avec le positionnement historique d’Abridéal.
Ce positionnement, c’est avant tout une recherche permanente de confort pour l’utilisateur…
L’ADN d’Abridéal est profondément empreint de cette notion de confort et de facilité d’utilisation. Notre vocation est de concevoir des dispositifs pour faciliter la vie de l’abri à ses utilisateurs. Réussir à mettre à disposition de notre clientèle des abris ergonomiques implique une véritable politique de R&D dédiée à cette thématique du confort. Abridéal est ainsi dépositaire de plusieurs brevets, au premier rang desquels le système Etaimagics enregistré en 1998. Ce dispositif de vérins pneumatiques permet de relever et de refermer les modules de notre abri amovible Primo aussi aisément que le hayon du coffre d’une voiture. Dès lors, il est véritablement possible pour une personne seule de manipuler l’abri pour accéder à son bassin rapidement et sans effort.
Le développement d’une nouvelle gamme d’abri s’est donc articulé autour de cette facilité d’utilisation ?
Le concept télescopique s’est naturellement imposé, mais nous avons dû travailler pour proposer quelque chose qui corresponde à nos exigences et qui soit différenciant par rapport à la concurrence. Deux ans de recherche et développement, 6 dépôts de brevets ont été nécessaires à Abridéal pour aboutir en 2007 à cette nouvelle gamme, à la fois plus esthétique et plus pratique. Parmi ces brevets, le monoguidage est peut-être le plus parlant.
A l’instar de la piscine, un abri doit être synonyme de plaisirs, pas de contraintes.
Nous sommes partis du postulat que la présence d’un guidage était indispensable. Sans rail, les modules ont tendance à se mettre en crabe à cause de leur dissymétrie longueur/largeur lorsqu’ils sont déplacés. Dès lors, il devient difficile d’arriver dans un alignement parfait des points d’ancrage car il est quasiment impossible d’exercer une pression homogène de part et d’autre des modules ou bien d’être parfaitement synchrone lorsque l’abri est mobilisé par deux personnes. Conséquence ? Dans les faits, un abri télescopique sans système de guidage est très rarement verrouillé, ce qui lui enlève donc toute utilité en termes de sécurité au regard de la législation.
S’il est incontournable, le système de guidage ne doit pas pour autant devenir omniprésent. C’est cette réflexion qui nous a incités à appréhender l’agencement de l’espace piscine. Il s’avère que dans beaucoup de configurations, seule une longueur de la piscine est pourvue d’une plage ou d’un solarium. L’autre, souvent en limite de propriété, n’est pas véritablement utilisée avec une bande de plage assez étroite. Nous avons fait le choix de privilégier ce côté délaissé pour imaginer un nouveau système de guidage. Au fil des études, il nous est apparu qu’il était possible de ne guider qu’un seul module, qui sert de locomotive pour les autres éléments de la structure. La véritable innovation d’Abridéal a été de prendre le contre-pied des pratiques en se focalisant sur le module le plus gros et de le placer à l’aplomb des escaliers. C’est l’invention de la télescopie inversée.
Cette télescopie inversée apporte une réelle amélioration ergonomique. En manipulant le plus gros module et non le plus petit, l’utilisateur est plus loin de la margelle et bien moins arc-bouté. Surtout, son mouvement est inversé : il ne tire plus à reculons la structure mais la pousse en avançant. Cette différence est cruciale en termes de confort à l’usage. Enfin, en plaçant le module le plus haut au niveau des escaliers, Abridéal offre la possibilité d’accéder à sa piscine et de l’utiliser sous abri. Ces atouts expliquent le succès de notre gamme télescopique dès 2009. Composée de trois modèles (Stretto, Mezzo et Extenso), elle représente aujourd’hui 80 % de nos volumes d’affaires. Les spécificités des solutions télescopiques Abridéal constituent ainsi pour le piscinier un réel levier de différenciation.
Couplée au monoguidage, la télescopie inversée est le compromis optimal entre le maintien des modules, le confort de manipulation et l’esthétique de l’abri.
Depuis son origine, Abridéal axe sa stratégie sur les pisciniers en faisant d’eux des apporteurs d’affaires.
En tant qu’industriel, nous avons fait le choix de ne pas laisser de place à l’achat/revente. Abridéal s’est dès le début tourné vers des pisciniers en recherche de partenaires spécialisés dans la fabrication d’abris pour répondre aux attentes de leurs clients particuliers. Toute la stratégie de l’entreprise repose donc sur ces apporteurs d’affaires à qui Abridéal permet de compléter le panel de solutions à proposer au client piscine.
Afin que ce fonctionnement soit pérenne et bénéfique pour les deux parties, Abridéal assure pleinement son rôle de spécialiste. Nous nous positionnons donc comme l’interlocuteur unique, du conseil à la vente et de la fabrication à la pose sans oublier l’entretien. Il ne s’agit pas d’éclipser le piscinier ou de se substituer à lui, mais de réaliser une prestation pour laquelle il a été sollicité mais dont l’application requiert des compétences spécifiques. Et pour cela, Abridéal dispose d’équipes d’installateurs salariés. C’est le poste principal de notre structure : nos équipes de poseurs représentent un tiers des effectifs d’Abridéal. Cette intégration assure à Abridéal une maîtrise parfaite de la qualité de ces produits et de leur mise en œuvre. C’est au final la garantie de voir le client satisfait, objectif que nous poursuivons tout autant que le piscinier. Au cœur de cette relation gagnant-gagnant, les deux parties s’engagent sur un contrat de partenariat, un contrat moral et de confiance réciproque. Abridéal y détaille et précise tout ce sur quoi elle s’engage, tant en matière de service et de production que de suivi. De son côté, le piscinier s’inscrit dans une démarche volontaire au travers de laquelle il s’efforce de valoriser l’offre Abridéal, une offre dont il doit être convaincu des qualités.
Des équipes de pose intégrées à la société, c’est un positionnement unique et coûteux. Mais c’est la garantie d’accéder pleinement à la satisfaction client.
En 2014, 10 ans après votre arrivée, François Massieu vous cède la direction d’Abridéal. Un tournant ou une continuité ?
Les deux, sans hésiter ! Abridéal est et restera une entreprise familiale, à taille humaine, qui conserve la maîtrise totale de son produit. Nous avons industrialisé notre outil de production et développé notre maillage territorial. Au site historique de production, à Angresse dans les Landes, se sont ajoutés 5 sites logistiques pour couvrir la France, le Benelux et l’Allemagne. Entre 2007 et 2014, nous avons fortement progressé au point de dépasser la barre symbolique des 30 000 abris installés. L’essor de notre gamme télescopique et le partenariat avec T&A pour la couverture automatique hors sol Néva témoignent d’une dynamique de croissance pérenne. Nous avons lancé en 2017 le premier abri plat motorisé, un tour de force visuel autant que technique.
Pourtant, en tant que spécialiste de l’abri bas et plat, Abridéal se coupe de tout un pan du marché. Pour l’aborder, il eût été possible de partir de zéro et de développer en interne des structures hautes. Abridéal a préféré rester fidèle à son cœur de métier et faire preuve d’humilité car il s’agit d’un domaine d’application sensiblement différent. Nous nous sommes donc mis à la recherche d’un partenaire pour aborder ce marché de l’abri haut.
Ce partenaire, c’est Vénus International…
J’ai découvert cette société, que je considère comme une pépite, en 2015. Vénus, c’est un peu l’équivalent d’Abridéal pour les abris hauts. Une entreprise familiale, peu médiatisée mais qui, en 20 ans, a accumulé un savoir-faire inégalé voire inégalable sur les abris de très grandes dimensions. Entre autres, son expertise en matière de verre trempé de sécurité est remarquable et lui permet de bénéficier d’une forte présence en Allemagne. Ce marché est réputé comme très exigeant car soumis à la norme CE-EN 1091, bien plus coercitive que la NF-P90-309.
Avec Emmanuel Perrot, fils du fondateur de Vénus et actuel dirigeant, nous avons très naturellement appréhendé les bénéfices d’un rapprochement entre deux sociétés partageant tant de points communs. L’union des deux entités donne naissance au groupe Sud-Ouest Cover.
Vous parlez d’union et non de fusion. Abridéal et Vénus restent deux entités distinctes ?
Cette union a pour objectif de capitaliser sur le savoir-faire et l’expertise perçue des deux sociétés dans deux domaines différents : les abris bas/plats d’une part et les abris hauts, avec des dimensions hors norme d’autre part. Encore une fois, ce sont deux domaines d’application très différents, avec des cahiers des charges et des contraintes bien spécifiques. Que ce soit Abridéal ou Vénus, il est important que chacun préserve la technicité et l’expérience qui lui sont propres. La fabrication, l’installation et la logistique restent gérées de manière totalement autonome et distincte. Ce rapprochement offre en revanche la possibilité de mettre en synergie les compétences de chacun. La force phénoménale de Vénus, c’est sa capacité à maîtriser les très grandes structures, avec un teintage à volonté des profilés et un matériau extrêmement résistant, le verre trempé. On bascule presque dans le monde de l’architecture ici. À travers le groupe, Abridéal accède à ce savoir-faire. Concrètement, nous proposons désormais l’Optimo, une solution haute jusqu’à 1,80 m et l’Extenso, un abri pour les très grandes largeurs. Ce sont des configurations qu’Abridéal n’avait jusqu’à présent pas vocation à couvrir mais qui entrent désormais dans ses débouchés potentiels, même si la production reste assurée par Vénus.
Les synergies sont donc avant tout d’ordre commercial ?
Les synergies que nous mettons en place relèvent en effet du domaine commercial et marketing. Et c’est déjà formidable pour nos deux entités ! De par sa notoriété, Abridéal est souvent sollicité pour des hauteurs importantes ou de grandes largeurs. Jusqu’à présent, nous ne pouvions pas y répondre. Maintenant, c’est possible : Abridéal reste l’interlocuteur commercial, mais la mise en œuvre du projet est assurée par Vénus pour ces deux modèles et pour toutes les structures au-delà de 1,80 m de haut. Et inversement pour toutes les réalisations basses, qui restent l’apanage d’Abridéal.
Cette synergie permet aux deux entités de proposer une offre d’abris complète, de l’abri bas de 6 m × 3 m jusqu’à la piscine olympique. Cette réponse intégrale, pour tous les débouchés possibles du marché de l’abri, est assurée par des équipes expertes : l’étude préparatoire, la fabrication et l’installation sont assurées par des équipes dûment formées, avec des outils de production parfaitement adaptés aux contraintes inhérentes à chaque projet. En segmentant ainsi l’organisation, il est possible de faire le grand écart entre des spécificités très éloignées sans pour autant impacter la qualité de l’abri qui sera installé au final.
Des projets de développement pour le groupe ?
À travers Abridéal, le piscinier accède désormais à une offre complète, sans équivalent. Tout l’enjeu, pour nous, c’est qu’il nous perçoive désormais comme un interlocuteur à l’offre exhaustive, car c’est le meilleur levier pour développer les activités de Vénus et Abridéal.
Notre notoriété et notre maillage territorial vont nous permettre de mettre en lumière la technicité de Vénus et ses spécifiés si différenciantes. Nous avons refondu les supports de communication de Vénus, que ce soit les plaquettes commerciales ou le site Internet. L’objectif est de mettre à disposition du piscinier des supports dédiés à chaque marché : la collectivité et les particuliers.
Propos recueillis par Benoît VIALLON