Conditionné par un délai record, ce projet piscine a poussé ses principaux acteurs à s’adapter, à trouver des solutions pour réaliser ce bassin en 5 semaines, avec, en ligne de mire, le déconfinement. Christian Aubrée, dirigeant de l’entreprise SBC Piscines Carré Bleu (86) en charge de ce projet, et Pierre Antoine Barbot, propriétaire du Domaine de Roiffé, sont revenus sur cette réalisation record.
UN LIEU CHARGÉ D’HISTOIRE
« Le Domaine de Roiffé est une ancienne colonie agricole où on formait les jeunes aux métiers de l’élevage et de la culture. Cette première ferme d’État, ouverte en 1850, s’étend sur 135 hectares avec 20 000 m2 de bâtiments tout en pierre de Tuffeau et en ardoise. René Monory, ancien président du Sénat, homme politique fort du département de la Vienne, a transformé en 1985 le site en un golf et en établissement touristique ensuite. Il y a 7 ans, le domaine est devenu privé, lorsque nous, groupe familial, en sommes devenus propriétaires », nous retrace Pierre Antoine Barbot.
UN SAVOIR-FAIRE EXIGÉ
Avant de débuter ce projet, Pierre Antoine Barbot avait conscience qu’un chantier de piscine pouvait être complexe. « Pour cette réalisation, je voulais quelqu’un de professionnel, de réactif et de positif. Je voulais une personne réunissant ces 3 qualités-là. En me basant sur ces critères, j’ai donc choisi de confier ce projet à Monsieur Aubrée qui m’avait été recommandé. » Christian Aubrée nous explique avoir été contacté par le maître d’œuvre du projet : « J’avais la charge de réaliser une piscine autour de laquelle se centraliserait l’activité du domaine. Un projet qui donnerait un supplément d’âme à ce lieu d’exception. »
UN DOMAINE, DEUX PISCINES
Cette piscine n’est pas la première à avoir été réalisée au Domaine de Roiffé. Christian Aubrée est d’ailleurs indirectement lié à ce premier projet. « Une première piscine avait été conçue 25 ans auparavant par une société que j’ai rachetée. J’étais, jusqu’alors, chargé de l’entretien de cet ancien bassin à débordement devenu vétuste au fil du temps et aujourd’hui complètement abandonné. »
« Cette piscine vieille de plus de 20 ans devenait très coûteuse en termes d’entretien. De plus, ses normes étaient discutables. Située à l’entrée du site proche des gîtes, son emplacement n’était pas du tout stratégique. Nous voulions donc proposer à nos clients une nouvelle piscine dans l’air du temps, aux normes, dans un tout nouvel emplacement. » précise Pierre Antoine Barbot.
OBJECTIF : REDYNAMISER L’ESPACE
« Le propriétaire souhaitait positionner la piscine à proximité du restaurant de l’hôtel pour redynamiser l’ensemble du site. Donner une âme à ce lieu en centrant l’activité autour de cette piscine. Cette dernière a ainsi été implantée et réalisée à côté du château d’eau avec la vue sur le golf. » nous explique le piscinier. Avec cette piscine, le propriétaire du Domaine avait pour ambition de créer un nouveau lieu de vie. « L’objectif était d’avoir un grand bassin moderne et contemporain, avec une grande plage en béton désactivée de 350 m2 sublimée par des abords extérieurs gazonnés. Avec cette esthétique très sobre, très épurée, nous voulions surtout que la piscine trouve sa place dans l’environnement, qu’elle s’y intègre au mieux. C’était notre volonté majeure. La barrière placée tout autour de l’espace piscine préserve la vue environnante tout en assurant la sécurité du lieu. En effet, nous souhaitions avant tout profiter du panorama incroyable : selon moi, l’une des plus belles vues de piscine champêtre de France donnant sur le golf et la forêt. »
UN PROJET PERTURBÉ PAR L’ACTUALITÉ
Le calendrier de chantier a été bousculé par l’actualité, comme nous le raconte Christian Aubrée : « Mi-janvier, le client a réuni les artisans pour commencer à faire les plans de la piscine et de son environnement. En mars, nous avions envoyé nos devis, ils étaient presque acceptés, verbalement. Malheureusement il y a eu un arrêt complet avant même la signature du projet. En cause : la Covid-19. » Pierre Antoine Barbot ajoute que « la réunion de lancement du chantier devait se faire le 18 mars. L’élan a été coupé net par le confinement. Nous nous sommes alors posé des questions vis-à-vis de la crise que nous affrontions. Nous ne savions pas trop où nous allions, où cela allait nous mener : est-ce que nous allions pouvoir ouvrir durant l’été ? Et surtout, devions-nous réaliser coûte que coûte cet investissement qui était tout de même conséquent, ou bien était-il préférable de le différer ? »
UN DÉLAI À RESPECTER
« Le 13 mai, le propriétaire du Domaine a convoqué tous les artisans pour leur faire part de sa décision. Il souhaitait pouvoir proposer ce nouveau lieu de détente à ses clients au moment du déconfinement. La piscine devait être opérationnelle très rapidement pour essayer de sauver un peu les murs. Pour cela, il nous avait donné un objectif de mise en route pour la fin juin. Nous nous sommes alors tous regardés entre artisans, s’accordant à penser que ce projet était un peu fou. Ce temps imparti très court représentait la difficulté majeure du chantier. Néanmoins, cette contrainte allait devenir une opportunité. Nous avions envie de relever le défi car nous sommes tous des entrepreneurs, nous aimons le challenge. Nous avons tous joué le jeu. Le pari était d’autant plus fort que le client avait un beau projet, qu’il voulait sortir de ce marasme ambiant. Nous avions vraiment envie de l’aider. Nous nous sommes dit que nous allions le faire. Toute la machine s’est alors mise en route. »
Le propriétaire nous confie avoir pris la décision « courant mai, de valider la piscine pour l’année 2020 et ce pour différentes raisons. D’abord, pour honorer nos engagements vis-à-vis des entreprises. Ensuite, nous pressentions que la saison allait pouvoir se faire et nous voulions réouvrir avec un nouveau lieu de vie pour nos clients, propice à une certaine détente afin de leur offrir un endroit de plénitude à la sortie du confinement. Nous devions être prêts pour début juillet car nous avions la réception d’un événement à honorer. Nous étions tous réunis autour de la table, nous avons demandé aux artisans présents s’ils voulaient le faire. Nous leur avons dit que ça allait être compliqué mais qu’avec la volonté de tous, nous pouvions y arriver. Tout le monde a répondu favorablement. »
Pierre Antoine Barbot revient sur les dates clés de ce projet express : « Nous avons officiellement lancé le projet le 27 mai. La mise en eau s’est déroulée le 24 juin, nous avons, par la suite, coulé le béton désactivé des plages le 26 juin. Les barrières ont été posées les lundi 29 et mardi 30 juin. C’était une fin de projet assez intense mais tout s’est bien déroulé, c’était super. Entre le début du chantier et l’inauguration, 5 semaines se sont écoulées. Nous sommes sur un délai de chantier assez record. »
UN CHANTIER MAÎTRISÉ
« À l’emplacement de la future piscine, un trou avait déjà été creusé pour un ancien projet d’étang. Il nous a juste fallu refaire et redessiner la partie terrassement. Plusieurs artisans ont travaillé sur le projet : un maçon, un électricien, un peintre et un paysagiste, etc. J’ai élaboré et validé les plans avec le client. Nous nous sommes occupés de la partie technique du bassin (la filtration, le traitement de l’eau, l’étanchéité, etc). Au vu de la contrainte temporelle, nous avons dû anticiper sur les commandes. Nous nous sommes aussi rapprochés de l’ARS pour nous assurer du respect des normes de ce bassin collectif accueillant du public. Nous n’avons pas eu trop de difficultés à accéder au chantier. » se rappelle Monsieur Aubrée.
UNE PARFAITE SYNERGIE
« Le chantier s’est déroulé dans le plus grand respect de l’ensemble des intervenants. Mes équipes ont travaillé assez régulièrement en parallèle des autres artisans comme le maçon, l’électricien, le chauffagiste, etc. Nous avions tous conscience de l’investissement que représentait l’intégration d’une piscine dans cette période compliquée de confinement avec un arrêt complet de l’activité événementielle du Domaine. Le client capitalisait sur ce projet piscine pour pouvoir dynamiser son site à la sortie du confinement. Nous avions l’envie de réussir à terminer le chantier dans les temps et de satisfaire notre client. Cette envie, je pense que nous l’avons transmise à nos équipes qui ont fait preuve d’une très bonne coordination tout au long du projet. Le client, très investi lui aussi, a contribué à cette très bonne entente. »
Conscient du défi, le client souligne l’importance de son investissement auprès des artisans.
« J’étais très présent sur le chantier, nous faisions tous ensemble un point quotidien pour lever les obstacles ou les questions qui pouvaient se poser. Je ne voulais pas rajouter des délais de prise de décision et donc je répondais à chaque question quotidiennement. Je me devais d’être, moi aussi, très réactif. Il y a eu un peu de pression mais cela a été constructif. C’était un chantier hyper positif. Je sentais qu’il y avait quelque chose qui les animait. C’était le premier chantier post confinement pour tout le monde, il y avait une énergie incroyable. Les intervenants étaient contents de pouvoir retrouver leur job, de pouvoir exercer à nouveau leur métier. De plus, ils savaient que notre secteur de l’hôtellerie/restauration était particulièrement touché. En participant à un beau projet comme celui-ci, ils contribuaient à un élan favorable pour la réouverture. Ils se sont vraiment inscrits dans cette dynamique-là et ça, c’était super. »
CAPITALISATION SUR L’EXISTANT
Comme nous l’explique Pierre Antoine Barbot, le local technique a fait l’objet d’un aménagement réfléchi ancré dans une démarche de rénovation de l’ancien.
« À chaque fois que nous menons des chantiers sur le site du Domaine, nous essayons de capitaliser sur l’existant. Sur ce projet, un local technique devait être aménagé à proximité de l’espace piscine. Un ancien transformateur était à disposition, au lieu de le démolir et de devoir construire un nouveau bâtiment pour accueillir le local, nous avons décidé de le remettre en valeur. Nous l’avons modernisé en le peignant en blanc et en lui donnant un côté art déco pour l’intégrer à l’ensemble. À terme, nous ambitionnons d’optimiser ce local en y intégrant un espace bar. »
« Le maçon s’est chargé de la réhabilitation de ce vieux transformateur électrique. Lors de notre intervention, les équipements de l’ancien transformateur étaient déjà partis. Nous avons alors creusé des tranchées pour faire la partie tuyauterie et avons installé les différents appareils », nous précise le piscinier.
Quant à l’ancienne piscine, le propriétaire nous confie vouloir la conserver et espère « peut-être lui donner une seconde vie avec une activité complètement différente. »
UNE RÉUSSITE PLEINE ET ENTIÈRE
Enfin, le propriétaire du Domaine de Roiffé a tenu à souligner toutes les raisons pour lesquelles ce projet piscine constitue, de bout en bout, un franc succès.
« Nous sommes ravis de cette réalisation à bien des égards. Ravis du déroulé de chantier, sans anicroches. Chacun a fait son boulot. Chaque entreprise s’est chargée de trouver des solutions plutôt que de rester bloquée sur des problèmes. C’était un élément fondamental pour mener à bien ce projet. Nous avons, d’ailleurs, invité toutes les entreprises qui avaient participé à un petit cocktail autour de la piscine pour célébrer la fin de ce chantier. Ravis du résultat : nous souhaitions que la piscine s’intègre vraiment dans le paysage et c’est le cas. Et surtout, très heureux du retour client : nous avons réussi à créer ce nouveau lieu de vie qui a contribué à la dynamique de villégiature du site sur la période estivale. Nous avons beaucoup communiqué sur ce projet piscine via les réseaux sociaux. Les réservations se sont faites au fil du temps, d’une semaine à l’autre. Nous avons connu une très belle saison, franco-française, avec des vacanciers qui avaient envie de redécouvrir leur territoire, qui ont privilégié des lieux avec de l’espace, de la nature et de la quiétude. »
Pierre Antoine Barbot conclut en précisant que les acteurs de ce projet « sont devenus des partenaires de confiance auxquels nous continuons de faire appel sur d’autres chantiers. Nous collaborons toujours avec Monsieur Aubrée via un contrat d’entretien. Ce dernier a eu beaucoup de demandes de renseignements de nos clients (golfeurs, clients de l’hôtel) pour des projets piscine. »
Fiche technique du projet
Piscine en maçonnerie traditionnelle blocs à bancher.
Dimensions : 15 x 5 m
Fond plat : 1,35 m d’eau
Volume : 101 m3
Filtration : 2 filtres à sable Carré Bleu 31,8 m3/h, 2 pompes de filtration 31 m3 – 2,20 kW – 2,40 CV Tri
Revêtement intérieur : membrane armée 150/100e Coatflex coloris gris clair
Traitement de l’eau : au chlore avec panoplie Seren’O Connect Carré Bleu (panoplie prémontée et précâblée avec pompes doseuses électromagnétiques, bac de stockage, régulateur, sondes et chambres de mesures)
Chauffage : pompe à chaleur 21 kW Inverter Carré Bleu
Pièces à sceller : 4 skimmers – 6 refoulements – 1 bonde de fond – 1 prise balai
Couverture de sécurité : Rollinside (DEL) avec coffre immergé faisant office de banquette
Equipements : régulateur de niveau, éclairage par 4 projecteurs Leds blancs, nettoyeur hydraulique par pression, cascade en inox, escalier béton sur toute la largeur
Abords : margelles en grès cérame Rosa Grès, plages en béton désactivé
Local technique intégré dans un ancien transformateur électrique réaménagé.
Les entreprises intervenues sur le projet :
• FAUCHER pour le gros œuvre
• RTL pour le terrassement et le béton désactivé
• BALLE pour l’électricité
• GIGON pour les barrières
• BERGER pour la peinture et la menuiserie du local technique
SBC Piscines Carré Bleu (Poitiers)
» J’ai créé SBC en 2004. Nous réalisons à peu près entre 30 et 35 bassins par an. Cette année risque d’être une année record, avec une quarantaine de bassins. Nous sommes une dizaine de personnes et couvrons tous les métiers de la piscine, que ce soit de la construction, de la rénovation, de l’entretien. Nous avons une équipe dédiée au SAV et au dépannage. Nous avons des contrats de service (ouverture/ fermeture de bassins). Nous possédons également une partie bien-être. Nous disposons de 200 m2 de hall d’exposition avec des modèles de spas et de saunas.”
Gérant : Christian Aubrée
Date de création : 2004
Effectif : 10 personnes
Activité : construction, rénovation, entretien, SAV
Texte : Carine Dal Gobbo – Crédit photo : Mathieu Collard