Alors qu’elle se développe dans l’habitat, la domotique peine à décoller dans l’univers de la piscine. Ce constat s’explique en partie par la défiance de certains pisciniers à l’égard de ce système qu’ils considèrent parfois comme trop difficile à mettre en œuvre.
Texte : Benoît Viallon
Pourtant, une installation domotique ne requiert pas nécessairement plus de technicité qu’un dispositif d’automatisation du traitement de l’eau. Décryptage des principales procédures à suivre.
Partir sur des bases saines
Avant de démarrer l’installation à proprement parler, un certain nombre d’opérations sont à réaliser. De la connaissance du bassin à l’étalonnage des appareils de mesure, ce travail préparatoire va garantir le bon fonctionnement du système.
Quelle est la configuration du bassin ?
Plusieurs critères sont à prendre en compte pour dimensionner correctement le système :
• caractéristiques de la piscine : dimensions et volumes, mais aussi descriptif éventuel d’un débordement sont à renseigner précisément ;
• circuit de filtration : caractéristiques du filtre (diamètre, débit), puissance de la pompe, débit hydraulique théorique et temps de renouvellement souhaité ;
• utilisation escomptée : système de couverture, température recherchée, etc.
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Un étalonnage incontournable
• Les sondes pH et redox doivent être calibrées avant leur mise en fonctionnement afin d’assurer la fiabilité des mesures. Selon les fabricants, cet étalonnage se fait en un ou plusieurs points. Pour limiter le risque d’erreur, l’idéal est de procéder à l’étalonnage lorsque la qualité de l’eau est la plus proche des points de consigne. En ce qui concerne le redox, il convient de garder à l’esprit l’importance que peut avoir le TAC sur la conductivité de l’eau : cet élément est donc à prendre en compte lors du calibrage de la sonde redox.
• Dans le cas où le remplissage automatique est asservi à l’installation domotique, la hauteur d’eau réelle doit être renseignée lors du paramétrage.
La chimie avant la technologie
Aussi performant soit-il, aucun système domotique ne donnera de résultats satisfaisants s’il fonctionne dans une eau totalement déséquilibrée. La mise en œuvre doit donc se faire après un équilibrage en bonne et due forme.
Pour rappel : pH, TAC et TH sont trois caractéristiques de l’eau déterminantes, tant pour le confort des utilisateurs que pour l’efficacité du traitement. Ces trois variables interagissent entre elles pour conditionner l’équilibre de l’eau. La balance de Taylor est une représentation graphique qui matérialise les combinaisons idéales : pour que l’eau soit stable (ni entartrante ni agressive), les trois valeurs doivent être reliées par une droite. C’est la valeur du TH qu’il faut reporter en premier sur cette table car c’est l’élément le plus difficilement modifiable. À partir de ce point, on trace une droite passant par le pH souhaité (7,2 voire 7,4). L’intersection de cette droite avec l’axe du TAC donne l’alcalinité idéale pour l’équilibre de l’eau. Après avoir ajusté le TAC permettant d’obtenir cette valeur, le pH est corrigé au niveau fixé préalablement.
D’autres éléments peuvent également impacter l’efficacité du traitement comme le confort de baignade et venir altérer les équipements du bassin. À titre d’information, voici quelques seuils à respecter (voir tableau ci-dessus).
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Prise de mesures et traitement des données
Installation du système d’analyse
Un boîtier, installé dans le local technique, collecte auprès de différentes sources nombre d’informations qu’il analyse pour pouvoir ensuite ajuster le fonctionnement des équipements. Si elles sont nombreuses, les prises de mesure n’en demeurent pas moins classiques : il s’agit de dispositifs identiques à ce qui se pratique couramment dans le cadre d’une installation de traitement automatique. Les procédures ne sont donc pas plus complexes, mais sont réitérées à plusieurs reprises.
Parmi les paramètres pris en compte :
• pH, redox et température. Selon les systèmes et les options, les sondes d’analyse sont placées sur les canalisations (à l’aide d’un porte-sonde) ou dans une chambre d’analyse dédiée, après le filtre mais avant la désinfection. Pour garantir la fiabilité des mesures et le bon fonctionnement du système de filtration, un contrôleur de débit est fréquemment intégré à ce groupe d’analyse ;
• position du volet. Un capteur fin de course permet de déterminer la position de la couverture automatique afin de moduler l’intensité de la désinfection ;
• produits de traitement. Des sondes de niveau assurent la présence suffisante de solutions correctives, principalement du pH et chlore liquides.
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Transmission des informations
La domotique repose sur le binôme centralisation/communication de données mesurées dans le bassin : une fois collectées et traitées, les informations sont transmises au boîtier de contrôle et à différents supports de visualisation.
• Du boîtier d’analyse vers l’unité de contrôle. Ces appareils étant placés dans le local technique, un branchement électrique simple assure la liaison entre les deux. Le raccordement est donc rapide et ne nécessite pas de manipulations ni de paramétrages particuliers.
• Vers des supports de visualisation. Affichage déporté et gestion à distance, la domotique est communicante. Les informations transitent par un câble Ethernet RJ45 qui relie le boîtier d’analyse à une Box Internet généralement placée dans l’habitation. Cette connexion Internet assure l’accessibilité des informations relatives à la piscine à partir de supports nomades. C’est également par ce canal que les prévisions météo sont récoltées pour éventuellement adapter le fonctionnement du bassin aux tendances proches. Dans certains cas, un relais radio intermédiaire est présent : l’intérêt est de résoudre la difficulté d’intégration du câble RJ45 entre la maison et le local technique.
##img7927##Outil d’aide à l’installation et à la maintenance, le Klereo Diag est un boîtier électronique qui prend en charge le paramétrage et le diagnostic des différents appareils Klereo.
Asservir les équipements
Une installation domotique régule le fonctionnement des principaux composants d’un système piscine à partir des informations collectées. Installé dans le local technique, le chef d’orchestre de cette régulation est le boîtier de contrôle : Maestro chez So-Blue, unité d’alimentation chez PCFR ou encore centrale chez Klereo. C’est le donneur d’ordres qui régit l’ensemble à partir de contacts secs par une alimentation binaire marche/arrêt. Les appareils asservis doivent donc être réglés sur marche forcée ou, en cas de réglage possible, sur le point de consigne maximal. Pour une installation domotique, les fabricants préconisent donc des composants simples, mais efficaces, que ce soit dans le choix des pompes doseuses ou dans celui des électrolyseurs.
Par rapport à un dispositif d’automatisation du traitement, la domotique présente un avantage non négligeable : elle gère la filtration avant de mener des actions correctives sur la désinfection. Le temps de filtration est ainsi mis en corrélation avec la température de l’eau, des contre-lavages sont automatiquement générés dès lors que la pression augmente ou que le débit faiblit… Cette approche garantit un fonctionnement optimal du système de filtration et une consommation réduite de produits de traitement.
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Et la fiabilité ?
Outre sa complexité supposée, le principal a priori que portent les pisciniers sur la domotique est sa fragilité : l’électronique embarquée rendrait l’installation moins fiable qu’un dispositif classique.
C’est sans compter le retour d’expérience dont bénéficient les fabricants : les produits sont désormais éprouvés. Surtout, la dimension communicante de la domotique permet d’être extrêmement réactif en cas de dysfonctionnement. Le serveur permet ainsi de surveiller tous les équipements du local technique, du système domotique à la pompe d’injection. En cas de panne, le temps de réaction est donc bien plus court. Par exemple, lors d’une coupure de courant, une batterie autonome place l’installation en situation d’équilibre (en stoppant éventuellement un contre-lavage) et alerte l’utilisateur du problème. Ce n’est pas le cas d’une installation dite classique, dans laquelle une pompe peut être plusieurs jours à l’arrêt avant que le problème soit identifié.
En conclusion, il n’est pas avéré que la domotique constitue un chaînon fragile. Par contre, il est évident qu’elle sécurise le fonctionnement de la piscine.
L’apport de la gestion à distance pour les professionnels
La dimension communicante de la domotique laisse de nombreux pisciniers circonspects, pour ne pas dire méfiants. Pourtant, ils devraient y voir un allié précieux dans leur activité plutôt qu’une fragilité technique ou qu’un éventuel concurrent.
Concrètement, le fonctionnement de la piscine et de ses équipements est consultable en ligne, sur un smartphone ou un ordinateur. L’enjeu de cette surveillance active à distance est de pouvoir intervenir en amont d’une détérioration de la qualité de l’eau ou d’un dysfonctionnement. En étant ainsi informé rapidement, le piscinier est plus à même de rattraper une situation problématique : il est proactif et non plus réactif. Dans le cadre d’un contrat d’entretien, la domotique garantit au professionnel d’assurer une prestation de qualité tout en optimisant ses interventions. Les visites sont systématiquement opportunes car la domotique supprime le risque d’une venue superflue. La gestion du parc de bassins par le piscinier gagne en efficacité, et ses contrats d’entretien en rentabilité.