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Comprendre les arrêtés sécheresse 

par laurence

La sécheresse perdure en France, et ce ne sont pas les pluies qui étaient attendues en mars qui vont permettre de résoudre le problème, sauf à être anormalement abondantes. Fin février, après 32 jours sans précipitations, les sols étaient secs, avec un indice d’humidité inférieur à la normale, équivalent à celui mesuré habituellement mi-avril.
Du côté des ressources en haut,
les niveaux des nappes phréatiques et des cours d’eau sont historiquement bas
dans nombre de territoires. Quant aux températures, elles sont toujours supérieures aux normales saisonnières.
L’ensemble de l’Hexagone n’est certes pas concerné de la même façon par la sécheresse, mais il faut se souvenir
que
l’été dernier, 93 départements avaient mis en place des mesures de restriction.

Pour mieux comprendre pourquoi de plus en plus de départements risquent d’être concernés par un arrêté sécheresse dans les prochaines semaines, et comment cela va impacter l’activité des professionnels de la piscine, il est important de préciser ce qu’est la sécheresse et ses origines.

Carte des arrêtés au 23 avril 2023 / @Propluvia

Qu’est-ce que la sécheresse ?

D’après le site eaufrance.fr, « la sécheresse est un événement climatique exceptionnel, caractérisé par un déficit en eau sur une période plus ou moins longue, qui dépend fortement des conditions locales (climat, type de végétation, etc.). »

Ce déficit en eau se manifeste lorsque le niveau des précipitations est inférieur à la normale (sécheresse météorologique), ne permettant pas d’humidifier suffisamment les sols (sécheresse agricole) pour alimenter la végétation, et affecte le niveau des nappes souterraines et des cours d’eau (sécheresse hydrologique). 

Lorsque le manque de pluie est important en automne et en hiver, les réserves d’eaux superficielles et profondes ne sont pas suffisamment rechargées au début du printemps, alors qu’à partir de cette période, l’eau est essentiellement absorbée par les végétaux en pleine croissance et s’évapore avec l’élévation des températures. 

Résultat, on aboutit à un assèchement des sols (stock temporaire) et des nappes souterraines (stock permanent).

Qui décide des arrêtés sécheresse ?

La France de l’eau est découpée en 7 grands bassins hydrographiques versants en métropole et 5 en outremer. Chacun d’eux est géré par le préfet de la région où siège le comité de bassin qui coordonne la gestion de l’eau. C’est lui qui, à partir des informations et des préconisations fournies par le Comité d’Anticipation et de Suivi Hydrologique (CASH) sur la situation à court et moyen terme, va décider de mettre en place des mesures de restriction appelées « arrêtés sécheresse », sur un secteur géographique défini et sur une durée limitée.

Le niveau de gravité de la sécheresse est décidé en fonction des données hydrologiques relevées par des capteurs (nappes phréatiques, nappes profondes, cours d’eau) et des observations de terrain (diminution des débits des cours d’eau, baisse du niveau des nappes d’eau souterraine, observations de zones d’assèchements, etc.).

Pourquoi des arrêtés sécheresse ?

Ces arrêtés se divisent en 4 catégories : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise. Ils doivent garantir l’exercice des usages prioritaires (santé, sécurité civile, eau potable et préservation des écosystèmes aquatiques) tout en « respectant l’égalité entre usagers des différents départements et la nécessaire solidarité amont – aval des bassins versants ».

Les mesures de limitation des prélèvements d’eau sont progressives et adaptées aux différents usagers.

Usages domestiques : sensibilisation, puis limitation de plus en plus fortes de l’arrosage des pelouses, des espaces verts, du lavage des voitures, du remplissage des piscines jusqu’à l’interdiction totale de ce type d’utilisation (hors usage de l’eau potable).

Agriculture : interdiction d’irriguer un jour par semaine, puis plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu’à l’interdiction totale de l’irrigation. À noter que 80% des prélèvements pour l’agriculture ont lieu entre juin et août.

Industrie : les entreprises les plus consommatrices se voient imposer des mesures comme la réduction progressive d’activité, le recyclage de certaines eaux de nettoyage, la modification de certains modes opératoires, etc.

Les 4 types d’arrêtés sécheresse

1. Vigilance : information et incitation des particuliers et des professionnels à faire des économies d’eau.

Les niveaux d’alerte et d’alerte renforcée exigent de réduire tous les prélèvements et interdisent les activités impactant les milieux aquatiques. Jusqu’à 50 % d’économie d’eau peuvent être exigés.

2. Alerte : interdiction à certaines heures d’arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa voiture, réduction des prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50 % (ou interdiction jusqu’à 3 jours par semaine), mesures d’interdiction de manœuvre de vanne, d’activité nautique, etc.

3. Alerte renforcée : limitation plus forte des prélèvements pour l’arrosage des jardins, espaces verts, golfs, lavage des voitures, réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à 50 % (ou interdiction supérieure ou égale à 3,5 jours par semaine), voire interdiction de certains prélèvements.

4. Crise : arrêt des prélèvements non prioritaires. Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité). Les prélèvements d’eau pour l’agriculture sont interdits totalement ou partiellement, ainsi que de nombreux usages domestiques ou d’espaces publics (arrosages des massifs floraux, fontaines, nettoyages des voiries…).

Arrêtés sécheresse et remplissage des piscines en résumé

Le tableau ci-dessous vous précise ce qu’il est possible de faire ou pas en termes de remplissage, de mise à niveau et de vidange des piscines.

À noter : selon les départements et la situation hydrologique locale, les préfets peuvent accorder des dérogations. À cette fin, la FPP met à la disposition de ses adhérents des modèles de courrier.

 

Quelques chiffres sur l’eau

1 litre sur 5 est perdu dans les fuites du réseau (soit environ 1 milliard de m3 d’eau par an)

1 % seulement de l’eau traitée est réutilisée (14 % en Espagne et 90 % pour Israël) en raison de la réglementation

30 à 40 % des factures d’énergie des collectivités utilisé pour prélever, traiter et distribuer l’eau potable et pour collecter et traiter les eaux usées. 

+ 100 communes approvisionnées par citerne en eau potable en 2022

 

La liste des départements concernés par ces niveaux de restrictions est consultable directement en mairie ou sur Propluvia, un site géré par le Ministère de la transition écologique et solidaire : 

propluvia.developpement-durable.gouv.fr/

 

 

Texte : Sébastien Carensac

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