Sensible à la notion d’écoresponsabilité, le consommateur ne recherche pas pour autant de manière systématique des produits estampillés verts. Si le client n’est pas demandeur, c’est au piscinier de jouer un rôle de prescripteur de solutions qui s’avèrent à la fois respectueuses de l’environnement et du budget des particuliers.
Texte : Benoît Viallon
Lorsqu’est évoquée l’écoresponsabilité, la préservation de l’environnement est la première idée qui vient à l’esprit. Pourtant, la conjoncture actuelle ramène au premier plan un aspect du développement durable qui avait été quelque peu délaissé ces dernières années : le volet économique, pour ne pas dire économe. Éclipsé jusqu’alors par les problématiques environnementales, la notion de durabilité économique est désormais prépondérante dans les choix des consommateurs. Le marché de la piscine a déjà intégré cette évolution, avec des produits de plus en plus économiquement et écologiquement responsables. Pourtant, la communication comme l’argumentaire commercial ne valorisent pas systématiquement leurs mérites.
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Mettre en avant les économies sur le long terme
Aux yeux des consommateurs, il semble aujourd’hui que le produit idéal doive préserver à la fois l’environnement et leurs finances. Le prix d’achat est évidemment une donnée déterminante, mais elle ne permet pas d’appréhender l’impact global d’un appareil ou d’une installation sur un budget. Pour le piscinier, il est donc important de rappeler qu’il convient également de prendre en compte le coût de fonctionnement. L’enjeu est de montrer qu’un produit moins cher à l’achat peut se révéler beaucoup plus onéreux après quelques saisons d’utilisation qu’une solution d’une gamme supérieure.
Plus d’efficacité, moins de produits
Avant toute chose, il est plus que nécessaire de rappeler l’importance que revêt la filtration dans le traitement de l’eau. En effet, la qualité de l’eau doit au minimum être assurée aux trois quarts par un travail mécanique et non chimique. Le piscinier a donc un travail pédagogique à mener auprès du client : son système de filtration doit être en parfaite adéquation avec les caractéristiques de son bassin. Diamètre du filtre, puissance de la pompe, diamètre et agencement des canalisations réduisant les pertes de charge : ces éléments déterminent l’efficacité de la filtration, et par là même une grande partie du coût d’entretien du bassin. Ainsi, un sous-dimensionnement entraîne une perte d’efficacité de la filtration et un recours plus important à l’action chimique. S’orienter vers des équipements moins chers à l’achat peut ainsi se révéler coûteux sur le long terme, tant financièrement qu’écologiquement.
En ce qui concerne le traitement à proprement parler, les équipements intelligents prennent en compte de plus en plus de paramètres pour adapter en temps réel leur fonctionnement aux conditions effectives du bassin. De la simple régulation du pH au système domotique le plus complet, chaque procédé d’automatisation a ainsi pour objectif d’optimiser au mieux le traitement en vue d’abaisser la quantité de produits consommés.
Pool Eco Attitude
Depuis son édition 2010, le salon Piscine Global a mis en place le Pool Eco Attitude, « un parcours de visite ciblé sur les experts qui offrent des produits et services orientés développement durable ». Les trophées Pool Eco Attitude viennent récompenser les innovations remarquables dans ce domaine.
Des équipements moins gourmands
La consommation énergétique des appareils est une variable de plus en plus souvent considérée par les particuliers lors d’un processus d’achat. Cela leur permet d’estimer le coût de fonctionnement des équipements. À une époque où les tarifs électriques sont régulièrement revus à la hausse, y compris de manière rétroactive, les ménages sont en effet plus qu’enclins à maîtriser leur consommation pour ne pas voir leur facture exploser.
Le piscinier peut y voir l’occasion de valoriser des solutions plus haut-de-gamme que ce que le prospect ne ciblait au départ. Moins énergivores ou capables de moduler leur fonctionnement pour abaisser leur consommation, de plus en plus de produits piscine s’inscrivent dans une logique économe. Dans le domaine de l’éclairage par exemple, la technologie led s’est largement démocratisée. Compatible avec l’emplacement d’une lampe à incandescence classique, un projecteur led consomme entre 10 et 20 fois moins d’électricité et sa durée de vie peut être jusqu’à 20 fois supérieure.
Les électrolyseurs, pour leur part, sont de plus en plus nombreux à intégrer un dispositif permettant de détecter la position d’une couverture automatique. L’intérêt est de pouvoir abaisser rapidement et fortement la production d’électrolyse pour limiter le risque de surchloration. Par extension, cela limite le fonctionnement intempestif de l’appareil, et donc une consommation inutile.
Plus largement, les dispositifs d’automatisation garantissent l’adaptation, quasiment en temps réel, des équipements et de leur activité aux caractéristiques d’une piscine et à l’utilisation qui en est faite. En modulant les cycles ou la puissance de marche en fonction des besoins et en coordonnant les rythmes d’activité des différents appareils, ces systèmes permettent de générer des économies d’énergie.
Bien entendu, de telles installations, de tels équipements ont un coût. Ce ne sont pas des produits d’entrée de gamme, et le consommateur soucieux de son budget pourrait ne même pas y prêter attention. D’où l’importance de mettre en avant les économies que peuvent générer de tels investissements sur le long terme : la différence de prix peut facilement être amortie en quelques saisons d’utilisation.
Changer de vitesse
Les pompes à vitesse variable sont le parfait exemple de l’écoresponsabilité appliquée à la piscine. Dotées d’un moteur multivitesse, ces pompes peuvent travailler à vitesse et débit réduits. Il est ainsi possible de bénéficier d’une circulation de l’eau permanente et de performances de filtration améliorées : l’eau traversant lentement le filtre, des particules plus fines sont piégées.
Autre exemple : les pompes à chaleur de dernière génération qui bénéficient de la technologie Inverter. Sur ces modèles, le fonctionnement du compresseur est modulé selon les points de consigne et la température de l’eau. Pour toutes ces pompes, les économies réalisées sont majeures : avec une vitesse de fonctionnement réduite, la consommation électrique est sensiblement abaissée. Quant à l’usure ralentie des composants, elle permet d’allonger la durée de vie du produit.
Une piscine au naturel
Souvent pointée du doigt pour son impact écologique, la piscine peut tout à fait s’inscrire dans une démarche respectueuse de l’environnement.
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Profiter du soleil
Bien qu’il bénéficie de nombreux avantages, le recours à l’énergie solaire est assez peu développé dans l’univers de la piscine. Les motorisations d’abris et de volets peuvent quasi systématiquement bénéficier d’une alimentation solaire en option, mais dans les faits, ce dispositif reste rare. Pourtant, le différentiel de prix est presque nul et l’installation est facilitée du fait de l’absence de raccordement électrique. Quant aux batteries, elles assurent une autonomie de fonctionnement sur plus d’une dizaine de cycles d’ouverture-fermeture. Ces arguments ne sont peut-être pas suffisamment compris par les particuliers, ce qui expliquerait que le solaire peine à décoller.
Préserver la nature
Certains fabricants ont mis au point des structures de bassin en ayant la volonté de préserver les ressources et de réduire l’impact sur l’environnement. Il existe ainsi des panneaux réalisés à partir de matériaux recyclés.Il est par ailleurs de plus en plus fréquent que des sociétés mettent en avant une production française. Privilégier de tels produits s’inscrit clairement dans une démarche de développement durable : acheter local permet de limiter les émissions de CO2 (transports plus courts), tout en soutenant l’économie régionale. Faire le choix d’équipements fabriqués en France est donc pour certains un acte civique qui procure à la piscine une dimension à la fois sociale et environnementale.
Le bois est sans conteste le domaine dans lequel les préoccupations écologiques sont les plus présentes. Dans la tendance actuelle, les plages et abords de piscine aux accents boisés ont le vent en poupe. Ce matériau confère un cachet naturel et chaleureux à un bassin, et peut tout à fait s’inscrire dans une démarche écoresponsable. Pour cela, il convient de veiller à ce que le bois utilisé bénéficie d’un label attestant qu’il est issu d’une gestion raisonnée des forêts. La certification la plus répandue est la PEFC, listant un certain nombre de bonnes pratiques pour une exploitation durable de la ressource sylvicole. Au label FSC, beaucoup plus exigeant du point de vue social et environnemental, correspond un cahier des charges reconnu et défendu par les principales associations écologistes internationales, car il fixe des règles strictes en faveur de la biodiversité et de la pérennité des forêts. Pour valoriser ces produits plus onéreux, le piscinier peut s’appuyer sur les sigles visibles sur les emballages des bois massifs ou composites, ces derniers pouvant également être constitués de matériaux recyclés.
Le conseil peut lui aussi être écoresponsable
Grâce au bilan thermique, préalable incontournable à l’installation d’un système de chauffage, le piscinier a l’occasion de valoriser son savoir-faire en matière d’écoresponsabilité. Il est en effet en mesure d’orienter le client vers la configuration optimale, celle qui offre le meilleur ratio coût d’utilisation/confort de baignade. Pour cela, le conseil doit être le plus large possible : puissance et rendement du système de chauffage, déperditions thermiques, système de couverture du bassin, etc.