Entretien avec Nicolas Osanno, Président du groupe Nextpool
Quels sont les grands sujets de Nextpool pour 2023 ?
« L’année 2022 aura été riche en actualités pour nous, avec deux évènements majeurs, la création de notre filiale en Allemagne et l’acquisition de Pool Technologie. Nous sommes très satisfaits de la première, avec une équipe constituée intégralement et une marque aujourd’hui reconnue. Étant un acteur significatif, il était important, pour nous, d’être présents sur ce marché. C’est un projet sur plusieurs années qui nécessite des investissements importants.
L’autre évènement c’est l’intégration de Pool Technologie dans le groupe fin 2021 avec pour conséquence, en 2022, un travail sur l’organisation, la mise en place de synergies et la définition des orientations stratégiques qui vont nous permettre de créer de la valeur pour aller plus loin et plus fort encore sur les réponses apportées aux besoins du marché.
Notre force c’est notre capacité à penser global et à agir localement pour accompagner nos clients. Nous avons la volonté de continuer à apporter cette proximité de service à nos clients, de les aider où qu’ils soient et quelle que soit leur langue. Nous avons deux stratégies :
• Aller localement dans ces pays : nous avons de belles perspectives de développement dans la péninsule ibérique, et la signature d’un partenariat de distribution pour les USA et le Canada nous ouvre également un très beau marché sur lequel nous pouvons apporter de l’innovation à la française.
• Investir dans nos sites de production pour développer des produits adaptés à ces marchés, réaliser des économies d’énergie et augmenter notre capacité de production. Nous sommes en train d’agrandir notre site de Millau et nous allons doubler celle du site de Valergues pour satisfaire la demande.
Nous continuons également notre stratégie de transformation numérique pour faciliter la vie de nos clients : numérisation des documents, saisie des commandes pour éviter les erreurs et faciliter la transmission de commandes, protection contre les risques cyber… pour préparer la croissance future du groupe.
L’intrapreneuriat, avec la décentralisation de la décision, facilite le développement, tout comme la culture de l’innovation qui est ancrée dans l’ADN de nos collaborateurs. Le recrutement est donc un sujet important. Nous devons être capables d’apporter des innovations incrémentales pour nous améliorer de façon permanente et aller chercher de la performance, ce qui nécessite beaucoup de créativité.
Nous sortons de deux années de très fortes croissances. 2022 va se terminer en croissance avec toutefois une légère baisse en volume. La France s’est montrée très résiliente. Les marchés du sud de l’Europe, où le parc de piscines à rénover est important, sont également résilients et connaissent des croissances significatives. En revanche, les pays au nord de la France sont dans une situation plus compliquée de récession, avec des consommateurs préoccupés par l’inflation qui économisent très fortement.
Nous abordons l’année 2023 avec le sentiment de passer d’une crise à l’autre et l’envie que cela s’arrête. Nous avons cependant la conviction qu’elles nous ont permis de consolider ce qui fait notre force et que l’agilité de nos équipes associée à l’engagement et la solidarité qu’elles ont su démontrer nous permettent de traverser ces crises en nous adaptant et en prenant les bonnes décisions.
Nous devons nous attendre à une saison davantage tendue sur le marché de la construction neuve, mais tous les segments de marché ne sont pas touchés de la même façon : le haut de gamme se porte très bien, le milieu de gamme est secoué et, en entrée de gamme, des marchés comme celui de la piscine hors-sol ont été laminés car les acteurs disposaient de stocks très importants. Ils représentent un faible chiffre d’affaires pour le groupe mais cela nous a quand même impactés dans notre organisation.
Nous anticipons 2023 comme une année de transition avec la conviction qu’à moyen et long terme, l’envie de piscine restera vraiment très forte, surtout avec l’élévation des températures. Aujourd’hui, le marché se tend. D’un côté, nos fournisseurs augmentent leurs prix et, de l’autre, des distributeurs et des pisciniers ont des stocks plus élevés que d’habitude ce qui créé une tension sur la trésorerie. En tant qu’équipementier nous devons trouver notre place et suivre une stratégie cohérente avec un cap. D’où la volonté de poursuivre notre développement en nous appuyant sur les branches d’activité sur lesquelles nous avons un vrai savoir-faire, sur notre proximité et sur l’innovation, particulièrement en matière d’économies d’énergie et d’eau. Des produits de couverture et de traitement bien réglés, associés à des régulations intelligentes et du pilotage, devront permettre d’optimiser le fonctionnement des piscines pour réaliser des économies et rendre les piscines plus vertueuses.
La sécheresse a soulevé deux sujets. Le premier est celui de la consommation d’eau. Nous avons démontré, avec la FPP, et c’est vrai partout dans le monde, que la consommation des piscines n’était pas significative. Nous devons cependant poursuivre nos efforts et améliorer encore l’image de la piscine dans l’inconscient collectif pour que les clients comprennent que ce n’est pas là-dessus qu’il faut agir préférentiellement. L’autre sujet est l’organisation des chantiers chez nos clients. Plus personne ne prendra le risque de remplir une piscine s’il n’a pas de dérogation préfectorale. Cela va forcément nous obliger à modifier les calendriers de saisonnalité de nos organisations pour répondre plus tôt au besoin de remplissage, à inventer de nouveaux systèmes pour faciliter la vie des pisciniers. C’est à nous de nous adapter pour les accompagner. Nos investissements sont aussi orientés vers ces enjeux.
Quant aux pisciniers, les plus anciens d’entre eux savent quelles sont les erreurs à ne pas commettre, comme trop recruter, par exemple. Ils abordent les problématiques actuelles de façon plus pragmatique et préfèrent allonger les délais de livraison. D’autres ont pris par le passé trop de chantiers, les ont mal exécutés, avec du personnel non pérenne et pas qualifié. Finalement, ils préfèrent en faire moins mais dans de bonnes conditions. Nous constatons d’ailleurs un nouveau phénomène : beaucoup de nouveaux techniciens s’inscrivent à nos formations pour se professionnaliser. Ils se sont rendu compte qu’ils n’avaient pas toutes les compétences nécessaires. Ils peuvent compter sur nous pour les accompagner ! »