Se destinant à un cursus universitaire en biologie, Lisa Fabre s’est rapidement rendue compte que sa place était ailleurs, dans un domaine familier et familial. C’est lors d’un été que l’apprentie a trouvé sa véritable voie aux côtés de son papa piscinier.
La piscine, une « université d’été »
« Après l’obtention de mon baccalauréat filière S, je me suis « logiquement » orientée vers une licence universitaire pour suivre des cours de biologie. L’été précédent ma rentrée, je cherchais à travailler et mon père m’a proposé de venir l’aider dans son entreprise, Phil d’Eau Piscine, située à Sauvian, près de Béziers. Je ne connaissais pas du tout le métier, j’ai donc beaucoup observé. Je l’ai assisté pour transporter les matériaux, nettoyer les chantiers, etc.
La découverte des différents aspects du métier m’a beaucoup plu (construction, étanchéité, aménagement extérieur, etc.), au point de me faire hésiter à démarrer mon cursus à la fac. Je me cherchais mais je suis, néanmoins, restée sur mon idée pour ne pas avoir de regrets et j’ai débuté mes cours à la rentrée de 2020. J’ai rapidement compris que cette voie ne me convenait pas. J’ai donc arrêté l’université quelques mois plus tard et j’ai travaillé dans un fast-food afin de gagner de l’argent. Je cherchais en parallèle à me réorienter. La saison passée dans l’entreprise familiale m’était restée en tête et m’avait donné envie d’être diplômée et de travailler dans le domaine de la piscine. »
Un changement d’école
« Je me suis informée sur toutes les formations en rapport avec la piscine qui mêlaient pratique et théorie, partie que je tenais conserver. J’ai hésité entre le BTS Technico-commercial piscine et le Brevet Professionnel des Métiers de la piscine. J’ai contacté le centre de formation de Rignac pour des renseignements et j’ai été conseillée par Benjamin Vié qui m’a orientée vers le BP. Cette formation me permettait d’apprendre le métier de A à Z en étant sur le terrain. J’ai intégré le cursus en septembre 2021 et ai effectué ma première année de Brevet Professionnel.
Rejoindre le centre de Rignac était assez compliqué car il se trouvait à 2h30 de mon domicile. Je n’avais pas le permis à ce moment-là et j’étais dépendante de mes parents pour me rendre en cours. Il n’y avait pas beaucoup de possibilités de logement. Heureusement, le centre proposait une solution d’internat grâce à un partenariat avec un lycée local. La majorité de ma classe y logeait, nous étions tous ensemble. C’était vraiment une bonne expérience.
À la suite de la création de Cap Formation près de Toulouse, j’ai suivi Benjamin Vié et je suis actuellement en deuxième année de formation. J’ai toujours de la route, la distance reste contraignante, mais sur place, j’ai de la famille et une camarade de ma classe qui m’offrent la possibilité de rester chez eux lors des semaines de cours. C’est beaucoup plus pratique. Je suis plus indépendante.
En tant que femme dans le secteur de la piscine, tout se passe bien. Sur une classe de 10 apprentis, nous sommes 2 filles. Il n’y a pas de discrimination ou de différence, nous sommes tous au même niveau. »
Donner la chance ?
« Lorsqu’il m’a fallu trouver une entreprise où effectuer mon alternance, je n’ai pas choisi celle de mon père car j’avais envie de découvrir une autre manière de travailler. J’ai envoyé ma candidature à toutes les entreprises près de chez moi mais aucune n’a voulu m’accueillir. Certaines ne m’ont pas répondu, d’autres ne souhaitaient pas me prendre car elles pensaient que je ne les aiderais pas, que je serais cantonnée à des tâches de ménage sur les chantiers car je n’y connaissais rien.
Lors d’un entretien, j’ai, par mégarde, mentionné que mon père était du métier et ils ont préféré refuser. Ils craignaient me former pour me voir partir après avoir acquis les compétences.
J’ai donc finalement intégré l’entreprise familiale. Nous sommes spécialisés dans la construction (2 par mois) et la rénovation (1 par mois) de bassins en panneaux de coffrage Cofreco avec des revêtements membrane armée ou carrelage. Nous posons également des coques. Nous sommes une équipe de 4 personnes, 2 techniciens, mon père et moi.
J’aime être en entreprise car je découvre le métier sur le terrain. Il se passe toujours quelque chose et cela à tout moment. Je suis en perpétuel mouvement. C’est ce qui rend le retour à l’école plus compliqué car c’est un peu moins concret.
J’aime tout ce qui est en rapport avec la structure, construire un bassin, le transformer, créer les abords de la piscine, etc. J’aime moins intervenir sur la partie réseau hydraulique. Ce que je préfère, c’est l’étanchéité, apporter la finition à la piscine pour la rendre magnifique. Le meilleur moment c’est lorsque le client découvre sa piscine en eau et que nous voyons qu’il est ravi de notre travail.
Je suis aujourd’hui passionnée, j’ai enfin trouvé ma voie. Je suis contente. »
Un apprentissage au quotidien
« Mon plus grand défi en tant qu’apprentie a été de me familiariser avec les outils et les matériaux. C’était assez compliqué au début car je n’avais pas les bases, je ne connaissais absolument rien au monde du bâtiment.
Aujourd’hui, je suis entourée de professionnels qui me forment au quotidien des pisciniers. J’apprécie découvrir les nouveautés et les innovations du secteur, surtout celles concernant les économies d’eau, un enjeu d’ampleur pour le marché. En fin d’année dernière, nous nous sommes rendus au salon de Lyon pour rencontrer des fournisseurs, nouer des contacts et appréhender les nouvelles solutions du métier.
Nous avons l’occasion de le faire au centre de formation, lors des interventions des acteurs du marché. Ceux que nous rencontrons nous permettent d’être au fait des tendances et spécificités du marché, ce qui nous aide pour préparer notre examen final. »
Se former toujours davantage
« Je passe mon examen écrit en mai ainsi que la pratique et j’ai un oral en septembre. Je compte continuer mes études en effectuant un BTS Technico-Commercial piscine. Lors du salon, je suis allée rencontrer les formateurs de ce diplôme qui me permettrait de connaître les différentes techniques de vente à maîtriser. Je voudrais apprendre à vendre auprès d’un client final. Ce cursus est également en alternance, pendant 2 ans. Et pourquoi pas poursuivre avec une licence professionnelle. Je veux connaître tous les aspects du métier pour être polyvalente et je veux faire des études pendant que je suis jeune. Le Brevet Professionnel est un niveau BAC. Je veux assurer mon avenir et obtenir des diplômes en cas de réorientation future. »
Parole de patron et de papa :
« Je suis ravi de travailler avec ma fille. Elle part de zéro, ce n’est pas évident. J’essaie de lui donner petit à petit des responsabilités pour qu’elle monte en compétences. Elle est sur les chantiers, m’accompagne en rendez-vous client. Ça se passe très bien. »
Phil d’Eau Piscine
6 rue Serge Gainsbourg, 34410 Sauvian
Date de création : 2018
Gérant : Philippe Fabre
Activités : construction et rénovation
Propos recueillis par Carine Dal Gobbo
