Les pisciniers sont parfois montrés du doigt et accusés de vendre très cher un sel pour électrolyseur qui n’a, de l’avis de certains, aucune différence avec un sel quelconque. Pour faire le point sur ce sel spécifique, nous avons décidé de donner la parole à des professionnels.
Fonctionnement de l’électrolyseur : les fondamentaux
L’électrolyse du sel en piscine est un procédé permettant de transformer le sel ajouté à l’eau du bassin en désinfectant chloré : l’hypochlorite de sodium (NaClO) ou eau de Javel. Dans l’eau de la piscine, l’hypochlorite de sodium se dissout de manière instantanée en :
– acide hypochloreux (HOCl)
– ion hypochlorite (ClO-)
L’acide hypochloreux, aussi appelé chlore actif, agit en tant que désinfectant. Son efficacité est 100 fois supérieure à celle de l’ion hypochlorite. Étant donné que le pourcentage d’acide hypochloreux présent dans l’eau varie en fonction du pH, il convient de régler ce dernier à une valeur où cette espèce chimique est majoritaire. Ainsi, il est recommandé de maintenir le pH d’un bassin traité au sel entre 7,1 et 7,5.
L’acide hypochloreux est un oxydant puissant qui détruit aussi bien les matières organiques que les germes pathogènes : algues, bactéries et polluants azotés. En l’absence de traitement, la décomposition de ces derniers entraîne la formation de chloramines, responsables d’odeurs désagréables et d’irritation des muqueuses. À l’inverse, la production de chlore étant continue dans le procédé d’électrochloration, les chloramines sont immédiatement détruites. C’est pourquoi les bassins traités au sel n’ont pas l’odeur de chlore et ne piquent pas les yeux. Grâce à un fonctionnement semi-automatisé, le traitement d’une piscine au sel permet le maintien permanent d’une excellente qualité sanitaire de l’eau.
L’électrolyse a lieu au sein d’une cellule garnie d’électrodes et placée sur le circuit de recyclage de l’eau. Les électrodes, traversées par un courant continu de basse tension, sont fabriquées en titane (inoxydable) et revêtues d’un métal rare tel que le ruthénium ou l’iridium. La concentration en sel ajoutée dans le bassin est généralement située entre 3 et 7 g/l (se référer aux instructions d’utilisation de l’électrochlorateur).
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Après son action désinfectante et sous l’effet des rayons UV, le chlore retourne à l’état de sel dissous, qui est à nouveau disponible pour la production de chlore. S’il n’y avait aucune perte d’eau, le processus pourrait donc se poursuivre indéfiniment.
Les hivernages, les lavages de filtre et les pertes d’eau liées aux baigneurs sont quelques-unes des causes nécessitant un apport d’eau neuve dans un bassin. Ces ajouts d’eau neuve doivent ainsi être complétés par un ajout de la quantité de sel équivalente afin de maintenir le bon fonctionnement du système d’électrolyse.
Le traitement d’une piscine au sel influence le pH de l’eau du bassin par la production de soude (NaOH) qui est une base forte, responsable de l’augmentation du pH. C’est pourquoi les fabricants proposent un système de régulation automatique.
Quelles sont les qualités requises pour un sel piscine ?
Il doit s’agir d’un sel raffiné de très haute pureté chimique (> 99,9 % NaCl) avec une concentration réduite en Ca et Mg (calcium et magnésium). Une attention toute particulière est portée sur l’élimination des traces de métaux tels que le fer, le cuivre, le manganèse et le plomb. Enfin, le format pastille permet une dissolution totale et homogène dans le bassin.
Quels sont les risques si un sel ordinaire est utilisé ?
Le principal risque concerne la cellule. Pour l’électrochloration, il est nécessaire d’utiliser un sel de grande pureté à teneur en calcium et magnésium réduite. En effet, une teneur trop élevée de ces substances provoque un phénomène de désurfaçage des électrodes altérant fortement leur longévité. Par conséquent, il convient d’utiliser un sel raffiné en pastilles. La présence de métaux lourds est à l’origine de taches indélébiles sur les revêtements du bassin ainsi que de l’élévation du potentiel de travail de l’anode provoquant une réduction de la durée de vie de l’électrode.
Il faut savoir également qu’un sel classique, tel que le sel fin ou le sel de mer, non étudié spécialement pour une utilisation en piscine, peut contenir un agent antiagglomérant libérant des ions ferrocyanures. Cette espèce chimique, lorsqu’elle est oxydée, peut être responsable de taches indélébiles sur les revêtements et les équipements du bassin.
Service Marketing Traitement de l’Eau • Groupe Salins
Que dit la norme NF EN 16401 ?
Pour prévenir de l’utilisation d’un sel non adapté au traitement de l’eau des piscines, une norme a été élaborée et publiée le 23 novembre 2013 : la norme NF EN 16401.
À l’instar des pastilles de sel pour adoucisseur, le Comité Européen de Normalisation a élaboré la norme EN 16401, “Chlorure de sodium utilisé avec les systèmes d’électrochloration‿, faisant partie du catalogue des normes des produits chimiques utilisés pour le traitement de l’eau des piscines. La norme européenne EN 16401 définit les critères de pureté physicochimiques adaptés aux exigences de l’électrolyse du sel en piscine. En plus de caractériser la pureté du sel (99,4 % de NaCl minimum pour la qualité A), des concentrations maximales limites sont fixées pour certains métaux tels que le cuivre, le fer et le manganèse. En effet, ceux-ci peuvent causer une réduction de la durée de vie des électrodes ou des taches sur les revêtements des bassins.
De plus, la norme EN 16401 interdit la présence d’antimottant dans le sel pour piscine. Cet additif de coulabilité, utilisé par exemple pour le stockage du sel de table afin d’éviter sa recristallisation en un bloc de sel, est présent dans les sels fins, sels gros et certaines pastilles de sel. Lors de sa dissolution dans l’eau, un sel contenant de l’antimottant pourrait libérer des ions hexacyanoferrate, qui peuvent eux aussi tacher le bassin et ses équipements.
Denis Choplain – Responsable technique SCP France
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« Le sel doit être pur et doit fondre rapidement. Il ne doit pas contenir d’agent anti-mottant (composé à base de fer, présent dans les sels alimentaires) et être déclaré au registre des produits précurseurs d’agent biocide. Xavier Darok, notre responsable traitement de l’eau Europe, a participé à la rédaction de la norme européenne prEN 16401 qui établit les critères de pureté. Son objectif est de garantir au consommateur une qualité de produit adaptée au milieu de la piscine. Un sel impur, chargé de minéraux ou de métaux, génèrera notamment des taches, souvent indélébiles, sur le liner à l’endroit où le sel a été versé.
Nous constatons régulièrement des incidents liés à une concentration insuffisante de sel dans l’eau avec des répercussions sur les cellules. En effet, en milieu/fin de saison, suivant la fréquence des lavages et de la pluviométrie, il est souvent nécessaire de faire l’appoint en sel du fait des pertes d’eau, ce qui n’est pas toujours fait. À noter qu’un régulateur de niveau mécanique défectueux, associé à un trop-plein, peut générer une baisse du taux de sel, en même temps que des pertes d’eau conséquentes. Un taux de sel insuffisant se traduira par une dégradation du film conducteur, puis des plaques elles-mêmes. Le diagnostic est rapide et sans appel : la cellule est irrémédiablement endommagée, requérant un remplacement non pris en charge par la garantie, ce qui donnera lieu au mécontentement du client, mal informé. De même, nous constatons que les bandelettes pour lecture du taux de sel sont souvent mal utilisées : les utilisateurs (parfois même pros) lisent le chiffre sur la bandelette, mais ne le comparent pas avec l’échelle inscrite sur le tube. Les testeurs électroniques sont plus fiables, mais un étalonnage régulier est fortement recommandé. Quoi qu’il en soit, nous recommandons l’usage d’un peu plus de sel que le taux préconisé pour pallier les erreurs de lecture et les pertes d’eau (par exemple 4 g au lieu de 3 g). Enfin, la gestion du pH est essentielle : le pH monte naturellement avec un électrolyseur d’où entartrage des cellules possible et détérioration, si rien n’est fait. »
Préconisez-vous l’utilisation d’un sel stabilisé ?
« Il y a 2 écoles. Le sel avec stabilisant prédosé et adjoint de séquestrant : cette solution permet de constituer une réserve de chlore face aux UV, notamment lorsque l’appareil est tout juste dimensionné par rapport au volume d’eau ou quand la piscine est ouverte toute la journée (donc exposée aux UV, avec un temps de filtration parfois insuffisant). Le séquestrant calcaire/métaux, quant à lui, ralentit l’entartrage des plaques et limite la corrosion des métaux ou les effets sur les cellules lorsqu’ils sont présents dans l’eau (fer, manganèse…) Le sel non stabilisé est intéressant du fait de son prix, mais aussi parce qu’il convient également aux piscines peu exposées (piscine intérieure ou piscine avec abri, piscine de résidence secondaire avec couverture automatique, etc.), d’autant plus que rien n’empêche de le stabiliser manuellement. Dans tous les cas, il appartient au professionnel de s’assurer de la compatibilité du sel utilisé avec les préconisations du fabricant. »
D’autres remarques concernant l’électrolyse ?
« À la fin des années 90, les électrolyseurs se sont démocratisés et vendus souvent comme étant automatiques, sans dispense de conseils, faute de connaissances ou de formation. Les conséquences ? Les années qui ont suivi, nous avons rencontré des piscines où les liners “cuisaient‿ à vitesse grand V (décoloration, plis), d’autant plus dans les régions où les piscines restent souvent couvertes et où les utilisateurs maintiennent des temps de filtration longs. Je me souviens encore de l’étonnement des professionnels face aux dégâts causés ! Aujourd’hui, les fabricants proposent des parades simples à installer tels que des analyseurs automatiques qui commandent la production du chlore, ou les contacts volet/électrolyseur, faisant baisser la production lorsque le volet est fermé. Enfin, je m’étonne d’entendre encore certains dire que lorsqu’on traite au sel, on ne traite pas au chlore ! Je décrirais souvent l’électrolyseur dans sa fonction première comme une usine à chlore alimentée par la filtration : je filtre, je produis du chlore, souvent bien plus qu’il n’en faut, donc attention : former, informer le professionnel comme l’utilisateur, reste primordial. »
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www.scp-france.com
Yves Lesouëf – Directeur commercial Régul’électronique
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« Afin d’obtenir un traitement de l’eau performant et pour optimiser la durée de vie des cellules équipant nos appareils, nous recommandons fortement l’utilisation d’un sel spécial piscine. Ce sel épuré, notamment sans particules métalliques, est un gage de longévité pour les cellules. Il faut savoir également que ces particules métalliques représentent un risque important de taches colorées sur le revêtement du bassin. L’autre point primordial concernant l’utilisation du sel est le respect du dosage, qui doit être compris, pour nos équipements, entre 4 et 5 g de sel par litre d’eau. Trop de sel génère une augmentation de la production de chlore, pas assez de sel compromet la longévité de la cellule. Nos appareils sont, pour pallier cet inconvénient, équipés d’une sécurité qui les arrête lorsque le taux de sel est inadéquat. Un de nos produits, l’électrolyseur IDO, a la capacité de conserver le niveau de production de chlore, même lorsque les paramètres de fonctionnement changent, qu’il s’agisse de la salinité, de la température de l’eau ou du degré d’usure de la cellule. Côté stabilisant, nous n’avons pas de préconisations précises : sel stabilisé ou stabilisant séparé. Si les utilisateurs n’utilisent pas de stabilisant, nous recommandons un fonctionnement accru de l’électrolyseur, tout particulièrement en période ensoleillée et après la dernière baignade. Le dialogue et les explications données aux utilisateurs sont fondamentaux afin d’éviter les erreurs et les déceptions qui en résulteraient. »
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www.regul.fr
Patrick Negro – Directeur Communication Marketing chez NextPool
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« Nous sommes attentifs à la qualité du sel qui doit être utilisé avec nos électrolyseurs. Nos notices d’emploi indiquent clairement que ce sel doit être d’une très grande pureté (> 99,9 % NaCl), avec très peu de magnésium et de calcium, et ne pas contenir de traces de métaux. Question dosage, nous préconisons de débuter chaque nouvelle saison avec le taux de sel adapté, compris entre 4 et 5 g/litre.
Durant la saison, nos appareils sont capables de maintenir leur production, même si ce taux de sel diminue. En effet, lorsque le taux de sel baisse, nos appareils maintiennent automatiquement la puissance délivrée vers la cellule d’électrolyse afin de garantir la quantité de désinfectant produite : c’est l’auto-adaptabilité de nos systèmes aux variations de la composition de l’eau.
En ce qui concerne les additifs anti-corrosion incorporés dans certains sels piscine, ils permettent une protection accrue des accessoires métalliques présents dans le bassin et tout particulièrement ceux rentrant dans la fabrication des couvertures automatiques. Lorsqu’une piscine est équipée d’un produit Abriblue (groupe NextPool) dont les flasques, axes et glissières sont en matériaux composites et bénéficie de notre garantie Non’Co®, nous ne délivrons pas de préconisations particulières à ce sujet. »##img5295##
www.nextpool.com