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Les phénomènes de corrosion

par laurence

Nous sommes régulièrement interrogés par des lecteurs sur des phénomènes de corrosion affectant des métaux dans l’environnement piscine. Manuel Martinez, professeur en électrotechnique au CFA de Pierrelatte (26), a réalisé le diagnostic électrique d’une installation dont certaines pièces du volet automatique avaient connu une corrosion. Il identifie des causes multiples et nous livre les conclusions de son expertise.

Le constat

Un volet immergé est installé dans une piscine traitée par électrolyse du sel et l’électrolyseur dispose d’un équipement de type pool-terre. Quelques semaines après son installation, le volet, lors de son déplacement, se met en travers détériorant ainsi les capuchons des lames PVC. Une corrosion importante des pièces de blocage de l’axe du volet est alors constatée.


Cette pièce de blocage de l’axe (mâchoire) en alliage d’aluminium est serrée par une vis inox. La corrosion sur cette photo est constatée au bout d’un mois entre mi-octobre et mi-novembre, électrolyseur à l’arrêt.

L’oxyde d’aluminium blanc se place autour de la vis inox. C’est une oxydation caractéristique d’une corrosion galvanique (mauvaise association de métaux).

2 types de corrosion sont possibles : la corrosion galvanique et la corrosion électrolytique. Petit rappel :

Le principe de la corrosion galvanique

Les métaux ont des potentiels électriques différents. Si des métaux de nature très différente sont mis en contact dans une eau conductrice, le métal avec le potentiel le plus bas (ici l’aluminium) devient anode, alors que le métal avec le potentiel le plus élevé (les vis inox) devient cathode. La “pile‿ produite provoque une corrosion accélérée de l’anode.

La notice technique n°39 Octobre 2008 du COPREC (Confédération des Organismes indépendants de Prévention de Contrôle et d’Inspection), fixant le comportement de l’aluminium en contact avec d’autres métaux, explique qu’en milieu pouvant présenter une agressivité chimique, il faut proscrire le contact direct entre l’aluminium et les inox.
Or l’eau d’une piscine, et qui plus est traitée au sel, représente une ambiance chimiquement agressive (sel, chlore, variations acides…)

Les couples galvaniques à proscrire

Cliquez pour agrandir le tableau et découvrir les couples galvaniques à proscrire.

La corrosion électrolytique

Le bassin est soumis à un autre type de corrosion : une corrosion électrolytique. Elle intervient lorsque l’ensemble du bassin est soumis à une source extérieure de courant électrique. Afin de réaliser ce constat la tension de l’eau a été mesurée à proximité des pièces corrodées. La mesure a révélé la présence d’un potentiel électrique de 2 volts que l’on ne devrait pas trouver ici.

Tous les appareils de la piscine étant à l’arrêt, cette tension est la conséquence des courants de défaut de l’habitation qui se transfèrent vers le bassin. Un bassin chargé électriquement à 2 V au contact de la terre végétale à 0 V produit une corrosion de type électrolytique (comme sur les bateaux).

C’est un facteur de corrosion plus global, susceptible d’attaquer l’ensemble des éléments métalliques du bassin y compris les aciers inoxydables, mais particulièrement les métaux moins nobles dont les mâchoires en aluminium. 2 V, cela peut paraître peu car c’est une tension très faible dans nos habitudes et usages domestiques, mais une corrosion électrolytique apparaît dès 500 mV, soit 0,5 volt.

Comment les courants de défaut de l’habitation se retrouvent-ils dans la piscine ?

Les courants de défaut de l’habitation se transmettent au bassin par la liaison équipotentielle de la pompe de filtration car il y a continuité entre la masse métallique et la vis de serrage de la turbine.

Pourtant les mesures sont conformes


La mise à la terre de l’habitation est conforme (en dessous de 100 Ω) selon NF C15-100. Cela signifie qu’elle est sans danger pour les habitants et, par extension, les baigneurs. Mais il n’en reste pas moins qu’elle décharge une partie de ses courants de défaut dans le bassin et provoque une corrosion électrolytique.


Ci-dessus le point de mesure du pool-terre, qui est installé pour évacuer les courants générés par l’électrolyseur.


La mise à la terre du pool-terre est acceptable pour assurer la protection des baigneurs, mais elle peut être améliorée pour évacuer les courants indésirables plus efficacement. L’installation d’un simple goutte à goutte au dessus du piquet pour l’humidifier suffit à abaisser la résistance autour de 20 Ω ce qui est excellent.

Conclusion

Nous sommes bien ici face à 2 facteurs de corrosion :

1- Une corrosion galvanique. Les assemblages Aluminium-Inox sont à proscrire dans une piscine car de nature à créer un effet de “pile électrique‿ et corroder ainsi l’aluminium de manière accélérée. Cela rend l’assemblage trop intolérant à une eau acide (même modérément), surtout si elle est salée.

2- Une corrosion électrolytique. Les courants de défaut de l’habitation ont tendance à s’évacuer en partie dans le bassin, ce qui vient aggraver les problèmes de corrosion des pièces de blocage de l’axe.

À retenir pour éviter des problèmes de corrosion

Séparer les terres de l’habitation de celle de la piscine. Cela a pour objectif d’éviter que la maison ne décharge une partie de ses courants de défaut dans la piscine et aggrave la corrosion des éléments métalliques du bassin. Attention, il convient alors d’installer impérativement un différentiel propre à la piscine conformément à la norme NF C15-100.

Éviter les liaisons équipotentielles des échelles et plongeoirs, cela équivaudrait à les mettre en contact avec les autres métaux du bassin et donc à favoriser une corrosion galvanique.

Certains “pool-terre‿ comportent un goutte à goutte vers le piquet de terre pour obtenir une évacuation optimale des courants de défaut, ainsi qu’une anode sacrificielle en zinc ou en magnésium (ce sont des métaux plus faibles que les aluminiums qui viendront se corroder en lieu et place de ceux-ci, comme sur les bateaux). Ils sont à privilégier dans les installations jugées sensibles aux risques de corrosion.

Cas particulier des spas hors sol

Les spas hors sol étant très isolés électriquement, ils ont tendance à se “charger‿. Lorsque le baigneur pose un pied par terre en sortant de son bain, il est possible qu’il puisse ressentir une légère décharge semblable à celle que l’on peut recevoir en descendant d’une voiture.

La solution reste la même : créez une terre propre au spa, protégez l’installation avec un différentiel dédié et déconnectez celle de l’habitation.

Manuel Martinez
Formation et expertises en électricité de piscines et spas
Professeur en électrotechnique au CFA des métiers de la piscine.

L’Activité PISCINE magazine, la référence de l’information professionnelle du secteur de la piscine et du spa.

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