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Un parc aquatique réinventé

par laurence

Domaine Les Ormes (80)

Répondre à un appel d’offres pour la création de bassins dans un parc aquatique n’est pas à la portée de tout le monde. Cela demande des compétences techniques, une préparation de chantier sans faille et des partenaires présents à toutes les étapes, de la conception à la livraison. C’est ce défi qu’a relevé Florent Fontaine, dirigeant de l’entreprise Eclats et Ricochets (80).

 

Domaine des Ormes le-dome-06

Centre de loisirs Les Ormes

Le projet

Le domaine des Ormes est un centre de loisirs de 200 hectares, situé en Bretagne, entre Saint-Malo et le Mont-Saint-Michel. Créé en 1977 sur la base d’un camping, il s’est rapidement enrichi et agrandi avec la création d’un golf, tout d’abord, puis le rachat d’un hôtel-restaurant, la création d’une résidence hôtelière, la construction d’un parc aquatique avec piscine à vagues, l’ajout d’un centre équestre, l’installation de cabanes dans les arbres puis sur l’eau, d’un téléski aquatique… et aujourd’hui, la construction d’un important complexe de piscines avec activités sous un immense dôme de 4500 m² (74 m de diamètre) et en dehors de celui-ci. La famille propriétaire du domaine n’en est pas à son coup d’essai en matière d’innovation. C’est sur ce domaine que fut lancé le premier parc aquatique français, c’est là aussi que furent créés les premiers rochers artificiels, installées les premières cabanes dans les arbres. « Quand on a ça, il faut innover et aller plus vite que les autres », explique Florent Fontaine. Très connu dans le métier du camping et véritable référence du genre, et face à des concurrents tous équipés de dômes, le parc « a voulu aller encore plus loin en faisant construire le plus grand dôme privé de France ».

 

Domaine LES ORMES_BASSIN hauteur-1

Plan des bassins

 

La consultation

Contacté en 2017 par Régis Cormier, maître d’œuvre du projet, pour étudier la faisabilité technique du projet, Florent Fontaine, en collaboration avec un architecte, s’attèle immédiatement à « l’étude de l’existant afin de savoir ce qu’il manquait pour créer des bassins avec des activités sous le dôme ». Ils vérifient alors s’il est possible de couvrir les bassins existants – dans lesquels il y avait déjà eu des investissements – et testent le fonctionnement de la filtration actuelle.

La décision est prise de rénover les anciens bassins et d’en créer de nouveaux, soit la création, sous un dôme de 74 m de diamètre intérieur, d’une rivière de 200 m de long, d’un bassin intérieur de 16 x 7 m, d’une pataugeoire de 60 m² et d’un bassin extérieur de 22 x 8 m.

Commence alors, en septembre 2017, le chiffrage du projet. Le coût est à la hauteur de celui-ci et s’établit à plus de 6 millions d’euros, avec le dôme, les bassins et les aménagements.

Reste à trouver l’entreprise qui saura réaliser les bassins. Ce n’est pas chose facile. « Le client a une idée toutes les vingt secondes, et il cherchait quelqu’un pour faire quelque chose d’innovant. »

Il s’avère que le courant est bien passé pendant cette première phase entre la direction du domaine et Florent Fontaine. « L’aspect humain a beaucoup joué, malgré la concurrence », confie-t-il. Du fait de sa formation, il savait en plus répondre à des problématiques que ses concurrents auraient eu du mal à traiter.

Au début, il reconnaît ne pas avoir voulu s’occuper de la réalisation du projet. D’autant que le budget pose un problème. Il finit cependant par accepter, avec une solution originale : il fournira un chef de chantier permanent, et ses équipes seront secondées par le personnel du parc, qui sera formé pendant la pose de la piscine. « Le client savait que je ne pouvais pas maintenir du personnel en permanence et qu’il fallait qu’il mette aussi ses propres équipes sur le dossier, précise Florent Fontaine. C’est un projet avec beaucoup d’humain : ça passait ou pas. Au bout de six mois de pré-étude, soit il me prenait pour la réalisation, soit il me prenait en surveillance d’un autre intervenant sur la partie piscine. »

Il propose aussi au client la technologie Carobbio et sa structure RockPool en panneaux béton préfabriqués, qui permet la réalisation de structures autoportantes dans un délai très court. Cette solution plaît au client, sauf en ce qui concerne l’étanchéité. « Il voulait une structure étanche. » Florent Fontaine lui propose donc de commencer avec une membrane, avec la possibilité, dans plusieurs années, de la remplacer par un enduit de finition projeté. Et le client accepte.

 

Le chantier

En juin 2018, le chantier commence. Il faudra trois mois pour le terrassement avec deux pelles de 50 tonnes, un BRH et une grue de 10 tonnes.

Pour le dôme, c’est une entreprise spécialisée qui est intervenue. Son installation a cependant pris un retard de plusieurs semaines. « Tout le monde était tributaire d’eux. Heureusement que l’hiver a été clément. Cela a permis de bien avancer. Et le client a des moyens humains qu’il sait exploiter au bon moment. »

Fin février 2019, et pendant deux mois et demi, une équipe de 4 personnes pose donc les 800 mètres linéaires de parois, les panneaux des 1 000 m² de bassin ayant été préfabriqués 100 % sur mesure en usine. Le 15 mai, tout l’intérieur des bassins est terminé.
« Le client savait que le produit était bien, mais qu’il n’était pas aussi flexible qu’il le voulait. Mais nous avons su nous adapter, et l’ensemble des intervenants, comme l’architecte, nous a soutenu en validant notre compétence et notre capacité à transformer les idées du client en réalité. » Et d’illustrer avec le château fort, qui a nécessité « la création de boutons pour allumer les mitraillettes ou animer l’eau sous les pieds des enfants de manière aléatoire. Il aurait fallu plusieurs prestataires, mais nous savions tout faire ».

Domaine Les Ormes

La rivière (haut gauche) – Vue en 3D du bassin extérieur (haut droit) Construction du dôme et du bassin extérieur (bas gauche) – Pose des panneaux en béton préfabriqué sous le dôme (bas droit)

 

Le choix des partenaires

L’un des rôles de Florent Fontaine est de trouver des partenaires. Et sur un projet comme celui-ci, « il est difficile de trouver des partenaires qui maintiennent leurs prix ». Il avait aussi besoin de garanties sur tout le matériel (filtration, désinfection, pompes…). Il s’est naturellement tourné vers son fournisseur, Interplast. Les deux entreprises ont un « historique de travail », et l’entente de Florent avec Denis Pia, le spécialiste des projets piscines publiques, fruit d’une relation de plusieurs années, a permis de mettre en place un partenariat important pour ce chantier.

Leur collaboration sur ce projet a donc commencé dès le chiffrage des produits PVC et de la partie filtration et traitement. « 80 % de la technique piscine a été fournie par Interplast. » Le fournisseur a joué le jeu sur les prix. Des prix qui n’ont pas bougé depuis le début. Le client n’a donc pas été déçu. C’est ainsi que 5 nouveaux filtres dédiés à la rivière et aux nouveaux bassins ont été installés, « tous en cascade et avec une seule filtration pour fournir 1 000 m3 d’une eau homogène », avec des collecteurs sur mesure. Des filtres livrés par grutage juste avant la fermeture du local technique et remplis de 39 tonnes de verre. Le fournisseur s’est aussi appliqué à livrer rapidement sur le chantier tous les raccords PVC, colles et décapants nécessaires.

Interplast a enfin été force de conseil, comme sur les études de gaines de ventilation. Un conseil que le client a apprécié. « Des projets comme ça, il n’y en a pas souvent », explique Denis Pia. Même s’il ajoute qu’ils ont de plus en plus de projets de piscines collectives à traiter.

 

Le credo du client ? Ne pas s’ennuyer dans sa rivière !

Domaine Les Ormes « L’idée, c’est de toujours avoir des choses différentes à faire quel que soit le nombre de tours que l’on aura fait. Qu’à chaque coin de rivière on ait des jets, un rideau d’eau, des lumières, des canons… Partout ! » explique Florent Fontaine. Le client désirait « un investissement durable ».

Ont été ainsi conçus un « tourbillon de 6 m de diamètre de 500 m3 de puissance pour lequel nous avons créé un parapluie d’eau qui s’ouvre et se ferme afin de faire tourner l’eau, des jets suiveurs avec des buses au sol qui s’allument au fur et à mesure pour donner l’impression d’être suivi quand on marche dans l’eau, des murs d’escalade qui permettent aux enfants de se jeter dans l’eau avec des cordes… » Pour chaque animation, l’entreprise a dû trouver des solutions techniques et travailler avec un automaticien et un fabricant de coffrets électriques, entre autres.

« Nous avons tout fait pour que ce soit facilement maintenable avec des technologies et des produits que nous maîtrisons en les associant. Nous avons créé des programmes et des automates qui puissent être compris et entretenus par tout le monde. On a donc travaillé sur l’uniformité des vannes, des filtres, des pompes, pour faciliter la maintenance de l’ensemble, et formé les équipes avant la réalisation à partir des plans. L’échange avec les équipes du parc a d’ailleurs permis d’apporter des solutions des deux côtés et d’avancer ensemble. C’est ainsi que les problèmes de sécurité ont été étudiés en travaillant par zones avec les maîtres-nageurs. Même chose avec les techniciens avec qui, en travaillant là encore sur chacune des 8 zones définies, nous avons pu sécuriser chacune d’entre elles afin de pouvoir les couper individuellement et faciliter les interventions. Il a aussi fallu vendre tout cela à l’ARS (Agence régionale de santé) et leur expliquer les choix, les fonctionnements… Cela nous a obligés d’ailleurs, sur leur demande, à modifier les collecteurs. »

Le bilan

Tout est ouvert aujourd’hui, sauf la rivière, qui devrait l’être à l’heure où vous lirez ces lignes. Le retard lié au dôme a malheureusement décalé les finitions de plusieurs semaines. Le chef de chantier est toujours sur place et fait du pilotage : il vérifie les serrages de filtration avec les équipes du parc avant son démarrage. Six personnes de l’entreprise y travaillent avec 10 personnes du parc.

Et Florent Fontaine de conclure : « Nous avons su répondre au client tout le temps, que ce soit oui ou non, sachant qu’il était très documenté. Beaucoup de choses ont évolué pendant le chantier et l’aspect rapidité a été primordial. Tout aurait été plus dur si on n’avait pas pensé à tout avant. Après, le reste a été du calcul, et principalement du calcul. »

Fiche technique du projet

  • Bassins : 1 000 m²
  • Rivière de 200 m de long
  • Bassin intérieur de 16 x 7m
  • Pataugeoire de 60 m²
  • Bassin extérieur de 22 x 8 m
  • Volume d’eau : 1 200 m3 dont 350 m3 dans les bacs tampons
  • Installations techniques : 3 locaux techniques et 70 m de souterrains
  • 5 filtres et 50 pompes pour la filtration et l’animation de l’eau
  • 5 réacteurs UV de 200 m3 et diffuseurs d’hypochlorite de calcium
  • 1 mini-usine à chlore à l’étude
  • Dimensionnement des installations sous le dôme pour 1 500 personnes

 

Domaine des Ormes FILTRES BOBINES D2500v1

Les 5 filtres avant leur grutage dans les locaux techniques

 

Carte d’identité de l’entreprise

Entreprise Éclats et ricochets (80)
15, rue Émile zola
80470 Ailly sur Somme

Dirigeant : Florent Fontaine.
Représentant France de la marque Carobbio, spécialiste du dallage et
de la structure de piscine en béton

 

Remerciements à Valentin Dall’Osto, Responsable Marketing, Communication et Digital et Denis Pia, spécialiste des projets piscines publiques chez Interplast.

 

 

Texte : Sébastien Carensac

L’Activité PISCINE magazine, la référence de l’information professionnelle du secteur de la piscine et du spa.

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