Après des années de stagnation, la validation des acquis de l’expérience (VAE) s’apprête à opérer une mue radicale. Dispositif permettant à un actif de faire valoir l’expérience principalement accumulée dans son cadre de travail, pour obtenir un diplôme en correspondance avec les compétences développées, la VAE a grandi dans une certaine indifférence. Pâtissant d’un déficit d’information et d’accompagnement, elle stagne autour de 20 000 diplômés l’utilisant chaque année.
Une réforme ambitieuse de la VAE
Visiblement convaincu qu’il dispose là d’un véritable outil pour atteindre son objectif de « société du plein emploi », le gouvernement a décidé de lui donner les moyens de fêter ses 20 ans : simplification et homogénéisation des démarches administratives, financement d’un accompagnement digne de ce nom pour préparer la VAE, réduction des délais, facilitation de l’accès au jury, mise à disposition d’une plateforme d’information et de conseil pour les usagers, tels sont les principaux axes d’une réforme législative qui se veut ambitieuse.
La VAE, une opportunité pour les entreprises de la piscine
Dans un contexte de forte tension sur le marché de l’emploi, c’est donc une véritable opportunité pour les petites et moyennes entreprises que d’y recourir. Avec la VAE, elles peuvent en effet :
• Fidéliser leurs collaborateurs en leur permettant de valoriser l’expérience acquise dans l’entreprise : c’est un outil de rétention des talents. Les études menées sur le sujet prouvent, en effet, que la fidélité à l’entreprise prime nettement « sur l’envie d’aller voir ailleurs » une fois obtenu. L’instauration d’un dédit VAE peut avantageusement compléter le dispositif, l’entreprise réclamant le remboursement de sa contribution au financement de la VAE, en cas de départ de l’entreprise du néo-diplômé.
• Attirer de nouvelles ressources en leur proposant à court terme un parcours sanctionné par un diplôme qui renforce leur employabilité. C’est un outil de différenciation en termes de recrutement. Dans certaines situations, il est même envisageable de caler un processus de recrutement en fonction d’un référentiel de certification (document qui décrit les attendus du diplôme) : les blocs de compétences qui structurent le référentiel peuvent alors servir des exercices de mise en situation utilisés par l’entreprise pour opérer ses recrutements.
• Développer la valeur de leur capital humain : une entreprise dont les collaborateurs sont diplômés vaudra plus cher en cas de cession ou de vente. Clairement, l’outil de production n’est pas le seul actif valorisable : certaines entreprises l’oublient bien souvent !
• Élaborer un plan de formation adapté à leurs besoins : en proposant des parcours qui associent VAE et formation
(« je fais reconnaître les compétences dont je dispose déjà, j’utilise la formation acquise en complément de celles qui me manquent »), elles peuvent solliciter plus facilement l’aide de leur OPCO et rationaliser leurs dépenses sur le sujet.
Par ailleurs, la préparation d’une VAE, voire le passage devant le jury, peuvent s’organiser et se dérouler dans l’entreprise : l’économie réalisée en termes d’absences et de déplacements est un facteur important à prendre en compte, tant pour l’entreprise que pour le salarié préparant sa VAE, qui conserve un environnement de travail tout au long de son parcours.
• Renforcer le dialogue social : la VAE est, par essence, un sujet consensuel qui permet à l’employeur comme à ses salariés de travailler ensemble autour d’un projet positif, véritablement « gagnant – gagnant » pour les acteurs de l’entreprise.
Texte : Yann-Firmin Herriou, cabinet Perspectives & Rebonds
