Jérémie Bonnaffoux a côtoyé le monde de la piscine depuis son plus jeune âge sans savoir qu’un jour il deviendrait apprenti piscinier. Formé au lycée Gustave Jaume de Pierrelatte, il vient de terminer ses deux années de BP et s’apprête à se lancer dans une nouvelle aventure.
Une formation à la maison
« Je suis diplômé d’un baccalauréat général spécialité maths/physique. Après le lycée, j’avais pour projet de m’orienter vers le monde de l’aviation. Adolescent, j’ai passé un brevet d’initiation aéronautique et réalisé un service civique dans un aérodrome pendant un an. Pour poursuivre dans cette carrière, il me fallait m’orienter sur une prépa maths loin et déménager. Or nous étions, à cette époque en pleine crise sanitaire du Covid. J’ai préféré rester dans ma région et choisir une autre voie. Je me suis redirigé vers une formation tout près de chez moi. Le hasard a voulu que mes parents travaillent tous les deux au sein du lycée Gustave Jaume de Pierrelatte. Ma famille est logée dans l’établissement depuis que je suis tout petit. Je connais les responsables de la formation, Manu et Christelle depuis toujours. Au cours de l’été, nous avons échangé sur le BP piscine. L’idée d’intégrer une formation nécessitant d’être manuel et polyvalent me plaisait beaucoup. Je voulais un métier qui me permette de découvrir plusieurs domaines de qualification. Je ne voulais pas me perfectionner dans un seul et unique domaine. Je devais être un des premiers inscrits, je vivais sur place chez mes parents. J’étais à domicile. Au sein du lycée, le personnel logé bénéficie d’une piscine sur laquelle j’ai pu m’exercer dans le cadre de sa rénovation. Cette expérience m’a permis d’acquérir des connaissances avant même d’intégrer la formation. »
En quête de diversité
« Je travaille depuis l’âge de 15 ans donc en débutant mon apprentissage, je possédais déjà l’expérience du monde du travail. J’ai réalisé ma première année d’apprentissage dans une entreprise spécialisée dans la piscine coque, à Saint-Alexandre. C’était malheureusement assez répétitif. En 1 an, nous avions posé entre 60 et 70 coques. J’avais fait le tour de cette structure de piscine. Je demandais à me diversifier et pour cela, il fallait que je change d’entreprise pour ma seconde année de BP. J’ai consulté Manu et Christelle qui m’ont beaucoup conseillé. J’ai été recruté par l’entreprise Problue Piscines qui me proposait un travail plus diversifié. Je me suis très bien adapté avec un premier mois très chargé. Je faisais 8 h – 21 h tous les jours. Je me suis vite mis au niveau de ce qu’il me manquait notamment dans en électricité et en maçonnerie. J’ai ainsi pu élargir mes connaissances. Je n’ai pas de domaine de prédilection. J’aime découvrir. À chaque fois que je fais une chose pour la première fois, c’est toujours intéressant. Grâce à mon patron, j’ai eu l’occasion de me former au PVC armé niveau 1 de chez Soprema. Il m’a ainsi donné l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences et de me sentir intégré au sein de son entreprise. Il est jeune et innovant. J’ai eu la chance de travailler sur plusieurs projets avec l’équipe et lui-même, d’échanger et de développer mes idées. Je faisais partie prenante du processus de création. »
De la technique au commerce
« J’ai terminé mon apprentissage le 30 septembre dernier. Dans le futur, j’ai pour ambition de m’orienter vers la filière commerciale et d’abandonner le terrain. J’ai intégré le BP pour connaître l’aspect technique. J’aurai pu, comme plusieurs collègues, partir en BTS orienté commerce mais cela aurait été assez général. Si j’avais fait l’inverse, je n’aurai pas forcément eu les connaissances nécessaires. J’ai préféré commencer par le BP pour être le plus polyvalent et le plus à l’aise possible, dans la filière commerciale. Je voulais voir le terrain. »
Un secteur touché
« Dans notre région, nous avons été pas mal impactés par les restrictions d’eau. Heureusement que les demandes de permis avaient été faites avant le début d’année. Nous avons pu être autorisé à continuer les constructions et les remplissages. Je pense que les prochains salons, notamment celui de Barcelone, vont être axés sur les restrictions, les économies d’eau ainsi que le recyclage. J’ai déjà vu pas mal de projets en lien avec ces sujets. Il faut attendre de voir ce que proposeront les acteurs sur les années prochaines. Surtout que les amendes prévues sont conséquentes, 1 500 euros pour le remplissage. Certains prennent le risque. Malgré la surveillance par drone, il n’y a pas eu trop de répercutions pour l’instant. Depuis le début de l’année 2023, le marché s’est beaucoup orienté vers la rénovation, ce qui s’explique au vu l’augmentation du prix des matériaux. Quand on voit l’augmentation du prix d’une piscine 8 par 4, c’est conséquent. Il y a 5 ans, la fourchette était comprise entre 20-25 000 euros, aujourd’hui, on est sur un budget minimum de 30 000 euros. Tout dépend de l’entreprise. »
Direction l’Australie
« Sur le salon Piscine Global Europe, j’ai rencontré beaucoup de professionnels. C’était assez sympa de discuter de projets. J’ai reçu des propositions d’emploi, en Martinique, en Corse, etc.
Je pars m’installer en Australie début novembre sur le secteur de Melbourne. Pour commencer, je vais sûrement travailler un an ou deux ans dans le domaine technique. Même si j’ai des contacts d’experts ici pour m’aider et me conseiller, je vais démarcher les entreprises sur place. Je sais que les contrats de travail sont très différents des nôtres, ils fonctionnent avec les contrats « casual ». Signer la veille et commencer le travail le lendemain. Il y a moins de protection de l’emploi mais il y a plus d’opportunité de travailler rapidement. La barrière de la langue ne m’inquiète pas. J’ai passé quelques certifications et j’ai parlé avec des gens qui y sont allés, qui ont pu me donner un aperçu de la vie là-bas.
Pour l’instant, je pense rester au moins une année. Découvrir le pays, voir si ça me plait ou pas. Je sais que je peux prolonger mon visa jusqu’à 3 ans. Je n’ai que 20 ans, j’ai le temps d’explorer les pistes. Je ferai peut-être un tour du monde aussi. J’ai envie de voir ailleurs. Ouvrir une entreprise, c’est compliqué. La rentabilité en France est faible à comparer de ce qu’on peut voir à l’étranger. »
Meilleur souvenir
«Je retiens la très belle cohésion de classe, l’expérience partagée avec les camarades. Nous nous sommes constitué un petit cercle et nous avons pu progresser ensemble. Certains avaient travaillé dans la piscine avant d’intégrer la formation. Ils nous ont beaucoup apporté sur l’aspect technique : l’hydraulique, l’électricité ou la plomberie. Nous nous sommes un peu tiré la bourre avec les têtes de classe, cela m’a permis de m’améliorer et de me motiver à participer aux MAF. J’ai été médaillé au niveau régional. Vendredi 20 octobre, j’ai participé, aux côtés de deux autres apprentis, aux épreuves nationales théoriques et pratiques (traitement de l’eau, l’électricité et le génie civil) à l’issue desquelles j’ai été médaillé d’Or. Une grande fierté et satisfaction avant de m’envoler vers l’autre bout du monde.
Je tiens à remercier à Manuel Martinez et Christelle Marsot ainsi que toute l’équipe du CFA de Pierrelatte (Luc Giovanelli, Gérard Houdiarne, Christel Ageorges, Lamnouar Margoum) pour leur accompagnement et leur soutien tout au long de mon apprentissage et au-delà. »
Propos recueillis par Cécile Olivéro