Home RencontresParole d'apprenti Marianne « Ce métier ne s’improvise pas »

Marianne « Ce métier ne s’improvise pas »

by laurence

 

 

Une rencontre peut tout changer. Marianne en a fait l’heureux constat lors de sa rencontre fortuite avec un piscinier, en intervention au domicile de sa mère. En le regardant travailler, elle a été impressionnée par la complexité et la polyvalence de ce métier. Désireuse de changer de profession, et encouragée par le piscinier rencontré, elle se forme, aujourd’hui, pour devenir une professionnelle du secteur.

De la maroquinerie à la piscine 

« Lors de mes premiers petits jobs d’été, je me suis rendue compte que j’aimais être contact de la clientèle. Mon BTS d’assistante manager obtenu, je me suis naturellement orientée vers un poste en lien avec les consommateurs. Pendant 9 années, j’ai travaillé en tant que conseillère de vente au sein d’une entreprise spécialisée dans la maroquinerie haut de gamme. L’année dernière, j’ai ressenti le besoin de changer d’orientation en opérant une reconversion professionnelle. Depuis le 10 octobre dernier, je suis la formation TEMP (Technicien Équipements et Maintenance des Piscines) à l’AFPA de Béziers, dont je suis originaire. Ce changement de vie professionnelle s’est produit grâce à une rencontre inattendue. »

Une révélation née de la curiosité

« La piscine de ma mère était, depuis quelques mois, inutilisable en raison d’une mauvaise qualité de l’eau. Elle était verte, pleine de phosphates. Ma mère dépensait beaucoup d’argent dans le traitement du bassin et ne parvenait pas à trouver de solution. Je me sentais impuissante et aucuns conseils de notre entourage ne fonctionnaient. Nous avons donc dû faire intervenir un professionnel. Ce dernier a évidemment résolu le problème et cela, en un rien de temps. J’étais soulagée et impressionnée. J’étais très intéressée, curieuse de savoir comment il y était parvenu et je me suis intéressée à son métier. Je posais plein de questions et au fil de mes échanges plaisants avec le piscinier, j’ai compris que ce métier ne s’improvisait pas et qu’il nécessitait de nombreuses compétences et une réelle expertise. Constatant mon intérêt, il m’a informé qu’il existait des formations et qu’en tant que femme, je pouvais tout à fait les intégrer. Il m’a orienté et conseillé de me rapprocher de l’AFPA de Béziers. »

Impatiente d’apprendre

« Tout s’est déroulé dans un délai d’un mois, un laps de temps assez court pour tout mettre en place mais cela s’est bien enchaîné. Courant septembre, j’ai moi-même appelé l’AFPA sans passer par mon conseiller Pôle Emploi que j’ai contacté ensuite pour l’informer que j’avais postulé à une formation. Pour respecter les étapes, j’aurai dû effectuer la recherche de concorde avec lui mais j’étais trop impatiente d’intégrer la formation. 

J’ai effectué des tests que j’ai réussis. J’ai dû, pour cela, replonger dans mes lointains souvenirs de lycéenne pour résoudre notamment des calculs de volume. Il nous a été demandé si nous avions des connaissances de base en électricité. Je n’en avais aucune !
L’ensemble des futurs élèves devait, au préalable, effectuer un stage d’une quinzaine jours en entreprise pour voir si le métier nous convenait. J’ai réalisé ce stage chez le piscinier qui m’avait conseillé de me former.
Cette formation est un mélange de théorie et de pratique.
Le programme de l’AFPA nous enseigne les différents métiers du piscinier (hydraulique, électricité, etc.) que nous découvrons de manière concrète lors de 3 stages d’une semaine en entreprise.
La formation prendra fin le 23 juin prochain par des examens finaux qui comporteront notamment une partie chimie de l’eau et un ajout d’accessoire sur une installation préparée au préalable. »

Une continuité de carrière

« Malgré ma formation initiale, je ne me voyais pas rester derrière un bureau à effectuer les mêmes tâches de manière monotone tout au long de ma carrière. J’ambitionnais d’évoluer dans un domaine où je pourrais être à l’extérieur, diversifier mon travail au quotidien, réaliser des projets variés et être en contact avec des personnes différentes pour rester toujours en éveil. Il est vrai que le monde de la maroquinerie possède certains codes qui semblent très éloignés du métier de piscinier. En tant que conseillère de vente, je devais être apprêtée pour travailler, ce qui n’est pas nécessaire pour la piscine, au contraire. J’aime ce côté plus naturel, manuel. Si j’en avais eu l’occasion en maroquinerie, au-delà de la vente, j’aurais adoré pouvoir travailler la matière en elle-même. D’une certaine manière, j’ai réussi à lier ma profession d’avant et cette nouvelle carrière en ce sens où j’évolue toujours dans un domaine où tout tourne autour d’un bel objet à vendre. J’ai conservé cette notion de service haut de gamme qui consiste à réaliser une prestation privilégiée qui leur offrira pleine satisfaction. J’aime l’idée de continuer à conseiller au mieux la clientèle, d’être vraiment à son écoute, attentive à ce qu’elle souhaite. »

Un terrain de connaissances

« Nous avons d’ores et déjà réalisé notre premier stage en entreprise et entamons le deuxième dans quelques jours. L’expérience en entreprise est tellement enrichissante. Elle nous permet d’avoir un pied dans la réalité de ce métier, de le découvrir concrètement auprès de professionnels sur le terrain. En tant que stagiaire, je suis très en demande de réaliser des tâches. Ce n’est pas dans ma nature de juste regarder faire et analyser. Je pose plein de questions. J’essaye d’aider au maximum comme si je faisais pleinement partie de l’entreprise. Faire permet d’intégrer plus profondément et durablement les informations et la gestuelle, c’est tout l’intérêt d’être en conditions réelles. Je veux que ces expériences soient satisfaisantes pour moi et pour le professionnel qui me laisse ma chance. Je ne veux surtout pas être un poids pour le dirigeant ou son équipe. J’ai effectué mon premier stage chez Phil d’eau, une entreprise locale qui réalise ses propres maçonneries. J’ai ainsi pu découvrir l’ensemble des pièces à sceller d’une piscine. Je me suis très bien entendue avec l’équipe qui m’a très bien accueillie et intégrée. J’ai beaucoup appris avec ces professionnels qui m’ont permis de faire le lien entre ce que j’apprends à l’école et la réalité du quotidien d’un professionnel. J’ai été touchée par leur envie de transmettre leurs connaissances. Ils ont pris le temps de m’expliquer le métier, j’y ai été très sensible. Je pense que c’est un métier où le réseau est très important et je suis ravie d’avoir rencontré des personnes bienveillantes. 

Malgré l’appréhension du début, j’aime, aujourd’hui, tous les aspects du métier avec une petite préférence pour l’étanchéité (liner, membrane armée, etc.). J’apprécie aussi beaucoup l’activité de rénovation que j’ai découverte en stage : partir de l’ancien et le métamorphoser. »

 

Meilleur souvenir

« Définitivement, ma rencontre avec le piscinier qui est intervenu sur la piscine de ma mère. Cela a changé ma vie. Alors qu’aucun produit ne fonctionnait et que nous étions vraiment désespérées, il a réglé le problème rapidement « comme par magie ». J’ai pris conscience que ce métier ne s’improvisait pas, qu’il fallait en apprendre les bases. Je me souviens avoir fait rire mes proches car plus jeune, j’avais juré ne jamais vouloir toucher à l’électricité car cela me faisait peur. De même, pour les produits de traitement de la piscine de ma mère que je ne voulais pas approcher par crainte de faire une bêtise. De plus, tellement heureuse de rentrer dans la vie active, j’ai toujours soutenu que je ne reprendrai pas d’études ou de formation ou autre. Tout ce que je pensais ne jamais faire ou refaire, je le fais et de plus, avec plaisir. Dans la vie, nous évoluons et nous pouvons être surpris de ce dont nous sommes capables pour relever un défi. Je suis contente de me lever le matin pour aller en formation ou en stage. J’ai trouvé ma voie, et pas une que l’on m’a proposée et que j’ai acceptée par dépit, mais un vrai cursus qui m’intéresse. Un vrai choix personnel. Une rencontre peut tout changer, lancer ou arrêter une carrière. C’est grâce à ce piscinier que j’ai découvert ce métier, le mien aujourd’hui, et je l’en remercie.
J’espère bien devenir à mon tour, un jour, “magicienne”. »

 

Propos recueillis par Carine Dal Gobbo

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