C’est en Allemagne que Christophe Knoery a commencé sa carrière de piscinier. Après une petite incursion dans l’ouest de la France, il a rejoint l’Alsace où, depuis maintenant 18 ans, il dirige son entreprise, Les Piscines du Rhin.
Du public au privé
« J’ai commencé à travailler en Allemagne, dans le secteur public, je m’occupais de la ventilation et du traitement de l’eau de piscines publiques. Je souhaitais regagner la France et m’installer à mon compte. J’ai accepté l’offre, d’un ami installé à Biarritz, de travailler dans son entreprise de piscines avec lui. Pendant un an, j’ai appris énormément, ce qui m’a permis de réaliser mon rêve : créer ma propre société, Les Piscines du Rhin, à Auenheim, en Alsace.
Notre rayon d’action couvre toute l’Alsace du nord et Strasbourg nord, soit un rayon d’environ 50 km autour de l’entreprise. Nous sommes spécialisés dans la construction de piscines traditionnelles en dur, sur mesure, ce qui représente environ 50 % de notre activité. Nous nous attachons à offrir une véritable expérience client grâce à une approche personnalisée qui tient compte des attentes et des envies de nos clients et qui prend aussi en considération l’environnement du projet, la configuration du terrain et le type de bassin (monobloc, en béton armé, etc.).
Nous jouons également un rôle de conseil car la plupart de nos interlocuteurs ne connaissent quasiment pas l’univers de la piscine. Tous souhaitent profiter des joies qu’une piscine va leur offrir, mais laissent aux professionnels que nous sommes le soin de leur apporter le meilleur et de leur éviter le moindre souci.
Il y a quelques années, les futurs propriétaires de piscines s’informaient et participaient activement à l’entretien de leur bassin. Aujourd’hui, le sujet ne passionne pas la grande majorité d’entre eux. Les mentalités ont changé, à nous de nous adapter. »
Le meilleur appartient-il au passé ?
« La crise sanitaire que nous avons connue en 2020 nous a amené à reconsidérer notre chez nous. Certains ont vendu leur appartement pour acquérir une maison avec un extérieur et engager un projet de piscine. Beaucoup ont concentré leur attention sur leur bien-être chez eux et ont privilégié l’aménagement intérieur et celui de leur jardin. La maison est redevenue une priorité. 2022 a été, pour Les Piscines du Rhin, une année exceptionnelle, la meilleure en terme de chiffre d’affaires depuis mes débuts. Et 2023 promet d’être meilleure encore ; je table sur 1% d’augmentation de mon CA. C’est ce que j’appelle l’effet Covid.
Je suis nettement moins optimiste en ce qui concerne l’avenir. 2024 risque d’être difficile à plusieurs titres. Il y a une incertitude mondiale et une inquiétude directement liées aux conflits, notamment en Ukraine et maintenant au Proche-Orient. À cela s’ajoutent l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Dans le secteur de la piscine, les prix ont augmenté ; l’approvisionnement coûte plus cher et cela va se répercuter sur les consommateurs.
Les professionnels qui réalisent des piscines très haut de gamme ne pâtiront pas de la situation, leur clientèle étant composée de ménages CSP+, alors que les professionnels spécialisés dans les produits moyen de gamme seront directement impactés. En 2024, l’électricité va encore augmenter, le gaz aussi, ce qui va constituer un frein à certains projets de piscines. »
L’enjeu du SAV
« Si la construction compte pour la moitié de notre chiffre d’affaires, le SAV représente à peu près 45% de notre activité, les 5% restant correspondant à l’installation de spas et de saunas, ce qui reste anecdotique pour l’entreprise.
Dans notre région, contrairement au sud de la France, les pisciniers ne proposent pas de contrat d’entretien suite à la construction d’une piscine.
Or, comme je le mentionnais précédemment, la plupart de nos clients affiche un manque d’intérêt pour leur bassin et son entretien. La concurrence en matière de construction étant forte, j’ai décidé de me focaliser sur le SAV et de mettre en place des contrats d’entretien systématiques pour tous mes clients. Je pense qu’il s’agit d’un véritable enjeu, une attente de la part des propriétaires de piscines.
Il faut aussi déculpabiliser les futurs propriétaires de piscines et leur expliquer que leur projet ne va pas à l’encontre du respect de l’environnement.
Il faut dédiaboliser la piscine, car dans les faits, elle ne consomme pas énormément d’eau et avec les progrès en matière d’entretien et de produits, les volumes d’eau vont encore être réduits. Je suis persuadé que les relations avec les clients vont être meilleures si nous arrivons à finaliser ce projet de SAV. Actuellement, j’ai une équipe de 6 collaborateurs : 2 techniciens piscine, 2 techniciens chantier et 2 personnes qui s’occupent de la vente en magasin. La gestion des contrats d’entretien devrait mobiliser 2 professionnels. Je ne prévois pas d’embaucher dans l’immédiat, mais si ce service s’avère un succès, j’y réfléchirai. »
De belles anecdotes
« Il y a quelques années, nous avons réalisé un petite – toute petite même – piscine à Paris, près du Panthéon. La rue dans laquelle se trouvait la résidence de mon client était étroite et le camion qui livrait les matériaux indispensables à la construction de ce bassin occupait tout l’espace. Je n’avais pas pensé à demander une autorisation à la mairie de Paris et nous avons bloqué cette rue pendant environ 3 heures. Nous avons empêché des automobilistes de circuler et d’autres de sortir d’un parking.
Evidemment, des représentants des forces de l’ordre sont arrivés et nous ont demandé de libérer immédiatement la voie. Heureusement, nous avions terminé de décharger mais j’ai bien cru que j’allais finir au poste de police. J’ai réglé la note de parking de tous les usagers que j’avais bloqué.
Ce fut un après-midi épuisant même si, avec le recul, cette mésaventure me fait sourire aujourd’hui. »
Meilleur souvenir
« Il s’agit d’une rencontre qui a, en quelque sorte, changé le cours de ma vie. Lorsque j’ai pris la tête de mon entreprise, Les Piscines du Rhin, “je ne roulais pas sur l’or” et les débuts étant difficiles, j’ai songé à changer de métier. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré un piscinier, super efficace, un vrai pro, qui allait prendre sa retraite. Nous avons sympathisé, je lui ai fait part de mes interrogations concernant ma situation et grâce à lui, j’ai réussi à faire démarrer mon entreprise. Il a travaillé avec moi pendant quelques années et aujourd’hui, il a 75 ans et il profite de sa retraite. Nous avons gardé le contact et je passe le voir de temps en temps. Nous prenons un café ensemble et nous partageons un moment. C’est à lui que je dois d’avoir persévéré et réussi ».
Propos recueillis par Cécile Olivéro
