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Climat et piscine partie 2 : ce qu’il faut changer !

par cdalgobbo
Changement climatique : comment vous y préparer ? La crise sanitaire actuelle tout autant que les épisodes climatiques exceptionnels que nous traversons depuis plusieurs années sont autant de rappels à la réalité. La composante environnementale s’intègre déjà dans le quotidien de l’ensemble des acteurs économiques, clients, pisciniers et fabricants, et va s’imposer comme contrainte majeure à l’avenir.

Sommaire : Comment transformer l’enjeu climatique en opportunité de business ?– Comment réduire l’empreinte environnementale des piscines ? – Une question d’équipements d’abordDes gestes et des réflexes au quotidien à adopterSensibilisation, conseil et formation de vos clients L’automatisation, clé de la piscine écoresponsable ? Expérience piscine et piscine éco-responsable : opportunité d’affaires ou coûts supplémentaires ? Vers une piscine zéro émission et zéro consommation ? – Interviews : Pentair Fluidra Sigura (hth) CCEI

Comment transformer l’enjeu climatique en opportunité de business ?  

Dans ce second volet, la rédaction de l’Activité Piscine vous propose de découvrir les leviers actionnables pour vous préparer et transformer les conséquences du changement climatique en opportunité de business.
Quelles stratégies s’offrent à vous pour réduire l’empreinte environnementale des piscines de vos clients et de vos activités ? Comment intégrer cette composante dans votre stratégie pour ne pas simplement la subir mais en faire une véritable opportunité de business ?

Comment réduire l’empreinte environnementale des piscines ?

La piscine n’est pas un bien de première nécessité. C’est un équipement de confort de plus en plus nécessaire en période de réchauffement climatique et comme nous le voyons, de confinement, de repli sur soi. Mais elle se doit dès à présent de relever un certain nombre de défis (cf. Climat et piscine : ce qu’il faut changer ! – LAP 121). Les plus grands challenges du « produit » piscine, vis-à-vis des exigences des clients et des pouvoirs publics, vont être de démontrer son faible impact sur l’environnement et sa capacité à réduire ses consommations et ses émissions afin de tendre vers une piscine aussi passive que possible, de légitimer son utilité dans le contexte actuel et probablement de démontrer qu’elle est plus qu’un équipement individuel et peut être aussi, quelque part, un bien partageable ? Le développement des plateformes de location de piscine depuis quelques années y contribuera probablement

1. Réduire ses consommations
  • La consommation d’eau est certainement le poste le plus important à réduire. Dans l’imaginaire collectif des consommateurs et des pouvoirs publics, le remplissage des bassins en période de sécheresse devient vite un problème, et le prélèvement sur les stocks d’eau des nappes phréatiques se fait toujours plus difficile à justifier avec des restrictions réglementaires plus fréquentes.
  • Les consommations énergétiques liées au fonctionnement des équipements sont, là encore, un enjeu qui n’est pas toujours bien perçu par les consommateurs : ceux-ci sont sensibles à la consommation électrique d’un système de chauffage mais beaucoup moins à celui de la pompe par exemple, même si cela change.
  • Les consommations en produits : santé, environnement et chimie ne font pas très bon ménage. Si l’apport en chimie dans le bassin est nécessaire, la recherche d’un traitement naturel ou d’un produit à l’innocuité reconnue fait son chemin dans l’esprit des consommateurs, même si la facilité s’impose souvent dans les faits. Mais la réglementation (directive Biocides, loi Egalim, etc.) nous oblige à revoir nos pratiques.

2. Limiter ses émissions
  • Les rejets d’eaux usées traitées : contre-lavage, vidange partielle du bassin… les rejets d’eau « vieille » contenant des résidus chimiques dans le réseau public ou dans la nature (même s’ils ne sont pas autorisés) vont certainement être frappés d’une obligation de retraitement voire de recyclage. Autant s’y préparer.
  • Les résidus chimiques : emballages de galets, seaux de chlore vide, pots de résine, colle ou de peinture doivent être traités spécifiquement. Dans les faits, ils se retrouvent souvent dans les containers, au tout-venant et sont ensuite enterrés ou brûlés. C’est aberrant.
  • Les émissions de CO2 et de gaz à effet de serre : extraction des matières premières, transformation, transport, utilisation, destruction sont toutes génératrices d’émissions. Une question à étudier de près.
  • Les déchets : Papiers, chutes de liner, emballages plastiques et suremballages, appareils électroniques… au quotidien, au bureau ou sur les chantiers, pendant les process de production ou nos déplacements, nous générons des déchets qui peuvent certainement être encore utilisés d’une façon ou d’une autre.
3. Augmenter la durabilité de ses équipements

D’après le Larousse, est durable ce « qui est de nature à durer longtemps » et la durabilité est l’« espace de temps durant lequel un bien est apte à satisfaire un besoin auquel il correspond ». L’éco-conception des produits et la qualité des matières et composants sourcés sont des facteurs essentiels de cette durabilité d’un équipement. L’ADEME définit d’ailleurs l’éco-conception comme « une démarche préventive et innovante qui permet de réduire les impacts négatifs du produit, service ou bâtiment sur l’environnement sur l’ensemble de son cycle de vie (ACV), tout en conservant ses qualités d’usage ». Elle passe par une conception sobre en matières premières et par moins de complexité en se recentrant sur les besoins afin d’éviter les fonctionnalités « gadgets ». Elle s’oppose à la notion d’obsolescence technique (fin de vie programmée) et doit faciliter la réparabilité et la recyclabilité pour réduire les gaspillages (loi sur l’économie circulaire).

Cycle de vie et empreinte carbone d’une piscine

Cela concerne toutes les émissions de CO2 de la piscine et de chacun de ses équipements pendant toute leur durée de vie, de leur conception à leur recyclageou réutilisation en passant par leur transport, leur utilisation et leur entretien.

Une question d’équipements d’abord

Quels équipements privilégier pour vos clients ?

  • Protéger l’eau du bassin avant tout. La maîtrise de l’évaporation, la protection de l’eau des saletés, etc. permettent de réduire les besoins en remplissage et les rejets d’eaux. Les couvertures, volets ou abris sont des produits qui vont devoir équiper toutes les piscines.
  • Trouver le bon équilibre. Équilibre de l’eau, dimensionnement des appareils et optimisation de leur temps de fonctionnement, automatisation de certains matériels : autant de solutions pour trouver le juste équilibre entre économie et environnement, confort et contrainte, besoin et budget.
  • Améliorer le fonctionnement de la piscine : le choix du type de pompe, du filtre, du système de traitement, de nettoyage, de chauffage et de protection va conditionner le bon fonctionnement, l’efficacité énergétique, réduire les consommations, limiter les rejets (eaux des contre-lavages principalement). Filtre à éléments ou filtre à média performant, pompe à vitesse variable, pompe à chaleur, éclairage led sont des équipements qu’il semble nécessaire de privilégier.
  • Réduire les contraintes et limiter les oublis : l’automatisation des opérations d’analyse de l’eau, de nettoyage, de traitement, de chauffage, etc. simplifie la gestion du bassin et va surtout permettre de déclencher la bonne action au bon moment avec la bonne dose ou durée sans oublier d’alerter le consommateur ou le piscinier en cas de problème.

De l’importance du choix de ses produits et de ses fournisseurs

  • Privilégier des fournisseurs locaux, à l’échelle européenne pour sécuriser vos approvisionnements et limiter le coût environnemental de la logistique.
  • Opter pour des produits éco-conçus (efficacité énergétique, isolation, durabilité…) et des fournisseurs engagés, sur leur sourcing, leur mode de production, sur la réduction de leur impact environnemental, leurs consommations, le recyclage de leurs déchets, etc., et qui développent des process d’amélioration continue pour innover sur tous ces sujets.

Des gestes et des réflexes au quotidien à adopter

1. Intégrer le recyclage dans votre organisation

L’organisation du tri sélectif et du recyclage est une nécessité. La FPP s’est déjà emparée du sujet pour apporter informations et réponses aux professionnels. La gestion des déchets sur les chantiers de construction, de rénovation ou de maintenance est en effet une préoccupation que chaque acteur de la filière doit avoir en permanence à l’esprit aujourd’hui. Elle implique une compréhension de ses enjeux, une adaptation de nos organisations, l’identification des différentes filières de recyclage sur chaque territoire, la sensibilisation, la formation et la responsabilisation de chaque collaborateur de l’entreprise (magasin, entrepôt, chantiers).

Cela passe par une meilleure gestion des emballages et suremballages, l’organisation de la collecte sur les chantiers, du tri des déchets et du stockage de chaque matériau dans votre entrepôt (plastique, bois, métal, composants électriques et électroniques, gaz des pompes à chaleur, gravats, etc.), l’organisation avec vos fournisseurs, également, de la récupération des seaux de chlore par exemple, des conditionnements réutilisables, des chutes de membrane, des produits cassés… Cela nécessite aussi de coopérer avec d’autres acteurs locaux, publics et privés, pour organiser la collecte de chacun de ces déchets pour les revaloriser, les recycler ou sinon les détruire de la façon la moins dommageable possible pour l’environnement.

Car tous ces déchets peuvent avoir une nouvelle vie :

  • produire de l’énergie,
  • devenir une nouvelle ressource de matières premières (minéraux de récupération), des matières qui n’existent pas dans le sol français ou européen,
  • être transformés pour être réutilisés par un autre secteur d’activité.

Bref être exploités, réparés, reconditionnés, recyclés pour une durée de vie plus longue et moins d’émissions de CO2 puisque pas de nouvelle extraction, une extraction souvent très polluante.

2. Optimiser logistique et déplacements

Première étape, réduire les kilomètres parcourus chaque mois par chaque collaborateur et par client. Car qui dit moins de distance parcourue dit plus d’économies en carburant et plus de temps passé chez des clients et sur des chantiers plutôt que sur la route. C’est aussi moins de CO2 et des véhicules à la durée de vie allongée. Des véhicules qui, à terme, pourront être remplacés par des modèles plus
« propres » et plus économes. Les logiciels de gestion de chantiers (construction, rénovation, maintenance, etc.) facilitent l’organisation des tournées et la préparation des interventions pour éviter les allers-retours entre dépôt, magasin fournisseur et chantier, et limitent les déplacements au strict nécessaire, surtout en matière de maintenance. Et mieux une piscine est traitée, moins elle a besoin de produits et donc de déplacements ! Elle a cependant besoin de davantage de surveillance à distance, un service à valeur ajoutée facilité par les équipements connectés.

Seconde étape, optimiser vos approvisionnements. Évitez de commander des produits à l’unité. Préférez les palettes. Cela facilite la gestion des stocks et le rangement en linéaire, et permet de remplir des camions, avec à la clé des économies sur les frais de transport. Pour y parvenir,  une bonne gestion prévisionnelle des chantiers à venir est nécessaire. Privilégiez également les emballages réutilisables et assurez-vous que le transporteur ne reparte pas à vide de chez vous en les ramenant à leur point d’origine, chez votre fournisseur, pour qu’ils puissent à nouveau servir. Cela n’a l’air de rien mais le transport logistique étant l’une des principales sources d’émission de CO2, la réduction d’une infime partie de ces allers-retours aura un impact positif important sur ces émissions.

3. Favoriser la réparation ou le remplacement responsable

Plus les produits choisis sont éco-conçus, plus ils sont faciles à réparer. Les fabricants simplifient l’accès au cœur de leurs équipements, facilitent le démontage, s’ingénient à trouver des moyens pour vous aider à diagnostiquer, réparer ou remplacer telle partie mécanique ou tel module électronique. Cela évite de renvoyer l’appareil au complet chez votre fournisseur et cela permet de gagner du temps et de proposer rapidement une solution à votre client, à sa plus grande satisfaction. C’est aussi le moyen de renforcer votre relation et de valoriser vos compétences et votre image d’expert.

Et quand un produit tombe en panne, c’est aussi le moment de proposer une alternative plus durable pour rendre la piscine plus écoresponsable. Une led en remplacement d’une ampoule à incandescence en rénovation, une pompe à vitesse variable en renouvellement, un média ou un filtre plus performant, un coffret électrique intelligent ou un module de connexion pour rajouter de l’intelligence à la piscine ?

Intégrer la RSE ou comment s’engager sur la voie de la responsabilité

La RSE, responsabilité sociale des entreprises, est l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales (stratégie et gestion) et à leurs relations avec leurs clients, partenaires, collectivités… La loi Pacte du 22 mai 2019 a élargi le cadre réglementaire de la RSE et a créé le statut d’Entreprise à mission (ex.: Danone).

Plusieurs études récentes constatent que les entreprises sociales s’en sortent mieux en période de crise car la démarche RSE mise en place leur permet d’être plus résilientes (atténuation, adaptation et capacité à rebondir) tout en construisant leur avenir.

Certains acteurs de la piscine l’ont d’ores et déjà intégré à leur stratégie d’entreprise.

Sensibilisation, conseil et formation de vos clients

1. Le conseil et l’expertise

Le rôle du piscinier est essentiel dès les premiers contacts avec le porteur d’un projet de piscine. Implantation du bassin, dimensionnement et volume d’eau à traiter, protection de la piscine et sécurisation des enfants, choix des équipements de traitement et de confort : autant de conseils qui vont aider le client à s’orienter vers des matériels moins consommateurs et moins émetteurs.

Cela passe aussi par la préconisation d’un minimum de végétalisation autour de la piscine et de matériaux plus responsables comme un bois certifié ou de la pierre naturelle, en privilégiant, autant que cela se peut, une production locale (carrières et forêts européennes par exemple).

Et pourquoi ne pas recommander au client d’installer un système de récupération des eaux de pluie pour pouvoir les utiliser pour remplir le bassin ou arroser le jardin ? C’est déjà obligatoire dans certains pays. Cela pourrait bien le devenir aussi en France.

Quant aux clients déjà propriétaires d’une piscine, il est temps de faire le point avec eux sur le fonctionnement de leur piscine. Que pensent-ils aujourd’hui de la gestion de leur piscine en général ou de la désinfection en particulier ? Quels sont les équipements qui pourraient les aider au quotidien et quels sont ceux qui leur permettraient de profiter plus souvent et plus longtemps de leur piscine ? Et pourquoi ne pas leur conseiller, enfin, un système de déchloration de l’eau ou l’usage d’un réducteur de stabilisant pour pouvoir réutiliser l’eau de leur piscine ?

2. La formation de vos clients au traitement raisonné de la piscine

Que le client soit un néo-accédant ou un propriétaire plus expérimenté, il est primordial de valider son degré de compréhension et de compétence quant à sa gestion de sa piscine. Comment s’en sort-il ? A-t-il eu des problèmes cette année ? A-t-il dû changer l’eau du bassin ? Pourquoi n’a-t-il pas pu se baigner et pendant combien de temps ? Autant de questions qui vont vous aider à mesurer son niveau de compétence et à le former, l’informer, le conseiller et… l’équiper!

Il doit prendre conscience de l’importance de l’analyse de l’eau et des paramètres de la piscine : TAC, TH, pH, taux de désinfectant… et de la nécessité de suivre une routine. Plus l’eau est équilibrée, moins il consomme et rejette ! Temps de filtration et température de l’eau sont aussi essentiels. Quant aux ajouts « à la louche » de pH ou de désinfectant, aux corrections chocs, etc., elles sont à réserver aux situations extrêmes et ne doivent plus être un réflexe instantané voire une habitude. Profitez des visites de vos techniciens et du passage du client en magasin ou créez des occasions pour lui parler de sa piscine, lui expliquer le pourquoi et le comment et le sensibiliser aux problèmes du sous-dosage ou surdosage, de la surstabilisation, etc. Car rappelons-le, en général un problème d’eau n’est pas un problème de produit mais de gestes ! Et moins il aura de soucis et plus il sera content de vous, son piscinier.

L’automatisation, clé de la piscine écoresponsable ?

Maintenir l’équilibre de l’eau d’une piscine demande de la régularité, de créer des habitudes. Pour simplifier la gestion du traitement, éviter les oublis et surtout réduire l’empreinte écologique des piscines, automatiser une partie ou la totalité des équipements est une solution à recommander à vos clients. Ajouter de l’intelligence au traitement à partir d’une base de problèmes et de solutions enrichie en permanence (analyse des données de l’ensemble d’un parc de piscines) permet de prévenir, d’identifier les problèmes, d’alerter le client (gestion connectée) et son piscinier (gestion déléguée) et de déclencher la bonne action au bon moment avec le bon dosage, le bon produit, la bonne durée… Cela passe bien sûr par une régulation automatique mais aussi plus globalement par une gestion globale et centralisée de la piscine avec à la clé d’importantes économies en énergie, en chimie, en eau et en temps !

Expérience piscine et piscine éco-responsable : opportunité d’affaires ou coûts supplémentaires ?

1. Une même finalité : réduire, améliorer, optimiser

Les notions de piscine écoresponsable et d’expérience piscine sont étroitement liées.

  • L’expérience piscine est la capacité d’une piscine, et par extension du piscinier qui la construit et la maintient, d’offrir à son propriétaire une baignabilité maximale (taux de baignade = nombre de jours de baignade/an). Cela implique un taux d’incidents et de problèmes le plus faible possible soit une bonne qualité de l’eau du bassin tout au long de l’année.
  • La piscine écoresponsable est une piscine dont chaque élément, de sa conception à sa fin de vie en passant par son utilisation, fonctionne bien, sans surconsommations, sans surémissions…

Une piscine responsable n’est donc pas une piscine qui coûte plus cher, bien au contraire. Mais, pour qu’elle fonctionne efficacement, elle a besoin des bons gestes, des bonnes analyses, des bons réflexes, des bons équipements et… des bons services.

2. Des opportunités à saisir

Maintenance, analyse de l’eau, surveillance et intervention à distance sont autant de services à valeur ajoutée à proposer à vos clients. Proposer des piscines durables et écoresponsables doit vous y aider. À vous de les sensibiliser aux questions de consommation, de gaspillages, de rejets, de recyclage pour que leur piscine reste une solution et ne devienne pas une problématique.

Vous êtes des experts et l’expertise a un prix : éco-conception du bassin, économie de la fonctionnalité (vendre le service plutôt que le produit – cf. De la vente d’une piscine à la vente d’une performance d’usage), gestion déléguée, réparation et partage de la piscine sont autant d’opportunités d’affaires et de valorisation de vos compétences.

D’autant que le client fera plus facilement le lien entre piscine responsable et piscinier responsable, au sens écologique comme économique. Car tout est aussi question d’image.

Vers une piscine zéro émission et zéro consommation ?

Durabilité des équipements, fonction-nement vertueux des installations, automatisation de l’analyse et du traitement… avec des piscines plus responsables et des entreprises engagées (pisciniers et fabricants), aux stratégies économiques et aux organisations repensées pour faire du métier de la piscine un métier plus responsable, la piscine pourra rester un équipement indispensable, en conformité avec l’évolution de nos modes de vie, conforme aussi avec nos préoccupations grandissantes sur notre santé et sur l’impact de nos consommations et de notre activité sur l’environnement.

Et si la piscine de demain existait déjà et qu’il vous suffisait de la construire ?


 Un changement que nous pouvons convertir en opportunité 

Interview Matthieu Selva, Pentair

Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

Globalement le réchauffement est plus propice à la construction de piscines dans les jardins que le contraire. Le marché devrait en profiter probablement plus que d’autres marchés. Mais qui dit réchauffement dit aussi rareté de l’eau et c’est là que cela peut devenir problématique car avoir une piscine implique une utilisation très personnelle d’une ressource qui peut se raréfier. Si elle devait devenir une commodité dans des zones où il va faire de plus en plus chaud, il y aura tôt ou tard nécessité d’une législation sur l’eau et les rejets chimiques liés à la piscine. Nous n’avons pas encore atteint ce seuil critique mais jusqu’à quand ? Il suffira d’un événement comme une sécheresse importante pour que des lois contraignantes encadrent les règles de construction et de fonctionnement des piscines. Cela aura un impact sur la manière de concevoir et d’entretenir la piscine et sur ses équipements. Il a fallu peu de choses pour les alarmes mais cela a eu un impact majeur sur le marché. En Afrique du Sud, par suite d’un épisode de sécheresse sévère ainsi qu’aux États-Unis, il a été interdit de remplir les piscines. Il faut donc éviter le plus possible de les vider, réduire les contre-lavages et leur adjoindre une couverture pour limiter l’évaporation. C’est un changement que nous pouvons convertir en opportunité si nous voulons être acteurs de ce changement et ne pas le subir.

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Nous avons un objectif interne à horizon 2025 de réduction de nos consommations électriques. Nous estimons que nos pompes, par exemple, ont permis de faire économiser
22 milliards de kWh aux États-Unis soit l’équivalent de 17 millions de tonnes de CO2 ou 38 milliards de km de déplacements en voiture. Pentair s’est engagé dans la réduction de ses rejets d’eau dans les réseaux publics y compris ceux des tests de produits qui sont recyclés et réutilisés. Nous avons diminué les émissions de composés volatils organiques (VOC) pendant le process de fabrication de nos filtres comme le Triton. Des panneaux solaires ont été installés sur les toits de nos usines afin qu’elles produisent plus d’électricité qu’elles n’en consomment. Tous nos produits sont aussi certifiés conformes Reach et RoHS ainsi que tous les composants achetés et ce jusqu’à la moindre petite pièce. Au quotidien, nous n’utilisons plus de bouteilles en plastique PET dans nos bureaux en Europe et dans le monde.

 


Les clients recherchent des produits durables.

Interview Marc Panis, Fluidra

Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

Le changement climatique modifie l’usage de la piscine. Avant, on l’utilisait du printemps à fin août et on la fermait. Aujourd’hui, dans le Nord comme dans le Sud, les températures montent ! Il est donc logique que les propriétaires de piscine ou futurs acquéreurs veuillent en profiter plus longtemps. Ils recherchent ainsi des équipements et consommables fiables, performants et durables. Ils sont désormais prescripteurs sur le choix de la pompe, du filtre, du chauffage…. Ils veulent un retour sur investissement avec une piscine au fonctionnement optimal, ce qu’ils ne demandaient pas auparavant. Cela induit des changements dans le comportement d’achat des professionnels qui font appel à de nouvelles technologies : éclairage led, pompe à chaleur Inverter, pompe à vitesse variable, produits de traitement non agressifs pour les baigneurs et l’environnement…

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Conséquemment à une forte volonté de proximité avec nos clients professionnels, nous avons renforcé notre présence locale avec 18 agences Fluidra réparties en 3 régions. S’y ajoute notre plateforme Trace Logistics dans la région de Barcelone, qui participe activement à l’amoindrissement de notre impact sur l’environnement grâce à un process logistique ultra-performant. D’autre part, nous avons toujours eu la volonté politique d’externaliser le moins possible. Nous fabriquons nos moteurs, nous injectons nos plastiques, produisons nos paillettes de chlore… Nos centres de production se situent, pour la plupart, dans la région de Barcelone. Les produits sur mesure (liner, bâche et couverture) sont conçus à Perpignan. Le cœur de nos fabrications se situe donc en Europe ainsi que notre R&D. Chaque usine dispose d’un protocole de recyclage : dans l’usine chimique, nous aspirons les poussières de trichlore au moment du compactage pour les réintroduire dans le circuit de production, les eaux usées passent par des centrales de traitement, les résidus de découpe de l’acrylique sont récupérés pendant la fabrication des spas et une société externe traite leur recyclage… Quant à nos agences elles sont devenues, depuis cette année, des points de collecte pour les lampes halogènes avec la mise à disposition d’une borne de recyclage.

Nous avons aussi travaillé nos emballages, avec par exemple les seaux carrés pour les produits de traitement de l’eau à la marque CTX® Professional. L’objectif est logistique avant d’être esthétique : davantage de seaux sur une palette, dans un camion et donc des flux de transport moindres. Nous favorisons également la vente en carton et limitons les contenants plastiques. Une réduction des emballages et suremballages a aussi été décidée dans toutes nos usines.

Quant à l’innovation, c’est également un facteur primordial dans la réduction de l’impact environnemental de nos produits, avec comme lignes directrices la fin du surdosage et du gaspillage, peu d’emballage et une facilité de stockage et de transport.


Un volume d’eau supplémentaire à traiter et moins d’impact sur l’environnement.

Interview Caroline Beauval, Sigura (hth)

Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

Le réchauffement climatique va d’abord avoir un effet positif sur l’activité : les gens veulent avoir un point d’eau chez eux pour se rafraîchir. Nous nous préparons donc à de très belles années comme après la canicule, avec un volume d’eau supplémentaire à traiter et des utilisateurs en plus grand nombre. Cela stimule la demande actuelle et future en produits de traitement de l’eau.

D’un autre côté, nous risquons également des sécheresses et des pénuries d’eau avec un risque accru d’interdiction du remplissage des piscines.

Cela va obliger les consommateurs à traiter l’eau de leur piscine de façon plus raisonnée et les professionnels à faire preuve de plus de pédagogie pour que leurs clients adoptent de bons gestes et de bons réflexes. Cela va certainement amener les consommateurs à couvrir leur piscine pour réduire leurs consommations en eau (évaporation) et en énergie (chauffage), et limiter ainsi les problèmes de traitement d’eau (pollution). Tout cela aura pour conséquence de rendre les piscines plus responsables et de réduire leur empreinte écologique.

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Oui, Sigura recherche des opportunités pour réduire l’impact des piscines sur l’environnement. L’hypochlorite de calcium, produit sans stabilisant, évite de vider une partie du bassin chaque année. Cela contribue clairement à réduire la consommation d’eau pendant les périodes de pénurie.

Nous essayons également de réduire la teneur en plastique des emballages ou de leur trouver des alternatives. C’est le cas des galets d’hypochlorite de calcium à dissolution lente sans film plastique hth Advanced, par exemple, qui nous permettent de réduire de 7 tonnes par an en Europe nos consommations de plastique par rapport au marché des sticks ou des sachets hydrosolubles. Nous avons également diminué le poids de nos emballages pour liquides en leur conservant la même résistance et réfléchissons à des écorecharges en remplacement des bidons plastiques. Nous utilisons également des cartons de suremballage issus de forêts contrôlées. Sur notre site de production d’Amboise, notre consommation en eau a été réduite en optimisant les rinçages et en surveillant chaque semaine nos consommations. Nous avons enfin rapatrié certaines de nos fabrications en France comme celle des doseurs de la gamme hth Easiflo, auparavant fabriqués aux États-Unis ou en Chine. Tout cela a un vrai impact écologique.


Il y a une prise de conscience globale des consommateurs.

Interview Emmanuel Baret, CCEI

Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

Le changement climatique est plus sensible au Nord qu’au Sud avec une augmentation des températures. Il nous ouvre des régions, en Europe du Nord, auparavant inhospitalières à la piscine. C’est là qu’il y a un vrai changement avec des étés plus chauds et des gens qui profitent de leur extérieur plus longtemps et ont aujourd’hui envie de piscine. L’aspect inquiétant du monde est aussi favorable au marché de la piscine. La peur de l’étranger, de l’extérieur est accentuée par les risques climatiques et, maintenant, par la peur d’une contamination. Tout cela participe à favoriser le phénomène de « nesting » (ndlr : nidification), le réflexe de s’enfermer chez soi autant que possible et donc le besoin de piscine. Autre conséquence de ce changement, le problème de la disponibilité de l’eau qui est de plus en plus présent et inégalitaire. Il y a une prise de conscience globale des consommateurs sur la rareté de l’eau et les consommations, qui oblige les acteurs de la piscine à réfléchir à leurs futurs produits, à mieux équiper les piscines, à identifier les bons gestes… Ces préoccupations du client final sur l’environnement ont un impact direct sur notre stratégie de développement à l’export notamment.

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Si nous voulons satisfaire la demande future des consommateurs pour des piscines plus respectueuses de l’environnement, il nous faut concilier la sécurité sanitaire, le respect de l’air, éviter les gaspillages d’énergie et d’eau et réduire les consommations de produits. Nous savons très bien que les attentes, aujourd’hui, ne sont pas intégralement satisfaites et qu’il existe des voies pour mieux répondre à ces exigences. L’électrolyse a permis de produire in situ du chlore avec un gain sur la sécurité et un niveau de désinfectant plus satisfaisant.

Nous essayons de développer des modèles de régulation et des produits avec lesquels on peut faire du monitoring pour prévenir l’utilisateur ou le piscinier et éviter les dérives et les gaspillages. À terme, avec l’intelligence artificielle et l’analyse de données, il sera possible d’anticiper et de corriger automatiquement et plus efficacement les paramètres de la piscine pour éviter les dérèglements et les surconsommations.

Nous travaillons aussi sur la réutilisation de l’eau avec des taux de sel plus bas pour pouvoir arroser le jardin ou la réutiliser, ainsi que sur un local technique qui fonctionne entièrement au solaire, un marché encore étroit aujourd’hui.

Nos produits, enfin, ne sont pas fabriqués pour avoir des cycles de vie courts. Nous nous concentrons sur leur efficacité et leur durabilité en respectant bien sûr toutes les contraintes légales sur le recyclage. Il est plus eco-friendly de travailler sur des produits qui durent.

Textes : Sébastien Carensac

Sources :

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