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Climat et piscine partie 1 : quelles conséquences sur votre activité ?

par cdalgobbo
La crise sanitaire actuelle tout autant que les épisodes climatiques exceptionnels que nous traversons depuis plusieurs années sont autant de rappels à la réalité. La composante environnementale s’intègre déjà dans le quotidien de l’ensemble des acteurs économiques, clients, pisciniers et fabricants, et va s’imposer comme contrainte majeure à l’avenir.
Dans un dossier en deux parties, la rédaction de L’Activité Piscine vous propose d’une part d’essayer de cerner les enjeux du changement climatique pour le secteur et votre entreprise et d’autre part de découvrir les leviers actionnables pour vous y préparer et le transformer en opportunité de business.

Sommaire : Le changement climatiqueQuel impact sur la piscineQuel impact sur l’activité des pisciniersEnjeux climatiques et « produit » piscine3 stratégies indispensables et complémentaires – Interviews : BayrolNextpoolPool TechnologieGaches ChimieFPP

Partie 1 – Quels sont les enjeux du changement climatique pour le secteur et votre entreprise ?

Quelles seront les conséquences du changement climatique sur le secteur, sur votre modèle économique et votre organisation ? Quelles sont les principales stratégies préconisées pour s’y préparer ?

Le changement climatique en quelques mots

Le changement climatique est « l’ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné et au cours du temps : réchauffement ou refroidissement ». Les émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant des activités humaines viennent amplifier ce phénomène naturel. Combustion de gaz, pétrole, cimenteries, décharges d’ordures, bref l’ensemble de nos déplacements, productions, consommations, rejets émet l’un des 7 principaux gaz identifiés comme responsables du changement climatique. Le dioxyde de carbone, CO2, est le principal d’entre eux (2/3 des émissions) mais cela concerne aussi le méthane (exploitations pétrolières et décharges), le protoxyde d’azote (industrie, agriculture, automobile), l’hexafluorure de soufre (métallurgie, appareils électriques et semi-conducteurs…).

Le GIEC, estime que le changement climatique aura pour conséquences à moyen et long termes :

  • une aggravation des phénomènes climatiques extrêmes (fréquence, intensité et durée) comme les tempêtes, les inondations et les périodes de sécheresse ;
  • un bouleversement des écosystèmes et l’augmentation des dangers sanitaires avec la transmission de maladies animales (ex : Covid-19)
  • une augmentation du niveau de la mer et l’acidification des eaux des océans.

L’épisode d’incertitude que nous vivons actuellement avec le Covid-19 est l’une des conséquences de ce changement climatique. D’après les scientifiques, des événements de ce type sont amenés à se reproduire de plus en plus fréquemment dans le temps avec des risques accrus voire majeurs pour l’activité des entreprises.

Quel impact sur la piscine ?

1. Des conséquences sur le fonctionnement du parc de piscines existant

Le changement climatique, déjà sensible, va avoir des conséquences sur la qualité de l’eau, la propreté du bassin, les consommations en eau, énergie et produits chimiques et obliger les propriétaires de piscine à des investissements supplémentaires dans des équipements plus résistants et conçus pour être plus durables.

  • Augmentation de la température de l’air, de la terre et de l’eau avec comme conséquences un développement plus important des micro-organismes dans l’eau (qualité et propreté), un fonctionnement plus soutenu des équipements dans un contexte différent (durabilité) pour traiter (consommations) et refroidir l’eau du bassin (investissement) et une évaporation accrue (consommations et investissement).
  • Augmentation d’épisodes orageux et de fortes précipitations avec des risques d’inondation des terrains et de pollution des bassins (propreté), de modification soudaine et plus récurrente de l’équilibre chimique de l’eau des piscines (qualité), du besoin en régulation et désinfection (consommations), de dégradation du revêtement et des installations techniques (durabilité et investissement).
  • Augmentation des mouvements de terrain, pour les sols argileux par exemple, avec risques d’endommagement, de déformation, de soulèvement des bassins et des installations techniques (durabilité et investissement), des ruptures de canalisations et des problèmes d’étanchéité.
2. Des conséquences sur la réglementation et les normes :

Le changement climatique fait l’objet de réglementations françaises, européennes et internationales qui se renforcent au fil des années. La nécessité de réduire l’empreinte environnementale impacte déjà la piscine aujourd’hui. Le green deal européen (pacte vert), promu par la Commission européenne, va renforcer un certain nombre de dispositifs nationaux et modifier en profondeur le fonctionnement du secteur de la piscine et de ses acteurs.

  • L’économie circulaire, l’éco-conception et les émissions de CO2 sont autant de réglementations qui interviennent tout au long du cycle de vie des produits : sourcing, logistique, fabrication, construction, maintenance et recyclage en fin de vie.
  • Les produits chimiques : les réglementations REACH, Biocide, etc. sécurisent la fabrication et l’utilisation des substances chimiques et impactent leur composition (baisse des concentrations), réglementant aussi leur transport, stockage, utilisation et communication.
  • La gestion des déchets : la loi pour la Transition énergétique responsabilise les producteurs ou détendeurs de déchets (gestion, élimination ou valorisation). Cela implique d’organiser le tri et le recyclage des produits, des emballages, des matériaux…
  • La gestion de l’eau : ressource de plus en plus en tension, la gestion raisonnée de l’eau devient primordiale et va de plus en plus s’accompagner d’obligations de recyclage des eaux usées et de récupération des eaux de pluie pour limiter les prélèvements dans les réserves d’eau douce.
  • Les économies d’énergie : classification énergétique des produits, passage aux ampoules led, utilisation d’énergies renouvelables et récupération de la chaleur pour produire de l’énergie voire obligation d’installer des équipements de production : la réglementation est omniprésente.
  • L’urbanisme : protection des milieux naturels, obligation de réduction des îlots de chaleur et de végétalisation pour limiter l’imperméabilisation des sols (bétonisation) et réduire les risques d’inondations.
  • La sécurité contre les incendies : il est à prévoir que le parc de piscines intègre un plan global de lutte contre des incendies et représente une réserve d’eau supplémentaire pour la gestion des incendies qui devraient se développer dans les régions du Sud.

Et cette liste n’est pas exhaustive.

 

3. Des conséquences sur les clients

Le changement climatique va aussi fortement impacter les acheteurs et propriétaires de piscine :

    • des autorisations d’urbanisme encore plus contraignantes qui vont rendre plus difficile la construction de nouvelles piscines ;
    • des obligations sur l’eau : interdictions de rejet des eaux et obligation de neutralisation des eaux traitées des piscines, interdictions de remplissage des bassins en période de sécheresse, obligations de récupération des eaux de pluie, obligations de fermeture des bassins pour limiter l’évaporation, etc. ;
    • des obligations sur l’énergie : obligation d’installer un système de production d’énergie (capteurs solaires), d’utiliser des équipements producteurs de chaleur (pompes à chaleur), etc. ;

  • des obligations renforcées sur le traitement des points d’eau pour limiter le développement d’espèces parasites invasives comme le moustique…

Quel impact sur l’activité des pisciniers ?

Le changement climatique a aujourd’hui des effets positifs sur votre activité : réchauffement climatique et besoin de se rafraîchir, tropisme de beaucoup de Français qui se déplacent vers les régions littorales… Mais il a aussi des effets contraignants sur votre activité avec parfois de lourdes conséquences.

1. Des conséquences économiques
  • Développement de la fiscalité environnementale : taxes sur les consommations (eau, énergie) et les émissions (GES), sur le traitement et le recyclage des déchets…
  • Renchérissement du coût des assurances pour vous et vos clients avec l’élévation des risques ou l’obligation d’investir pour limiter certains risques naturels.
  • Développement du coût des mesures d’hygiène et de sécurisation des salariés.
  • Augmentation du coût de l’énergie et du carburant qui vont vous obliger à réduire et optimiser vos déplacements, à acheter des véhicules moins consommateurs et moins polluants (électriques, hybrides, à hydrogène) et à adapter votre fonctionnement et votre organisation.
  • Conditionnement des investisse-ments, des emprunts et des aides fiscales ou sociales à votre engagement environnemental avec la notation à venir de votre entreprise en fonction de votre capacité à vous adapter au changement climatique et à gérer les risques qui en découlent.
  • Modification de votre chaîne de valeur par l’obligation de vous prémunir des risques du changement climatique en mettant en place des procédures internes d’évaluation, de prévention et de gestion des risques qui vont impacter votre offre de produits et de services et vous obliger à réfléchir à l’évolution de votre modèle économique.
2. Des conséquences sur votre organisation
  • La responsabilité « sanitaire » du chef d’entreprise risque d’être de plus en plus souvent engagée en plus de sa responsabilité sociale s’il ne fournit pas des équipements de protection individuels (EPI) ou n’adapte pas les temps et postes de travail, les procédures, etc.
  • La formation à la sécurité des équipes va devoir être complétée par des formations aux procédures de distanciation physique et à des règles sanitaires strictes : désinfection des locaux, véhicules et des postes de travail en magasin, au bureau, sur les chantiers…
  • L’obligation de nommer un référent « climat » va venir complexifier et alourdir votre organisation mais aussi vous permettre de développer des compétences environnementales.
3. Des conséquences sur votre« indépendance »

Vous serez amenés à intégrer un regroupement d’entreprises du même secteur d’activité (réseau ou filière) ou de proximité (local ou territorial) pour mettre en commun des moyens et des compétences afin de gérer les conséquences au quotidien du changement climatique sur votre activité.

Ces nouveaux partenariats vont vous permettre par exemple de mieux absorber les coûts des nouvelles réglementations, d’organiser plus efficacement la mobilité de vos collaborateurs ou d’organiser le tri et le recyclage de vos déchets avec d’autres entreprises et les collectivités locales.

Enjeux climatiques et« produit » piscine ?

La piscine n’est pas un bien de première nécessité mais un équipement de confort, accessoire de la maison. Il est évident qu’à court terme, le réchauffement climatique influence positivement la construction de piscines dans de nombreuses régions où jusqu’alors, construire une piscine était un luxe comparativement à sa durée d’utilisation et aux équipements nécessaires pour en profiter même en pleine saison. Mais à moyen ou long terme le changement climatique pourrait impacter ses ventes au regard de la vision de son utilité ou de sa nécessité par rapport aux enjeux. Cela pourrait concerner :

  • Sa capacité à réduire ses consommations en eau, énergie et produits et ses émissions de CO2 ou d’eau « usagées » tout au long de son cycle de vie (de la conception au recyclage de chacun de ses éléments constitutifs) ;
  • Le caractère privatif de son usage rapporté à la taille du parc de piscines privées.

La profession travaille sur les sujets des consommations, du traitement de l’eau, de l’impact carbone et du recyclage des déchets. Mais à long terme, la piscine sera-t-elle toujours en mesure de répondre aux attentes des consommateurs et en capacité de se conformer aux réglementations environnementales ?

3 stratégies indispensables et complémentaires

1. L’atténuation des sources du changement climatique

L’objectif de l’atténuation est de préserver l’activité existante en travaillant à la maîtrise de vos émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette stratégie« bas carbone » avec effet à moyen et long termes passe par :

  • l’adoption de comportements plus vertueux et la réorientation de vos efforts d’innovation et d’achat vers des matières et des produits éco-conçus et donc moins impactants,
  • l’intégration de la notion d’économie circulaire dans toute votre activité,
  • l’évolution de vos process de fabrication et méthodes de construction,
  • la diversification de vos activités,
  • une meilleure gestion de l’eau, des matériaux et des ressources énergétiques, etc.,
  • et plus radicalement si nécessaire, la décision d’arrêter de proposer tel ou tel service ou produit peu rentable au regard des contraintes induites.
2. L’adaptation aux conséquences du changement climatique

L’objectif de cette seconde stratégie est d’anticiper les conséquences du changement climatique sur le secteur et votre activité et de profiter des opportunités potentielles qui pourraient se présenter à court ou moyen terme. À noter que plus l’atténuation est efficace, moins l’adaptation est coûteuse.

Cette approche préventive vise à améliorer l’efficacité des procédés de construction par exemple ou celle des équipements afin d’absorber et de réparer plus facilement les dégâts que le changement climatique risque d’occasionner au marché et à son fonctionnement (sécurisation des approvisionnements par exemple), à votre entreprise (outils, véhicules, etc.) et à la piscine de vos clients (drainage des eaux de pluie, protection du bassin avec un volet…).

Cela peut vous conduire vers la vente de nouveaux équipements (par exemple traitement automatisé, fond mobile) ou d’en arrêter la commercialisation (passage d’une activité construction à une activité maintenance par exemple).

3. La résilience environnementale

En écologie, la résilience est la « capacité d’un écosystème, d’un biotope ou d’un groupe d’individus (population, espèce) à se rétablir après une perturbation extérieure (incendie, tempête, défrichement, etc.). ». En informatique, elle se définit par la « capacité d’un système à continuer à fonctionner, même en cas de panne ». Pour une entreprise enfin, il s’agit de « sa capacité à résister aux effets du changement climatique et à saisir les enjeux de transformation pour demain ».

L’objectif de la résilience est donc de permettre à votre entreprise de résister aux conséquences du changement climatique, de les intégrer, de s’adapter à leurs effets et de s’en relever rapidement et efficacement. Cela nécessite de revoir les équilibres économiques, environnementaux et sociétaux dans votre activité et de transformer votre modèle économique et votre organisation pour vous diriger vers un modèle zéro émission ou en tout cas le moins émetteur possible.

En conclusion

Ces stratégies, les acteurs de la piscine les pratiquent déjà. Ils sont habitués à s’adapter à la saisonnalité de leur activité, à la météo, aux évolutions de la réglementation (urbanisme, chimie) et à la gestion du risque sur leurs chantiers. Ils l’ont démontré avec la crise du Covid-19. Les entreprises ont accusé le coup, ont réagi, pour la majorité d’entre elles, en fermant leurs magasins ou bureaux puis se sont rapidement adaptées pour atténuer l’effet de la crise : mise en place d’un drive, reprise de l’activité de maintenance puis progressivement de l’activité construction en respectant les consignes de distanciation physique.

Une résilience qui pourrait permettre à l’ensemble des acteurs du secteur d’affronter les enjeux du changement climatique. À condition de trouver les leviers actionnables pour s’y préparer. Quels sont donc ces leviers ? Quelles stratégies s’offrent à vous pour réduire l’empreinte environnementale des piscines de vos clients et de vos activités ? Comment intégrer cette composante dans votre stratégie pour ne pas simplement la subir mais en faire une véritable opportunité de business ?

Toutes les réponses dans le prochain numéro de L’Activité Piscine.

 


Il faut essayer de faire mieux avec moins

Interview Daniel Ricard & Anne-Catherine Philippe, BAYROL
Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

Pour l’instant, le marché bénéficie du changement climatique avec l’augmentation des températures et les canicules que nous rencontrons depuis 3 ou 4 ans. Les consommateurs investissent plus dans les piscines et ont donc plus besoin de les entretenir.

A moyen terme il faut s’attendre à des restrictions d’eau notamment en France qui peuvent venir limiter son renouvellement dans les bassins. La consommation d’eau est un vrai sujet que nous percevons dans les préoccupations des consommateurs. Cela va de pair avec la consommation électrique mais plus pour des raisons économiques qu’écologiques. En Allemagne par exemple la grosse tendance est de chauffer sa piscine avec des panneaux solaires.

Tous les acteurs du marché se mettent en marche par sensibilité écologique. Nous voulons tous bouger en faisant attention à nos achats aussi bien en tant qu’industriels que consommateurs pour réduire notre impact sur l’environnement. Ce n’est pas une crainte mais cela vient impacter sur nos décisions stratégiques.

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Nous avons été l’un des premiers à parler de l’équilibre de l’eau, de la désinfection, de la régulation et des algues. Nous ne sommes pas pour la surconsommation de produits. Nous parlons aussi de prévention des problèmes pour éviter l’usage massif des produits chocs. Il faut essayer de faire mieux avec moins, d’apporter le bon produit au bon moment. C’est dans notre ADN.

Le traitement raisonné passe aussi par la régulation automatique de la piscine. C’est le moyen le plus écologique pour traiter une piscine aujourd’hui, avec des appareils ayant une « intelligence » du traitement automatique, capables d’analyser et de fournir le juste dosage de bon produit au bon moment.

Nous sommes très attentifs à la qualité des matières premières que nous utilisons et réévaluons en permanence la concentration et l’efficacité de nos formules pour que le traitement soit le plus efficace possible avec la juste dose.

Nous faisons enfin très attention à nos consommations de matières plastiques, surtout pour la piscine privée, en essayant de trouver le bon équilibre entre la quantité de plastique d’emballage nécessaire et la sécurité du stockage et de la manipulation du produit. Cela demande des tests et donc des démarches longues. Nous faisons aussi des tests sur de nouveaux matériaux pour remplacer partiellement le plastique.

 


Une piscine avec un impact maîtrisé n’est pas forcément plus chère

Interview Patrick Negro, NEXTPOOL
Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

On le mesure encore peu mais l’impact sera à plusieurs niveaux.

  • au niveau des consommateurs, d’abord, qui vont procéder à un arbitrage en gardant à l’esprit la préoccupation environnementale. Elle va peser de plus en plus dans leurs choix. Elle est née d’une réalité, le risque de pénurie d’eau, et d’une réglementation plus contraignante avec des restrictions d’eau qui impactent l’usage et le remplissage des piscines en saison ou hors-saison. C’est un enjeu majeur.
  • au niveau de la réglementation et de la normalisation ensuite qui va obliger toutes les entreprises à avoir une « étiquette environnementale ».
Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Oui avec l’écriture en 2019 d’une charte RSE (ndlr : Responsabilité Sociale et Environnementale) construite autour de 4 enjeux stratégiques qui sont intégrés dans la vision économique de notre activité. Cela nous a obligé à changer nos référentiels et les visions des équipes, à changer nos habitudes y compris avec nos partenaires… c’est le plus dur quand on est un industriel et introduire un minimum de sensibilité environnementale n’est pas évident. Les principales actions portent sur la sensibilisation, la formation et le recrutement. Il nous a d’ailleurs fallu recruter un responsable HSE, en charge de cette question, dont le rôle est de guider les différents services vers une organisation qui intègre la notion d’impact environnemental partout où elle peut l’être. L’objectif est que cela puisse donner lieu à des propositions concrètes par la suite y compris au niveau du social.

Cette démarche a d’ores et déjà eu un impact positif sur notre organisation, encourage l’innovation et va faciliter notre différenciation en apportant de la valeur ajoutée.

Les moyens qui permettent de réduire l’impact des produits enfin, sont aussi des moyens qui permettent de réduire les coûts de production. Une piscine avec un impact maîtrisé n’est donc pas forcément plus chère.

Il faut en profiter pour réinventer une partie du métier, pour que le piscinier devienne aussi un conseiller et ne soit pas simplement un constructeur, qu’il monte en expertise et puisse proposer des prestations spécifiques et qu’il amène plus d’efficacité dans l’optimisation du fonctionnement et de l’économie du bassin en évitant les injections supplémentaires, les consommations excessives…


Nous pratiquons l’éco-conception depuis plus de 10 ans

Interview Philippe Grard, Pool Technologie
Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

A court terme, il ne peut-être que positif pour le marché à condition bien sûr que les clients aient un peu d’argent. A moyen terme, nous devons nous poser la question de notre éco-responsabilité vis-à-vis du climat et faire le choix du futur et pas celui du passé. Comme par exemple d’acheter des véhicules professionnels hybrides ou électriques et non des véhicules diesel. Ou quand on achète un emballage, ne plus mettre de polystyrène dedans, ce que nous ne faisons plus depuis des années. Il devrait y avoir un impact au niveau de la production et de l’approvisionnement avec une régionalisation des activités à l’échelle d’un continent. Nous allons certainement devoir acheter et intégrer le plus possible de composants européens. Ce serait vraiment un pas très important. Le droit du travail devrait être aussi impacté et s’enrichir en nous imposant peut-être plus de procédures de désinfection comme par exemple la désinfection de l’usine et non pas simplement son nettoyage, ou d’avoir des EPI (ndlr : Equipements de Protection Individuelle) à la disposition de nos salariés. Avec de possibles dérives sanitaires et une nouvelle responsabilité « sanitaire » du chef d’entreprise en plus d’être sociale et juridique. Le sentiment de risque augmente aussi. Le covid-19 a montré que la maladie était invisible et que tout le monde pouvait être touché. Les gens vont être beaucoup plus attentifs et nous demander comment est désinfectée leur piscine. Il va falloir prouver qu’elle n’est pas dangereuse. La FPP a bataillé pour la loi sécurité. Elle a bataillé pendant la canicule. Maintenant elle va devoir batailler pour montrer que la piscine n’est pas un vecteur de maladie.

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Nous pratiquons l’éco-conception depuis plus de 10 ans. Nous avons fait ce choix après avoir suivi une formation de la région et l’avons développé en suivant notre premier éco-produit.

Nous avons une politique d’approvisionnement locale (région de Montpellier), régional (Région Occitanie) et européenne. Près des 2/3 de nos composants sont européens dont au moins la moitié sont français. La crise que nous connaissons va encore plus nous pousser à faire le choix de fournisseurs européens à condition qu’il y ait, bien sûr, une relocalisation d’expertise en Europe. Pour le recyclage, nous cotisons à Eco-systèmes et travaillons avec un centre pour handicapés qui démonte les appareils et recycle tout ce qui peut l’être. Par-contre, je suis plutôt frustré par le tri sélectif car les collectivités locales sont mal équipées pour nous inciter à faire plus. Pour moi, il est de l’éco-responsabilité du chef d’entreprise de lutter contre la facilité, de se battre pour la protection de la planète et dans toute démarche de son métier de se demander s’il prend des décisions à la hauteur des enjeux ?


Nous travaillons sur des produits qui ont vocation à réduire notre empreinte environnementale.

Interview Karine Bordes, Gaches Chimie
Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

Le réchauffement donnera certainement des envies supplémentaires à ceux qui n’ont pas encore investi dans une piscine. Et même si le parc est déjà important il y aura encore des constructions dans les prochaines années.

Avez-vous déjà changé certaines de vos pratiques ?

Nous n’avons n’a pas un rôle facile parce qu’on est dans la chimie, mais nous avons conscience qu’il faut minimiser notre impact sur l’environnement. Nous avons une démarche permanente de recherche de produits qui soient plus éco-responsables. Cela fait 10 ans que nous travaillons sur des produits qui ont vocation à réduire notre empreinte environnementale. Nous avons commencé par substituer le sable par du verre recyclé et recyclable. Il faut que nous évitions de trop puiser dans nos ressources naturelles. Le sable est une ressource que nous sommes en train d’épuiser alors qu’avec le verre, nous avons peu d’impact. Il y a 2 ans, nous avons sorti un galet avec répulsif à insecte qui évite l’ajout d’un produit supplémentaire dans la piscine. Aujourd’hui, nous proposons un produit qui permette de réduire la quantité de stabilisant dans l’eau des piscines pour réduire les gaspillages d’eau. Cela passe aussi par les emballages. Nous proposons à nos clients des emballages consignés qui peuvent être utilisés pendant 4 ou 5 ans afin d’éviter une destruction systématique. Nous souhaiterions que les emballages ayant contenu des produits soient recyclés à 100% ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Nous essayions de travailler en partenariat avec des entreprises qui ont envie de réduire leur impact sur la planète comme pour le sel par exemple. Nous travaillons avec un fournisseur qui propose un sel qualifié à 99,9%. Certains sels peuvent contenir des impuretés comme du fer ou du manganèse, des métaux qui ont un impact sur la santé, l’environnement et les équipements comme les électrolyses.

L’ensemble de la profession essaye de trouver des produits les plus propres possibles. A nous de bien accentuer le message pour qu’il soit bien relayé par les pisciniers. C’est à nous de communiquer et de former les pisciniers sur les bonnes pratiques pour bien entretenir les piscines et les rendre moins consommatrices en eau, énergie et chimie. A adopter les bons gestes pour analyser leur eau, les traiter régulièrement et éviter les chlorations chocs et le surdosage de produits.


Trouver des solutions de recyclage pour ne pas subir.

Interview Hervé Méry, Piscinier et Vice-Président de la FPP référent de la Commission Développement Durable
Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique aura un impact sur l’activité piscine ?

« Le changement climatique va avoir un impact sur l’eau et la qualité de l’eau. C’est pour cela que la FPP a travaillé sur la consommation en eau des piscines et publié un guide sur leur utilisation raisonnée. Avec le guide sur le traitement de l’eau en cours d’élaboration, l’objectif est d’apporter une bonne information aux clients sur le bon usage et le bon dosage des produits tout en rappelant aux pisciniers la nécessité de respecter la réglementation sur les produits biocides et la rigueur nécessaire dans leur distribution. »

Quel travail a entrepris la FPP au sujet du changement climatique ?

« En débattant sur ce sujet dans des séminaires dans lesquels nous avons été amenés à travailler sur des scénarii favorables ou défavorables, nous nous sommes aperçus que nous avions déjà des produits et des solutions assez économiques avec des process de construction maîtrisés et des fabricants qui innovent sur les matériaux, les fonctionnalités, les automatismes, les produits (ex : les pompes VS, les LED  et les PAC avec des cop importants) pour réduire l’impact environnemental de la piscine. »

La commission Développement Durable a été créée afin de mesurer la consommation d’eau et l’empreinte carbone des piscines. Elle a mis au point pour cela un logiciel de calcul de l’impact carbone lié à l’exploitation d’une piscine qui a permis de démontrer qu’une piscine de 8×4 n’émettait que 250kg de CO2/an.

Elle a aussi publié des guides sur la piscine basse consommation avec des conseils pour une utilisation raisonnée de la piscine en eau et en énergie.

Une norme européenne et un guide du recyclage en cours de préparation

Dernièrement, la FPP a engagé une réflexion avec l’AFNOR et le Comité Européen de Normalisation (CEN) pour la création d’une norme environnementale européenne sur les piscines dont le but est de déterminer l’impact environnemental de l’exploitation d’une piscine et de ses équipements et de classifier les performances environnementales de chaque équipement entrant dans la composition d’une piscine (structure, pompe, réseau hydraulique, traitement de l’eau, chauffage…). Cette norme qui devrait être effective en 2023 devrait favoriser le développement de produits plus durables, plus économes et plus respectueux de l’environnement.

La FPP a aussi lancé une enquête auprès de ses adhérents pour mesurer l’opportunité de développer une filière recyclage pour le secteur. « Sur les 10% des adhérents qui ont répondu 90 % se sont montrés intéressés par une réflexion sur le recyclage et les solutions qui pourraient être trouvées par la FPP. Nous devons nous habituer à trier, à trouver des solutions de recyclage, et surtout éviter d’attendre pour ne pas subir le résultat d’un process. Nous en sommes à la première phase avec un test prévu dans le Sud-Ouest en collaboration avec un cabinet spécialisé et nous essayons de trouver des partenaires institutionnels pour nous aider à mettre en place la filière. »

 

Sources :

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