Le problème :
La demande de bassins a explosé fin 2020 avec un effet « papier toilette », les gens ayant peur de ne pas avoir leur piscine cet été. Les professionnels ont donc travaillé en pleine charge cet hiver avec une météo favorable. Beaucoup ont aussi passé leurs commandes pour toutes leurs piscines en début de saison, alors qu’ils avaient pris l’habitude d’être livrés à chaque chantier. Ces phénomènes ont déréglé nos modèles de prévision basés sur l’historique.
A cela s’ajoute un manque de matières premières lié au premier confinement, certains fournisseurs ayant été forcés de stopper leurs productions, d’autres de trouver des débouchés différents pour leurs produits. Sans oublier la vague de froid aux USA, gros producteur de matières plastiques, qui a touché l’Europe par ricochet. Et enfin un problème de transport, créé en partie par le premier arrêt covid, avec des containers dont le coût a plus que triplé.
Les conséquences pour l’entreprise et vos clients :
Comme 80% de nos usines sont en Europe, nous ne sommes pas touchés par l’ensemble des problématiques. Le cout des transports par exemple n’impacte qu’une partie de nos gammes. Certains de nos concurrents ont été impactés plus fortement. Les ruptures chez eux, ont détournés des clients vers nous en dépannage. Il y a donc eu un appel d’air important.
C’est sur les tubes, raccords PVC souples et les pièces à sceller que cela se fait le plus sentir, les volumes ayant plus que doublé sur 3 mois. Pour nos PAC et électrolyseurs, fabriqués en Espagne et en Italie, nous manquons de composants électroniques, problème renforcé par le problème du canal de Suez qui a ralenti les livraisons de 15 jours. Comme le groupe est important, nous faisons des transferts de composants entre usines mais cela ne suffira pas. Les filtres sont touchés parce que même si nous avons du polyester, nous manquons de vannes alors que l’usine tourne à plein régime. Pour le liner et la membrane armée nous essayons de proposer de la disponibilité en jonglant entre les différentes marques présentes au catalogue. L’usine de spas est submergée et les fournisseurs de systèmes de commande, peu nombreux, sont en rupture.
Les marchés mondiaux se sont tellement concentrés, avec 2 ou 3 grands acteurs, que le moindre problème devient global. Il suffit qu’un seul ne livre pas pour dérégler complétement un secteur d’activité.
La stratégie de Fluidra :
Toutes ces difficultés ont eu deux effets :
– une hausse sur les tarifs qui impacte immédiatement les prix catalogues. Il est difficile de s’entendre dire que nous profitons de la situation pour augmenter nos prix. Nos fournisseurs, sous le régime de « forces majeurs » nous transmettent quasiment tous les jours, des retards et des augmentations à application immédiate. Nous avons essayé de les absorber avec une hausse lissée de 3% sur l‘ensemble de nos produits au 1er avril. Malheureusement nous devrons appliquer d’autres augmentations en mai sur certains produits comme les couvertures et liners qui ne sont plus du tout rentables. Des hausses que nous ne voulions pas appliquer en saison, car l’impact sur nos clients est important, mais nous n’avons plus le choix.
– une disponibilité du matériel qui nous oblige à faire de la gymnastique : dès aout 2020, nous avons décidé de stocker en quantité. Grâce à ce stock tampon, à nos usines qui tournent en 2 ou 3×8 depuis octobre, à la largeur de nos gammes, nous avons pu tenir et livrer sans augmenter nos prix jusqu’à début avril, quand la situation a changé.
Au quotidien, nos équipes analysent le carnet de commandes pour anticiper et essayer de donner la bonne information à nos clients. Nous essayons aussi de répartir les stocks et d’échelonner les commandes pour satisfaire au maximum toutes les demandes, même par des livraisons multiples, afin que chacun puisse commencer à travailler, en attendant la livraison de certains reliquats. Nous proposons aussi la substitution d’une référence par une autre en jouant sur la profondeur de gamme.
Cette situation exceptionnelle génère des coûts et du travail supplémentaires avec des équipes qui ne peuvent pas être disponibles à 100% à cause du covid.
Le conseil aux pros :
Anticiper est le principal conseil que nous pouvons donner, mais ne pas surstocker inutilement pour éviter l’effet « papier toilette ». Et ne pas hésiter à changer de gamme, en proposant de basculer sur un autre modèle, un produit moins habituel ou une nouveauté toute aussi performante. Il va aussi falloir prévoir et planifier la composition de ses stocks dès septembre pour la saison suivante. Ce sont de la place et de la trésorerie immobilisée, mais même si nous, fabricants, essayons de faire le maximum, cela redevient nécessaire. Sans oublier d’anticiper tout ça sur les devis aux clients finaux.
On ne peut pas savoir quand le marché reviendra à la normale. On est en surchauffe et il y a tellement de paramètres que la situation est complexe et ne pourra s’améliorer que progressivement. Certains problèmes se régleront prochainement et d’autres plus lentement. Nous devons apprendre à nous adapter.
Le mot rassurant :
Nous avons la chance incroyable de gérer les problèmes d’un marché plus que porteur. L’augmentation du parc bénéficiera aussi au secteur. Il faut avoir une pensée pour les restaurateurs, les compagnies aériennes, etc. qui sont dans un trou noir. Et espérer que nous ne subirons pas de crise de l’emploi qui pourrait impacter les ventes de bassins à l’avenir.