Interview réalisée le 8 juin 2023
Depuis 25 ans, Ardèche Service Piscine située aux Vans, construit des piscines en Ardèche, sur une partie du Gard et de la Lozère. Concessionnaire de la marque Carré Bleu, la société présidée par Guillaume Berne emploie onze collaborateurs.
Vous êtes présent sur un territoire touché par la sécheresse, avec une mise en niveau 3 par le préfet. La pénurie d’eau pénalise-t-elle votre activité ?
Pas du tout. Nous avons mis les bouchées doubles pour terminer les bassins fin juin, c’est-à-dire avant la période la plus sensible. À l’exception d’un chantier, tout sera rempli avant juillet. Pour l’instant, nous ne sommes pas ennuyés. Mon carnet de commandes est plein jusqu’en 2024.
Il a beaucoup plu ces dernières semaines. Les restrictions ont-elles été allégées ?
Je circule beaucoup et je vois bien que les rivières ont plus d’eau, que les barrages se remplissent. Celui de Villefort a pris six ou sept mètres. Je regarde régulièrement le site Propluvia, mais rien ne change au niveau des restrictions. C’est sans doute dû à l’inertie du système.
Justement, estimez-vous être bien informé ?
Oui. De plus, la FPP fait un bon travail d’information et de pédagogie. Nous venons de signer une charte – comme l’ensemble du réseau Carré Bleu d’ailleurs – où nous nous engageons notamment à sensibiliser les clients aux questions d’eau et d’environnement.
Le message passe-t-il bien ?
Absolument. En Ardèche, la population est relativement éco-responsable. Je suis moi-même sensible à ce sujet. Je me sens concerné par ces problématiques depuis longtemps. Il s’agit d’une démarche personnelle. Sur ma zone de chalandise se trouvent beaucoup de villages fragiles au niveau des ressources en eau. Plusieurs communautés de communes refusent les autorisations de construire si les bassins dépassent un volume de 50 m3. Je trouve cela normal. Notre métier doit évoluer comme les autres, même si le problème du manque d’eau ne sera pas résolu avec la limitation des piscines. Mais chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. En société, quand je dis que je suis piscinier, les gens commencent à me regarder de travers. Je me considère pourtant comme une personne respectant l’environnement. Nous risquons de devenir des boucs émissaires. Il ne faut surtout pas laisser pourrir la situation. Les pouvoirs publics doivent réagir très vite en mettant en place une réglementation. Nous devons apporter des solutions. Les moyens techniques existent pour rendre notre secteur d’activité durable. D’ailleurs, ils sont déjà mis en œuvre par la plupart des pisciniers. Tous les concessionnaires Carré Bleu sont éco-responsables.
Comment la clientèle réagit-elle ?
Les gens se sentent un peu coupables, ils me posent des questions. Je leur explique que l’heure n’est plus aux grands bassins, qu’il existe des moyens de limiter la consommation en eau, en électricité, en produits. 50 % de mes piscines bénéficient d’une réserve d’eau. Je le conseille fortement. Le surcoût est minime et cela permet de compléter le niveau, d’arroser son jardin… Dans ma communauté de communes, les permis pour les piscines ne sont accordés que s’ils intègrent une réserve représentant 8 % du volume d’eau du projet. Cela me paraît complètement logique et très facile à réaliser. Nous devons tendre à rendre les piscines autonomes.
Que pensez-vous des interdictions de permis de construire et de vente de piscines hors-sol ?
Vallon-Pont-d’Arc est dans mon périmètre. Je pense que l’interdiction n’a rien à voir avec les piscines. Tous les permis de construire sont bloqués. Le préfet sanctionne un développement urbain trop rapide, sans mise à niveau des équipements publics. Pour les piscines hors-sol, c’est différent. La mesure est tout simplement ridicule, sans effet. Les consommateurs achèteront par Internet. C’est de la mauvaise communication.
Propos recueillis par la rédaction
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