Accueil StratégiePiscine et environnement CCEI : « Il y a une prise de conscience globale des consommateurs »

CCEI : « Il y a une prise de conscience globale des consommateurs »

par laurence

Pourquoi vous être engagé dans une démarche de réduction de votre empreinte écologique ? 

Le changement climatique est plus sensible au nord qu’au sud du fait de l’augmentation des températures. Il nous ouvre des régions, en Europe du Nord, auparavant inhospitalières à la piscine. C’est là qu’il y a un vrai changement avec des étés qui sont devenus plus chauds. Les personnes profitent de leur extérieur plus longtemps et ont aujourd’hui envie de piscine.
L’aspect inquiétant du monde est aussi favorable au marché de la piscine. La peur de l’étranger, de l’extérieur est accentuée par les risques climatiques et, maintenant, par la crainte d’une contamination. Tout cela participe à favoriser le phénomène de « nesting » (ndlr : nidification), le réflexe de s’enfermer chez soi autant que possible et donc le besoin d’aménager son espace extérieur avec l’installation d’une piscine.
Autre conséquence de ce changement, le problème de la disponibilité de l’eau qui est de plus en plus présent et inégalitaire. Il y a une prise de conscience globale des consommateurs sur la rareté de l’eau et les consommations qui oblige les acteurs de la piscine à réfléchir à leurs futurs produits, à mieux équiper les piscines, à identifier les bons gestes…
Ces préoccupations du client final sur l’environnement ont un impact direct sur notre stratégie de développement à l’export, notamment.

Quelles pratiques avez-vous déjà changées ?

Si nous voulons satisfaire la demande future des consommateurs pour des piscines plus respectueuses de l’environnement, il nous faut concilier la sécurité sanitaire, le respect de l’air, éviter les gaspillages d’énergie et d’eau et réduire les consommations de produits.
Nous savons très bien que les attentes, aujourd’hui, ne sont pas intégralement satisfaites et qu’il existe des voies pour mieux répondre à ces exigences. L’électrolyse a permis de produire in situ du chlore avec un gain sur la sécurité et un niveau de désinfectant plus satisfaisant. Nous essayons de développer des modèles de régulation et des produits avec lesquels on peut faire du monitoring pour prévenir l’utilisateur ou le piscinier et éviter les dérives et les gaspillages. À terme, avec l’intelligence artificielle et l’analyse de données, il sera possible d’anticiper et de corriger automatiquement et plus efficacement les paramètres de la piscine pour éviter les dérèglements et les surconsommations.
Nous travaillons aussi sur la réutilisation de l’eau avec des taux de sel plus bas pour pouvoir arroser le jardin ou la resservir. Ainsi que sur un local technique qui fonctionne entièrement au solaire, ce qui représente un marché encore étroit aujourd’hui.

Nos produits enfin, ne sont pas fabriqués pour avoir des cycles de vie courts. Les matériaux alternatifs existent mais ne permettent pas de garantir la même durée de vie aux produits. Nous préférons nous concentrer sur leur efficacité et leur durabilité, en respectant bien sûr toutes les contraintes légales sur le recyclage. Il est plus eco-friendly de travailler sur des produits qui durent.

Quels impacts cela a-t-il sur votre activité et sur vos produits ?

Notre objectif principal, à toutes les étapes de la gestation d’un produit, c’est qu’il soit facile à installer et à réparer pour le professionnel, et simple à utiliser pour le particulier. C’est dans notre ADN.
Nos produits sont destinés à être installés dans des locaux techniques, un environnement agressif où ils doivent supporter la chaleur, le froid, l’humidité et des redémarrages après l’hivernage qui impactent l’électronique. Celle-ci doit donc être plus résistante, mieux protégée et plus maintenable.

Pour que la durée de vie de l’appareil soit plus longue et assure une continuité de service, nous privilégions, par exemple, l’échange standard des cartes électroniques, ce qui limite les erreurs de câblage en cas de remplacement. Nous prévoyons également, dans les années qui viennent, de multiplier les tutoriels vidéo à destination des utilisateurs et des réparateurs, qui lisent de moins en moins, afin qu’ils puissent remettre en service les appareils plus rapidement. En ce qui concerne le recyclage, nous travaillons à réduire la taille des notices. C’est important, surtout quand elles doivent être éditées en 7 langues pour couvrir le marché européen. Nous générons ainsi des économies et cela réduit le gaspillage de papier. Pour nos emballages, nous veillons à éviter les matières non recyclables et nous nous efforçons de convaincre nos clients distributeurs qu’un emballage sobre peut remplacer avantageusement un emballage très coloré. En interne, nous avons réduit nos consommations de papier avec la dématérialisation. Cela nécessite un investissement en informatique de la part de nos clients, mais ils sont mieux équipés, ce qui facilite l’usage de l’email.

Quelles sont les approches qui devraient évoluer selon vous ?

La chimie de l’eau est un domaine très difficile, qui peut paraître mystérieux et compliqué. Les connaissances se développent encore sur le sujet. Les capteurs et les datas collectées vont permettre d’améliorer d’année en année les modèles d’analyses pour apporter un vrai confort aux utilisateurs de piscine.
À terme, tout pourra aussi être corrigé automatiquement, comme la vitesse de la pompe en fonction des paramètres de fonctionnement de la piscine (position du volet, jour ou nuit…), avec à la clé, moins de pH et de produits agressifs utilisés, de gaspillage d’eau, d’énergie consommée, etc.

Comment réduire l’empreinte écologique des piscines d’après vous ?

Pour rendre la piscine moins émettrice, moins consommatrice, plus responsable et durable, il faut avant tout éviter les fonctionnements en « dents de scie » dans tous les domaines. Ce que j’appelle la « smooth pool ». Cela nécessite de la surveiller de près et d’anticiper les désordres. Mais la nouvelle génération de clients a encore moins envie que l’ancienne de descendre dans le local technique. Il n’y a donc que des machines intelligentes, avec leurs algorithmes, qui parviendront à maintenir cet équilibre si complexe pour un utilisateur. Cela prendra du temps mais ça avance. Dans les 5 à 10 ans qui viennent, les normes, comme la NF C15-100, risquent d’obliger systématiquement les particuliers à installer Internet dans leur local technique, ce qui permettra d’avoir des piscines plus intelligentes et respectueuses de l’environnement.
Cela passe aussi par la formation des professionnels. La covid a généré un basculement vers le webinar et la formation à distance. Ces nouveaux formats devraient nous permettre de proposer davantage de formations et de former davantage de professionnels quand ils ont du temps.

eu.ccei-pool.com

Interview avec Emmanuel Baret / Texte : Sébastien Carensac

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