Interview avec Jean-Christophe Fillot.
Texte : Sébastien Carensac
Pourquoi vous être engagé dans une démarche de réduction de votre empreinte écologique ?
Les principes de développement durable, avec des produits économiquement viables et plus respectueux de l’environnement nous rendent aussi responsables vis-à-vis de l’avenir de la planète et de nos enfants. Nous travaillons sur les produits, les outils de travail et notre façon de travailler avec des plans à court et long termes. Nos équipes jouent le jeu. Ce sont des dossiers bien intégrés avec des contraintes bien acceptées.
Quelles pratiques avez-vous déjà changées ?
Il y a deux ans, nous avons commencé à changer notre façon de travailler avec la digitalisation de l’entreprise et la réduction de nos impressions. Nous essayons de prendre conscience et de faire prendre conscience à tous nos collaborateurs que tout a un impact sur la chaine logistique. Nous travaillons donc sur les consommables et la gestion des déchets. Dans les cahiers des charges de nos supports marketing, de nos emballages, nous demandons du bois FSC, le type d’encre utilisé, etc. Cela rentre dans les mœurs. Il y a beaucoup moins de résistance en interne que je ne pensais. Tout le monde y trouve son compte et chacun a une conscience écologique et en comprend les enjeux.
Nous avons également réalisé beaucoup de travaux sur les bâtiments pour faire des bureaux des lieux de vie plus agréables. Nous incitons nos collaborateurs à venir à vélo et avons donc installé des douches. Pour nous, le bien-être en entreprise est important.
Quel impact cela a-t-il sur votre activité et sur vos produits ?
Nous améliorons les performances énergétiques de nos produits. Nous vérifions beaucoup plus sur nos bancs de test afin que ce qui est annoncé en termes de performances et de durée de vie corresponde à la réalité. Cela nous amène à améliorer nos produits chaque année. Sur la PAC, nous travaillons sur les matériaux des carrosseries afin de proposer des matériaux issus du recyclage. Nous sommes engagés dans l’écoconception. Quand nous concevons un produit, nous nous efforçons d’utiliser les mêmes composants ou des composants compatibles sur toute une gamme pour faciliter leur dépannage et leur interchangeabilité. Pas d’obsolescence programmée chez nous. Nous recevons encore aujourd’hui des demandes sur des produits fabriqués en 2005. Nous trouvons des solutions pour les réparer et augmenter leur durée de vie ou, s’il n’y a pas d’autre solution, nous orientons le client vers une Inverter sur laquelle il pourra faire des économies. Sur l’Inverter, il y a moins de composants électriques ou électromécaniques, donc moins de composants à risque comme les contacteurs, mais plus d’électronique et de programmation. Comme nous sommes soumis à la D3E, nous essayons de recycler et de réutiliser tout ce qui n’est pas réparable. Et comme nous sommes frigoristes, nous avons toutes les certifications nécessaires pour récupérer les gaz et les huiles.
Nous nous posons des questions sur nos emballages : a-t-on besoin des sachets plastiques autour de nos produits ? Obligatoires ou pas, est-ce qu’ils servent ou pas ? Pareil pour les mousses de protection. Nous remplaçons les mousses en polyuréthane ou polystyrène par du carton et modifions les tailles des étiquettes et des imprimés.
Le plus gros impact concerne les gaz réfrigérants. Nous avons été l’un des premiers fabricants à basculer sur le R32 pour nos PAC Inverter et on-off, soit sur quasiment tous nos modèles. Nous travaillons maintenant sur le R290, un gaz neutre qui ne sera pas soumis aux normes, mais qui ne nécessite pas d’avoir une vérification annuelle. Une orientation que nous avons choisie, car pour nous le CO2 n’est probablement pas un gaz intéressant pour les PAC piscine à cause des grandes masses d’eau à chauffer. Cette évolution a un effet sur la conception globale du produit, car ce sont des gaz plus difficiles à utiliser.
Quelles autres pratiques souhaitez-vous faire évoluer ?
Seuls nos déshumidificateurs et nos grosses PAC sont fabriqués en Italie. Notre bureau à Bangkok s’occupe du sourcing des composants pour que nous soyons capables de fabriquer nos PAC n’importe où dans le monde. Cela nous rend autonome vis-à-vis de nos assembleurs. Nos contrôleurs qualité ont aussi la charge de vérifier nos produits sur la chaine de fabrication, ainsi qu’à leur sortie, afin de garantir que les procédés mis en œuvre, les composants utilisés, correspondent bien à notre cahier des charges. Grâce à ces contrôles, nous sommes sûrs de pouvoir bénéficier du marquage CE. Avec ce suivi de nos partenaires nous sommes également informés des conditions de travail des ouvriers employés afin de nous assurer qu’il n’y ait pas d’abus.
Quelles approches devraient changer selon vous ?
Le travail sur les PAC Inverter nous permet de développer l’intelligence des produits et de faire évoluer le matériel selon le besoin des utilisateurs. En contrôlant en mode on-off tous les équipements, en connectant de façon plus intelligente les PAC et le traitement d’eau, et en exploitant les données fournies, nous donnons du sens à une utilisation plus raisonnée de la piscine. Nous pouvons ainsi mieux conseiller les clients, leur montrer l’impact économique et environnemental de leur piscine et leur expliquer les économies d’énergie, de produits réalisés. Et justifier l’investissement sur des Inverter très performantes. Le consommateur est prêt à entendre ces choses-là même si le produit est plus cher. Mais cela va prendre encore du temps. Avec Polyconnect pro (version light) et sa version pro (2021), l’objectif est l’optimisation de la maintenance d’une piscine afin d’éviter au consommateur de commettre toutes les erreurs de base. Pour lui, c’est une tranquillité d’esprit, et pour le produit, un meilleur fonctionnement, moins de consommations d’énergie et une meilleure durabilité. Cela compte particulièrement sur les PAC Inverter qui permettent de faire des économies à terme et qui doivent donc fonctionner de façon optimum. Nous pourrons aussi faire de la maintenance préventive sur nos pompes à chaleur. Mais pour optimiser tout ça, la clé est l’interaction entre tous les acteurs, l’intercompatibilité entre pompe de filtration et chauffage. Quand on installe un système on-off avec des appareils à vitesse variable, il faut tout faire évoluer.
Comment réduire l’empreinte écologique des piscines d’après-vous ?
Il nous faut aller plus loin dans la normalisation pour minimiser l’impact écologique des piscines. Si nous voulons parler d’empreinte environnementale et d’économie, il faut que les performances des produits soient certifiées par des organismes extérieurs. Et donner un COP moyen saisonnier pour que l’efficacité, tant en termes d’économie que d’impact sur l’environnement, soit optimale à tous les points de fonctionnement de chaque appareil. Cela créera de la confiance et nous engagera auprès du consommateur sur les économies réalisées.