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Éco-construction : focus sur les matériaux durables / Le regard de David Browarek

Les enjeux écologiques actuels orientent de plus en plus de clients vers un bassin écoresponsable. Qui dit « piscine écologique » dit notamment utilisation de matériaux durables. Parmi eux, nous pouvons citer le béton bas carbone, le liner sans phtalate, l’aluminium, le polypropylène… La liste est longue. Pour mieux comprendre leurs avantages, nous avons interrogé un large spectre de professionnels : fabricants de piscines, piscinier, formateur et cimentier. Zoom.

Entretiens avec…  

➜ Un formateur : David Browarek

➜ Des constructeurs de piscines et de spas : Isabelle Mesny (Carré Bleu) / David Moreau (l’esprit piscine) / Laurent Rivals (Piscine Aluminium chez Aquamaster) / Jean-François Aufrère (Jacuzzi)

➜ Un piscinier : Olivier Marand (Design Piscines & Spas et Sud Terrassement

➜ Un cimentier : Virginie Reneuve (Ciments Hoffman)

David Browarek Referent de l'Ecoles des Metiers de la Piscine à Rignac (1)

Le regard de David Browarek

Référent du secteur Piscine au CFA « École des Métiers de la Piscine » de Rignac (Aveyron)

« L’éco-construction ne s’arrête pas à l’innovation des équipements, mais aussi à l’engagement de tous les acteurs des métiers de la Piscine »

Selon le dictionnaire Larousse, l’éco-construction désigne un « procédé architectural visant à réduire, voire à supprimer, tout impact négatif d’une construction sur l’environnement ».

Chaque étape de la construction d’une piscine inclut des matériaux durables et écologiques. Avant même qu’ils soient fabriqués, les industriels et les acteurs sont dans l’optique du recyclage, par souci de coût de fabrication et conscience écologique.

Avec une classe d’étudiants, nous avons eu la chance de pouvoir visiter l’usine du fabricant de piscines Ibiza, située à Pia (Pyrénées-Orientales.) Le PDG du Groupe, Mathieu Combes, nous expliquait : « Un investissement considérable est effectué afin que la démarche éco-responsable soit intégrée à chaque étape de la production. Nos produits sont 100 % Français ; cela permet de réduire l’empreinte carbone liée aux transports et de soutenir l’économie locale. Dans la chaine de fabrication, l’utilisation des résines intégrant un pourcentage de PET (polytéréphtalate d’éthylène) recyclé permet de réduire l’usage de matière première, tout en garantissant une qualité optimale ».

Mickael Morin, PDG de Mondial Piscine, et Stéphane Manguin, Directeur du pôle plasturgie, sont quant à eux exactement dans la même démarche : « L’innovation est au cœur de la stratégie de Mondial Piscine. L’entreprise investit constamment dans la recherche et le développement pour proposer des produits à la fois esthétiques et respectueux de l’environnement. En termes de matériaux durables, l’une des innovations phares de Mondial Piscine réside dans ses panneaux en composite 100% recyclé, conçus pour être légers, robustes et faciles à manipuler. Grâce à cette technologie, les piscines peuvent être montées en un temps record. Nous venons d’investir dans une presse à injecter de 3600 T, afin de pouvoir réaliser des pièces plus volumineuses. 
Nos presses équipées de broyeurs recyclent directement les chutes. À la clé, une valorisation des pertes de matières.
»

Mickael Morin me précisait : « Nous sommes d’ailleurs labellisé « MORE », label créé par la Fédération de la Plasturgie et des Composites, décerné aux industriels qui introduisent des matières plastiques recyclées dans leur production ».

Le Cercle Vertueux des Matériaux : la revalorisation des matériaux utiles  à la construction de nos piscines et de leurs environnements

Prenons un exemple concret : les lames de volets. Lors de leur fabrication, elles engendrent des déchets, qui sont ensuite réinjectés dans le process de fabrication. 
Sur ce point-là, nous pouvons aller plus loin. En effet, au-delà de la norme de sécurité (NF P90-308), le volet permet également d’éviter l’évaporation de l’eau. De plus, il peut maintenir si besoin la température de l’eau. Notons aussi la photosynthèse limitée en cas de traitement au chlore. 
À la fin de sa vie, le tablier, lors de l’évacuation au rebus, est recyclé, et la matière réutilisée. Souvent considéré comme un simple organe de sécurité, nous voyons ici une véritable prise en compte de l’usage, qui rentre complètement dans le cercle vertueux des matériaux. 
L’étanchéité et le PVC ne sont quant à eux pas en reste, avec la reprise par certains industriels des déchets de chantiers, qui sont réutilisés dans le cycle de fabrication.
Il faut savoir qu’une traçabilité en adéquation avec la chaine de recyclage permet une réutilisation d’environ 80 % de certains matériaux. 

Sur les structures elles-mêmes, les matériaux ont fortement évolué

Le béton écologique est fabriqué à partir de matériaux de récupération, tels que des cendres volantes (résidus de combustibles solides), des scories (minéraux métalliques) ou encore des agrégats recyclés (vieux béton, granulats de bois, chanvre, etc.). 
Ces matériaux permettent de réduire la consommation de ressources naturelles et d’énergie, nécessaires au processus de production. 

Ainsi le « béton vert » est une option durable, qui répond au besoin de matériaux de construction respectueux de l’environnement.

Le béton écologique présente aujourd’hui de nombreux avantages. Le premier est bien évidemment son empreinte carbone : il est en effet beaucoup moins polluant de produire du béton écologique que du béton dit « classique ». 
Par ailleurs, le béton écologique possède des qualités égales, voire supérieures. Certains bétons peuvent se relever hydrophobes, résistants à la chaleur et même au feu. 
Cependant, le béton recyclé dispose d’un inconvénient de taille : son prix. En effet, il s’agit d’un matériau plus onéreux que le béton classique, ce qui freine actuellement sa démocratisation dans le domaine.

Effectivement, si nous parlons actuellement d’éco-construction, nous ne pouvons pas ignorer que l’économie énergétique ne rime pas toujours avec économie financière, et demande parfois des investissements plus lourds.

Mon collègue Julien Wolf, référent du secteur Aménagement paysager au Lycée de Rignac, a remarqué une évolution permanente vers plus d’écologie et d’actions pour tenter de réduire l’empreinte carbone, en travaillant avec plus de matériaux naturels et locaux. « Aujourd’hui, les pierres naturelles venant d’Amérique ou d’Asie sont décriées. Les pierres, tout comme le bois ipé (trouvant son origine en Amérique du Sud et Centrale) laissent davantage la place au Douglas ou à l’acacia, ainsi qu’aux bois issus de la filière FSC (Gestion durable des forêts). 
Pour ce qui est des massifs et de la végétalisation, la toile tissée de paysage est de moins en moins utilisée. On privilégie aujourd’hui des paillages naturels biodégradables, voire la transformation des rémanents lors des tailles ou de tontes sur le massif du chantier en question. 
Autour des piscines, nous utilisons des plantes moins gourmandes en eau et, s’il y a besoin d’arrosage, on l’apporte au plus près des plantes pour avoir le moins de perte possible. 
Pour l’entretien des végétaux, les tailles systématiques ne sont plus au goût du jour ; la mise en place des végétaux est mieux étudiée suivant les développements adultes en fonction des divers emplacements dans les projets. Ceci afin de limiter l’entretien, en laissant les végétaux se développer naturellement, sans avoir à intervenir.
»

Dans le BTP, l’évolution n’est pas en reste, voire plutôt en avance. Le BIM (Building Information Modeling) est une méthode de travail améliorant la collaboration entre intervenants en s’appuyant sur une maquette numérique renseignée, représentant l’ouvrage en trois dimensions. 

Bien que ce système ne soit pas encore totalement intégré, le BIM permet entre autres de répertorier l’ADN de chaque matériau jusqu’à la déconstruction du bâtiment et du recyclage des éléments le constituant. 

Le monde de la formation et de l’apprentissage est aussi orienté vers une véritable prise de conscience, avec le renouvellement des référentiels qui incluent aussi l’éco-construction et l’écocitoyenneté, car même avec des matériaux de dernière génération, l’évolution passe aussi par la formation des actuels et futurs professionnels. 

Toute ces innovations n’ont d’importance que si nous les appliquons sur les chantiers. Placer une pompe avec un haut rendement sur un réseau non dimensionné engendrera l’effet contraire (à diamètre de tuyau égal, plus la vitesse augmente, plus les pertes de charge augmentent).

L’éco-construction ne s’arrête pas à l’innovation des équipements, mais aussi à l’engagement de tous les acteurs des métiers de la Piscine.

Propos recueillis par la rédaction

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