Les mesures de restrictions et interdictions et l’inquiétude qu’elles génèrent pénalisent beaucoup de professionnels dans leurs activités de construction, de rénovation et d’entretien. La plupart réagissent en adaptant leur offre et en accentuant une prise de conscience déjà engagée. L’heure est aux économies d’eau.
Les effets du réchauffement climatique impactent la France avec un manque d’eau croissant d’année en année. Même si, en mai et juin 2023, les niveaux de pluviométrie sont importants sur une bonne partie de la France, les nappes phréatiques restent dramatiquement basses dans les deux tiers des départements. 66 % d’entre elles souffrent d’un niveau faible, 19% d’un niveau très bas. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 37 départements français sont soumis à des restrictions d’eau. Les plus touchés se situent en bord de Méditerranée, dans la vallée du Rhône et en Centre-Val de Loire.
« Les seuils entraînant des mesures de restriction sont définis au niveau local par les préfets », explique le site Propluvia, du Ministère de la transition écologique. « Les arrêtés sécheresse ne peuvent être prescrits que pour une durée limitée pour un périmètre déterminé. Ils doivent assurer l’exercice des usages prioritaires, plus particulièrement la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques ». Ces arrêtés sont affichés en mairie de chaque commune concernée et font l’objet d’une publication dans la presse locale.
L’État a défini quatre niveaux : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise. Vigilance et alerte concernent peu les pisciniers. Alerte renforcée et crise impactent en revanche un secteur en pleine période de forte activité, par les « limitation de plus en plus fortes des prélèvements […], de remplissage des piscines, jusqu’à l’interdiction totale de ce type d’utilisation » précise Propluvia. En cas de non-respect des restrictions, les contrevenants s’exposent à une amende de 1 500 euros.
Parallèlement, les préfets peuvent imposer aux communes de refuser toutes les demandes de permis de construire et de déclarations de travaux. C’est le cas par exemple à Vallon Pont-d’Arc, en Ardèche. Une dizaine de villages dans le Var et les Pyrénées Orientales ont également interdit la construction de piscines privées pour des périodes allant de quelques mois à cinq ans. D’autres fixent un plafond en termes de m². Dans les zones en tension, il faut s’attendre à des PLU (plan local d’urbanisme) de plus en plus restrictifs. Toujours dans les Pyrénées-Orientales, le préfet a décidé d’interdire la vente et la location de piscines hors-sol.
Face à un battage médiatique pénalisant en termes d’image, les pisciniers se sentent ostracisés. Ils doivent répondre aux interrogations de clients qui se pose beaucoup de questions, craignant d’investir dans une piscine qu’ils ne pourront peut-être pas remplir.
Dans ce contexte, l’activité Piscine a interrogé huit pisciniers. Ils ne se résignent pas. Car des solutions existent pour rendre un bassin plus autonome en eau. Ils communiquent, expliquent à leurs clients qu’il reste possible de profiter d’une belle piscine tout en respectant l’environnement, ils modifient leurs offres pour prendre en compte l’évolution de leur métier imposée par le réchauffement climatique.
ALLINGRI SARL “Je ne suis pas contre une réglementation plus sévère”
AQUILUS PISCINES ET SPAS UZÈS “Une nécessaire transition”
ARDÈCHE SERVICE PISCINE “Nous devons rendre les piscines autonomes”
CRÉA PISCINES “Les restrictions doivent rester limitées dans le temps et géographiquement”
DP PISCINES “Ceux qui ne s’adaptent pas vont disparaître”
MANOA PISCINE “Nous devons nous montrer avant-gardistes, jouer la carte du professionnalisme”
SCANZI PISCINES “Plus de contraintes, c’est plus de rénovations”